Depuis 83 jours, aujourd’hui, Soumaïla CISSE, le chef de file de l’opposition politique au Mali, a été enlevé par des hommes armés le 25 mars 2020, dans la région de Tombouctou. Un flou persistant demeure toujours tant sur l’identité des vrais ravisseurs que sur le lieu de sa détention. Mais ce qui semble être de notoriété publique, selon des déclarations faites par d’autres ex-otages qui ont connu les mêmes infortunes que le ‘’célèbre otage’’ et qui ont été libérés par la suite, est que Soumaïla se trouverait en captivité auprès du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) d’Iyad Ag GHALY.
Cette thèse est d’autant plausible quand on sait que les ravisseurs, au début, ont revendiqué leur appartenance à la katiba Macina du GSIM placée sous l’autorité directe de Hamadoun KOUFA qui, lui-aussi, est un affidé d’Iyad Ag GHALY. Quoi qu’il en soit, vu le temps qui passe sans qu’il y ait de nouvelles probantes au sujet de cette captivité, il est tout à fait logique que l’inquiétude, au demeurant légitime, s’empare de l’opinion nationale malienne. On se souvient que dans le feu de l’action, des dispositions avaient été annoncées pour résoudre ce problème qui avait pris une envergure nationale. En effet, sur initiative du Président de la République, le gouvernement avait été instruit de mettre sur pied une cellule de crise pour œuvrer à la libération de Soumaïla CISSE et de ses compagnons.
A l’effet de la mise en orbite de cette cellule de crise, placée sous l’égide de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi MAIGA, le gouvernement a donné l’assurance de tout mettre en œuvre pour parvenir à la libération du président de l’URD.
Mais indépendamment de cette cellule de crise, le FSD aussi avait entrepris des démarches pour la même raison, à savoir obtenir la libération de Soumaïla et de ses compagnons. Pour s’assurer une meilleure conduite de ses démarches, le FSD avait sollicité de l’Imam Mahmoud DICKO, son implication dans les éventuels pourparlers auprès des ravisseurs du chef de file de l’opposition et de ses camarades. On voit donc clairement que le gouvernement et le FSD visent le même objectif. Mais plus de deux mois après la création de ces deux cellules de crise, le peuple reste toujours dans l’expectative : il n’est édifié en rien concernant les démarches entreprises par ces deux entités. N’en pouvant plus avec le mutisme qui semble s’installer autour de la captivité de Soumaïla, un collectif s’est constitué pour mener des actions en faveur du même objectif. Les membres de ce regroupement, dénommé ‘’Collectif pour la Libération de Soumaïla CISSE’’ et dont les rênes sont tenues par Moctar Ousmane SY, se sont réunis le samedi 13 juin 2020 à Bamako afin de faire part, à l’opinion nationale et internationale, de leur inquiétude en ce moment eu égard au mutisme qui semble s’installer autour de la situation de Soumaïla CISSE. « Nous sommes inquiets pour la situation de Soumaïla CISSE et c’est pour cela aujourd’hui que nous montons au créneau, pour exprimer à l’opinion nationale et internationale notre profonde inquiétude. Des informations nous sont parvenues disant qu’il est en vie. Mais des zones d’ombre demeurent. Notamment le fait que son enlèvement ait eu lieu malgré toutes les assurances sécuritaires données par les autorités lors des campagnes. Ensuite nous constatons qu’il n’y a pas eu de revendication jusqu’à présent. Qu’est-ce qui se passe ? Nous avons besoin de savoir, besoin de comprendre. Il est vrai que le gouvernement malien dit s’investir pour sa libération, mais cela ne suffit pas et il faut qu’il fasse plus » a soutenu le président du collectif, Moctar Ousmane SY. En dissertant sur les tenants et les aboutissants de cette prise d’otage et aussi vu toutes les péripéties qui se font évidentes dans la lutte contre le terrorisme, en ce moment-ci, dans l’espace du Sahel, on serait vraiment en droit de s’interroger si le Chef djihadiste Iyad Ag GHALY ne voudrait pas se servir de Soumaïla CISSE comme bouclier humain.
Il n’est un secret pour personne que ces derniers temps-ci, les différentes forces engagées dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel ne laissent aucun répit aux groupes djihadistes.
Nombreux sont les Chefs djihadistes qui ont été ‘’neutralisés’’ par les forces antiterroristes en présence sur le terrain. Toute chose qui contraint les groupes djihadistes à limiter leurs déplacements et aussi à se faire moins visibles pour se mettre à l’abri des interventions militaires.
Iyad Ag GHALY n’est pas un enfant de chœur ; loin s’en faut. D’un côté, il est parfaitement conscient de la perfection des services de renseignement des troupes françaises et américaines qui sont à ses trousses dans le Sahel. Il sait que lesdites unités militaires peuvent le repérer à tout moment et le neutraliser. D’autre part, il sait qu’avec Soumaïla CISSE en captivité auprès de lui, ses traqueurs, notamment Barkhane et AFRICOM, ne se hasarderont pas à bombarder son camp, au risque de tuer le célèbre otage. Autrement dit, Iyad n’hésiterait pas à utiliser Soumaïla CISSE comme bouclier humain pour échapper au courroux des forces antiterroristes. Bien sûr que dans à une telle éventualité, le chef djihadiste ne s’accommoderait pas de si tôt à se séparer de son ‘’précieux bouclier’’, sauf cas de force majeure.
El Hadj Mamadou GABA
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