On se souvient que les lundi 4 et mardi 5 novembre 2019, la ministre française des Armées, Florence Parly, avait effectué un périple dans les pays du Sahel et à l’occasion de cette tournée, elle n’avait pas manqué d’insister sur la nécessité de poursuivre les efforts dans le cadre de la force conjointe du G5-Sahel. « C’est un combat que nous savons long, difficile et nous avons besoin de pouvoir nous appuyer sur des partenaires fiables comme l’est le partenaire tchadien. Notre engagement au Sahel est et reste une priorité pour la France. Nous devons concentrer nos efforts sur l’accompagnement des forces sahéliennes, épauler nos frères d’armes jusqu’à la résilience de leurs armées », avait affirmé la ministre française des Armées lors de son passage à Ndjamena au Tchad.
A l’issue d’une audience que le Président IBK lui avait accordée au cours de ce périple, la ministre française des Armées avait indiqué que « Barkhane, les forces armées malienne et burkinabè sont engagées dans une opération qui a commencé récemment. Et c’est un très grand effort ainsi consenti que d’avoir mobilisé des soldats en nombre pour participer à cette opération ». Aussi elle avait expliqué que sur l’initiative de Paris, dès 2020, des forces spéciales européennes seront déployées au Mali, en soutien à l’armée nationale dans son combat contre le terrorisme. Cette nouvelle force européenne qui sera baptisée «Takouba», qui signifie « Sabre » en langue tamasheq, aura pour champ d’action spécifique, la zone du Liptako qui est celle communément appelée ‘’zone des trois frontières’’, en ce sens qu’elle est commune au Burkina, au Mali et au Niger. Il est de notoriété publique que présentement c’est à cette zone du Liptako que revient l’apanage de la violence dans la mesure où elle tend à devenir un no man’s land pour des groupes djihadistes de tous acabits. On sait que dans la bande sahélo-saharienne, chaque coalition de groupes djihadistes a son pré carré et dans la zone du Liptako, c’est le ‘’Groupe Etat Islamique-Province Afrique de l’Ouest’’ (GEI-PAO) que d’aucuns appellent ‘’Etat Islamique dans le Grand Sahara’’ (EIGS) qui tente d’y étendre son hégémonie. Ce serait une lapalissade que dire, aujourd’hui, la principale préoccupation des populations riveraines du Sahel se rapporte essentiellement à l’intensification de la lutte contre les terroristes dans la zone dite des trois frontières. De ce fait, on concéderait volontiers que l’annonce d’une nouvelle force européenne pour lutter contre le terrorisme dans cette partie du Sahel soit accueillie très favorablement par les pays de la zone.
Eh bien, comme annoncée en début novembre 2019 par la ministre Française des Armées, la force européenne ‘’Takouba’’ est désormais opérationnelle depuis le vendredi 27 mars 2020. Ce sont onze pays européens qui étaient attendus pour le lancement officiel de la force “Takouba” qui est censé être un groupement de forces spéciales européennes destiné à accompagner les soldats maliens au combat face aux groupes djihadistes.
Mais pour le moment, seules les armées de six pays d’entre eux se sont engagées à y participer. Qu’à cela ne tienne, comme pour rassurer, néanmoins de leur volonté à prendre part à cette force commune européenne, les pays concernés se sont fendus d’un communiqué conjoint dans lequel on peut lire : « Considérant que la situation sécuritaire au Mali, et plus largement au Sahel, est toujours préoccupante, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la France, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni et la Suède soutiennent politiquement la création d’une TASK force pour assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l’opération Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel ».
Signalons que la force Takouba, qui doit compter quelques centaines d’hommes, débutera cet été ses opérations sous commandement français dans la région du Liptako, à cheval entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cependant une précision de taille doit être apportée à propos des pays participants à la force ‘’Takouba’’ qui est une force à option purement militaire.
Ce ne sont pas les armées de tous les onze pays qui seront déployées sur le terrain de la lutte contre le terrorisme. Mais ils apporteront tous leurs soutiens politiques à la mise en orbite de ‘’Takouba’’. C’est justement pour cela, en marge du sommet du G5-Sahel à Pau (en France), à la mi-janvier dernier, que l’annonce avait été faite de la mise en place d’un nouveau cadre politique, stratégique et opérationnel baptisé ‘’Coalition Pour le Sahel’’ et qui rassemblera les pays du G5-Sahel, la France et les autres pays partenaires. Cette alliance militaire et politique œuvrera plus à un recentrage des opérations militaires sur la zone du Liptako-Gourma, communément appelée la ‘’zone des trois frontières’’, avec désormais pour cibles prioritaires, le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue. Ce qu’il faut aussi préciser, c’est qu’à la différence des précédentes coalitions ou alliances envisagées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans l’espace sahélo-saharien, celle annoncée à l’issue du Sommet de Pau, à savoir la ‘’Coalition Pour le Sahel’’ et qui porte l’opération ‘’Takouba’’, aura le mérite d’être une véritable innovation dans la mesure où c’est un commandement conjoint, Barkhane et FC-G5, qui dirigera les opérations de cette coalition. Encore mieux, des forces européennes de l’opération ‘’Takouba’’ seront intégrées à Barkhane qui, en plus de ses 4.500 soldats, devrait être renforcée de 220 soldats supplémentaires.
El Hadj Mamadou GABA
Leave A Comment