Dans le contexte actuel de la crise sociopolitique que le Mali traverse en ce moment-ci, il est incontestable que l’apanage de la mobilisation des foules revient au ‘’Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) qui bénéficie de l’immense aura dont jouit l’Imam Mahmoud DICKO auprès des populations. Mais cette capacité de mobilisation n’est pas sans conséquence en certains moments et pour étayer cette assertion, rappelons le dérapage qui a suivi le rassemblement du vendredi 10 juillet 2020 et jours suivants. A vrai dire, ce dérapage était prévisible dans la mesure où l’on sait que dans un contexte de cristallisation des positions, avec pour corollaire inéluctable un déficit de confiance entre les différents protagonistes, chaque camp s’évertue à rassembler le maximum de soutiens au sein de l’opinion nationale en vue d’une démonstration de force. Ce serait un lieu commun que dire, si les rapports de force ne devraient tenir qu’aux seules capacités de mobilisation des foules, nul ne ferait le poids devant le M5-RFP. C’est ainsi que, se faisant fort de sa capacité de mobilisation, le M5-RFP a jusque-là réussi à envoyer dans les rues, une foule innombrable de citoyens. Le pouvoir d’Etat aussi, dans son rôle de garant de la sécurité des personnes et de leurs biens, déploie toujours les forces de sécurité pour non seulement assurer le service de maintien d’ordre mais aussi et surtout pour servir d’épouvantail dissuasif. En pareille circonstance chaque camp se met sur ses gardes et pourrait facilement céder à la nervosité. Toute chose qui prédispose les différents acteurs à avoir les nerfs à fleur de peau et dans ce cas un affrontement pourrait vite arriver avec des conséquences dramatiques.
C’est malheureusement le scénario auquel nous avons assisté le 10 juillet dernier et jours suivants. Ainsi, durant trois jours successifs, la ville de Bamako a vécu au rythme d’affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants du M5-RFP avec à la clé, des pertes en vies humaines et aussi des vagues d’arrestations dans le rang des dirigeants de ce mouvement contestataire. Mais aussitôt libérés, après environ 48 heures de garde-à-vue, les leaders du M5-RFP ont appelé à un autre rassemblement populaire pour le vendredi 17 juillet 2020 pour, disent-ils, un recueillement dans la prière en hommage aux victimes de la répression sanglante du rassemblement du 10 juillet. Maints citoyens ont fait preuve d’appréhension face à l’annonce de ce nouveau rassemblement. Au demeurant cette appréhension est tout à fait légitime dans la mesure où nul ne pouvait prédire les tournures que pouvait prendre le rassemblement. Les responsables du M5-RFP ont voulu rester droits dans leurs bottes en prônant toujours la ‘’désobéissance civile’’ comme arme qui, nécessairement, pousserait le Président IBK à la démission.
Heureusement, pourrait-on dire, le M5-RFP a finalement décidé de surseoir à ce rassemblement qui avait été annoncé pour aujourd’hui, vendredi 17 juillet 2020, et d’opter plutôt pour la formulation de bénédictions à l’endroit des victimes et cela dans tous les lieux de culte, tant musulmans que chrétiens, sur toute l’étendue du territoire nationale. Pour l’annulation de ce rassemblement qui avait été programmé pour ce jour vendredi du 17 juillet 2020 et l’option pour des séances de bénédiction en faveur des victimes, nous devons une fière chandelle à l’Imam Mahmoud DICKO et au Cardinal Jean ZERBO. Ils se sont vraiment investis pour convaincre les dirigeants du M5-RFP à renoncer à leur projet de rassembler les citoyens en cette période cruciale où les tensions sont électriques. D’ailleurs il n’est guère étonnant que ces deux dignitaires religieux aient réussi, sans coup férir, à dissuader le M5-RFP à renoncer à leur projet de rassemblement. Nul n’est dupe que si aujourd’hui ce mouvement contestataire jouit d’une certaine aura auprès des populations, c’est bien parce qu’il est placé sous la tutelle de l’Imam DICKO. A cet effet il serait tout à fait logique que les desideratas de ce dernier puissent s’imposer comme des ordres, aux dirigeants du M5-RFP.
El Hadj Mamadou GABA
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