Malgré l’intervention de forces onusiennes, africaines et françaises, le Centre du Mali est le théâtre d’exactions de tous genres : attaques contre le peu qu’il reste de l’Etat, massacres, représailles et actes crapuleux. Les événements du mercredi 1er et du jeudi 02 juillet dans le secteur de Bankass illustrent une fois de plus le cycle de violences djihadistes et communautaires au Mali.
Suite à ces atrocités, la commission nationale des droits de l’homme au Mali (CNDH) a exprimé le lundi 06 juillet 2020 sa très vive préoccupation face à la recrudescence des violences objet d’allégations de violations et abus des droits de l’homme dans le centre du pays dont les plus récentes ont été perpétrées du 03 juin au 1er juillet 2020 dans les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza, et Koro.
A travers son président, Aguibou BOUARE, le CNDH a rendu hommage aux victimes civiles et militaires ;
- Condamne avec fermeté les violations et abus des droits de l’homme ;
- Recommande l’ouverture d’enquêtes crédibles, indépendantes, impartiales et diligentes en vue d’identifier les auteurs et complices des violations et abus dénoncés et appelle à rendre publics les résultats desdites investigations ;
- Réitère son appel pressant au gouvernement à assumer ses responsabilités dans la protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national ;
- Invite les FAMA, les forces partenaires et les encouragent à lutter contre le terrorisme dans le strict respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire ;
- Demande à l’Etat de lutter efficacement contre l’impunité sous toutes ses formes.
Le centre du Mali, notamment la région de Mopti, est l’un des principaux foyers des violences. Parties du Nord en 2012, ils se sont propagés depuis 2015 vers le sud du pays. Les violences ont pris un caractère communautaire accrû, surtout entre Dogon et Peuls, souvent assimilés aux djihadistes du groupe d’Amadou Koufa DIALLO. L’attaque de villages dogon du centre du Mali, livrés pendant des heures à la rage meurtrière d’hommes armés, puis une embuscade contre les soldats maliens ont fait au moins quarante morts civils et militaires. Le 23 mars 2019, l’attaque du village d’Ogossagou par des hommes armés avait fait 160 morts civils peuls. L’attaque, attribuée à des chasseurs dogons, avait été le point culminant des violences intercommunautaires en mars-avril dans le centre du Mali.
Une exaction similaire a été perpétrée le vendredi 05 juin 2020. Plus de 40 véhicules pick-up lourdement armés s’étaient rendus dans le village peul de Binédama (Commune de Madougou, cercle de Koro). Après avoir encerclé et investi le village, 29 personnes dont deux femmes et une fille de 9 ans ont été massacrés. Les auteurs de ce crime ont ensuite volontairement incendié toutes les habitations réduisant en cendre quasiment tout le village. Deux jours plutôt, le village de Niangassadiou dans la Commune de Mondoro avait subi un sort de ce genre. Ce qui est inquiétant dans tous ces massacres, les auteurs ne sont jamais identifiés mais les atrocités intensifient de jour en jour.
YOUSSOUF KONATE
Leave A Comment