Si depuis belle lurette la bande sahélo-saharienne est pratiquement devenue un sanctuaire pour les groupes djihadistes de tout acabit, qui y étendent leur hégémonie, il faut reconnaitre que ces derniers temps-ci les donnes sont en train de changer avec la forte militarisation de cet espace.
On sait que dans la bande sahélo-saharienne, chaque coalition de groupes djihadistes a son pré carré et que dans la zone du Liptako, c’est le ‘’Groupe Etat Islamique-Province Afrique de l’Ouest’’ (GEI-PAO) que d’aucuns appellent ‘’Etat Islamique dans le Grand Sahara’’ (EIGS) qui décide de la vie et de la mort des populations dans la zone. Eu égard à cette situation d’insécurité sans issue apparente, ce serait une lapalissade que dire le vœu le plus ardent des populations du Sahel serait de voir s’intensifier davantage la lutte contre les terroristes dans la zone dite des trois frontières. Ce souhait populaire est d’autant légitime quand on sait que c’est à cette zone du Liptako que revient l’apanage de la violence à telle enseigne qu’elle est pratiquement devenue un no man’s land pour des groupes djihadistes. Ainsi comme pour faire droit aux aspirations profondes des populations vivant dans cette zone, la communauté internationale sous l’égide de la France s’est résolument engagée auprès des armées nationales des pays du Sahel, pour mener une lutte impitoyable contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne, notamment dans la zone dite des ‘’Trois Frontières’’. Ainsi pour conduire cette lutte qui, il ne faut surtout pas se leurrer, sera de longue haleine, c’est une coalition de forces qui a été mise en orbite et cela s’avère très prometteur pour la réussite de cette œuvre de sécurisation du Sahel.
Le moins que l’on puisse dire, au regard des succès engrangés sur le terrain par la coalition des forces, est que réellement les donnes ont changé. Et avec les nouvelles donnes, la peur a changé de camp, en ce sens que les groupes djihadistes sont sans cesse traqués jusque dans leur dernier retranchement
Dans un communiqué, il est fait état que « du 3 au 23 mars dernier, la force Barkhane, conjointement avec les Forces Armées Maliennes (FAMA) et Nigériennes (FAN), a conduit l’opération «MONCLAR» dans la zone des trois frontières. Cet engagement, inédit par le volume des forces engagées, a permis d’obtenir des résultats très significatifs concrétisés par la neutralisation d’un grand nombre de terroristes, et la destruction ou la saisie de nombreuses ressources militaires. Cette opération, dans laquelle Barkhane a engagé des moyens terrestres et aériens, s’intégrait dans une action plus vaste menée avec la force conjointe du G5-Sahel (FC-G5S) et les Forces Armées Nigériennes (FAN), permettant d’atteindre un niveau de coordination remarquable entre ces différents acteurs de la sécurisation au Sahel. Cette concentration des efforts sans précédent, impliquant près de 5.000 soldats, fait suite aux nombreuses opérations conduites depuis plusieurs mois au niveau des trois frontières et traduit directement la volonté de la force Barkhane, de la FC-G5S et des armées partenaires d’exercer une pression forte contre les groupes armés terroristes, notamment l’EIGS. Ces opérations ont ainsi concrétisé les efforts de synchronisation des plans souhaités depuis le sommet de Pau, en France, permettant l’atteinte d’un niveau de coordination inédit entre les forces qui opèrent dans la zone. Cet engagement conjoint sans précédent illustre la montée en puissance des forces partenaires ces derniers mois… ».
En tout cas, on ne peut que se réjouir du bilan des récentes opérations militaires menées contre les groupes djihadistes dans la mesure où en près de trois semaines d’opération, la force Barkhane et les forces maliennes et nigériennes qui opéraient conjointement dans l’opération «MONCLAR » ont neutralisé un grand nombre de terroristes
Également, de très nombreuses ressources ont été saisies ou détruites, parmi lesquelles près de 80 motos, un pickup armé d’une mitrailleuse lourde, une très grande quantité d’armements, de munitions, de matériel nécessaire à la confection d’engins explosifs, et de matériel de guerre en tout genre. De leur côté, la FC-G5S et les forces armées des pays du Sahel qui opéraient en totale autonomie, et de manière coordonnée avec Barkhane, ont également porté des coups aux terroristes. Ces nombreux succès tactiques ont considérablement entamé les capacités logistiques et combattantes des groupes armés terroristes au niveau des trois frontières, au grand bonheur des populations locales. Outre les succès engrangés par la coalition ‘’Barkhane-FCG5-Armées Nationales’’, la capacité de coordination et de synchronisation des opérations sont aussi à saluer et à encourager.
Comme pour renforcer les positions de la coalition ‘’Barkhane-FCG5-Armées Nationales’’, la force européenne ‘’Takouba’’ est entrée en jeu en devenant opérationnelle depuis le vendredi 27 mars 2020
Ce sont onze pays européens qui étaient attendus pour le lancement officiel de la force “Takouba” qui est censée être un groupement de forces spéciales européennes destinées à accompagner les soldats maliens au combat face aux groupes djihadistes. Mais pour le moment, seules les armées de six pays d’entre eux se sont engagées à y participer. Quoi qu’il en soit les résultats sur le terrain sont très encourageants.
El Hadj Mamadou GABA
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