Après deux missions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui n’ont abouti presque pas à grand-chose, finalement, cinq Chefs d’Etat de l’espace Communautaire sont attendus aujourd’hui à Bamako pour tenter de concilier les deux positions et d’aller vers une sortie définitive de cette crise. La mission de très haut niveau reste la toute dernière chance pour les Maliens de se retrouver et que cette crise soit désormais un mauvais souvenir. Pour cela, différents scénarios sont possibles !
Les pays frères de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tiennent à notre pays. Malgré l’échec des deux missions de l’organisation sous-régionale qui ont précédemment séjourné à Bamako, les cinq pairs du président de la République, Ibrahim Boubacar KEÏTA, à savoir : le Sénégalais Macky SALL, l’Ivoirien Alassane Dramane OUATTARA, le Nigérien Mahamadou ISSOUFI, le Président en exercice de la CEDEAO, le Ghanéen Nana Akufo ADDO, le Nigérian Muhammadu BUHARI ont décidé d’effectuer un déplacement au Mali aujourd’hui afin que les acteurs protagonistes de la crise sociopolitique malienne puissent trouver un terrain d’entente. Ces cinq Chefs d’Etat ouest africains seront accompagnés pour l’occasion par le Médiateur du Président en exercice de la CEDEAO, Goodluck JONATHAN, le président en exercice du Conseil des ministres de la CEDEAO, Kalla ANKOURAO, ministre des Affaires Etrangères du Niger, Jean Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO et le Général Francis BEHANZIN, Commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO.
Durant cette mission de bons offices, différents scénarii sont possibles. Le premier scénario, c’est que déjà, en voyant la présence du Médiateur du Président en exercice de la CEDEAO, Goodluck JONATHAN au sein de la délégation présidentielle, beaucoup s’attendent à ce que les Chefs d’Etat bousculent les leaders du M5-RFP. Qu’ils les conduisent à accepter certaines propositions de Goodluck JONATHAN et de son équipe. Parmi ces propositions, l’on dénombre le renoncement à la démission du Président de la République. Donc le M5-RFP devrait accepter le maintien du président IBK à son poste. Une autre proposition, c’était la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale. Mais à ce niveau, le Premier ministre actuel, Boubou CISSE risquerait de payer les frais en cédant son poste aux membres du M5-RFP. Cette option n’est pas à écarter. Les Chefs d’Etat pourraient bousculer leur pair malien, IBK, à faire cette concession afin que les lignes bougent.
Concernant l’Assemblée Nationale, les hôtes d’IBK pourraient le pousser à prendre des actes forts. Si aucun texte ne permet actuellement à la dissoudre avant une année, il est clair que les poids du Président peuvent porter fruit en demandant à son fils Moussa TIMBINE et à l’ensemble des députés contestés de rendre leur démission. Ce qui pourrait rendre les choses encore plus faciles. Notez que dont la plupart des députés concernés se trouvent dans la Majorité Présidentielle, voire dans le RPM. Le cas de la Cour Constitutionnelle, réglé en partie, pourrait être résolu définitivement avec la volonté politique de l’ensemble des acteurs, y compris le corps de la Magistrature. Aujourd’hui, il est clair que la Constitution du 25 février 1992 a montré ses limites à plusieurs niveaux. C’est pourquoi, certains problèmes seraient difficiles à résoudre si on n’y va pas avec la jurisprudence. Puisque le séjour ne durera qu’une seule journée, les cinq Chefs d’Etat pourraient se montrer intraitables surtout pour ce qui est respect de la Première Institution, légalement mise en place. Ce tableau indique que tous les autres points seraient négociables avec les leaders du M5-RFP. Et du coup, ils seront amenés à faire raisonner leur confrère IBK quant aux doléances qui au moins quasi unanimement jugées légitimes aujourd’hui.
Le second scénario, c’est quand le président IBK accepte faire plus de concessions à la demande de ses pairs. Alors, les Chefs d’Etat brandiraient des menaces contre des leaders du M5-RFP si ceux-ci refusent toujours. Beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale croient qu’un troisième échec de la CEDEAO n’est pas envisageable. Après ce séjour des cinq Présidents, les lignes vont obligatoirement bouger. Et, il est clair que chaque camp fera de concessions. Donc, au regard de tous ces scénarii possibles, il est difficile de penser à un échec. Depuis l’annonce de ces Chefs d’Etat, certains imaginent déjà un mini sommet de la CEDEAO sur le Mali. Lors de ce séjour, beaucoup s’attendent à un franc-parler. Que l’on crache la vérité aux différentes parties. Qu’on dise clairement les concessions possibles tout en respectant les textes en vigueur en la matière. En attendant les conclusions de cette troisième mission, tous les regards sont braqués sur Bamako ; chacun est pressé d’atteindre l’autre bout de la rue.
Quel est le programme prévu à Bamako ?
Une fois installés à leur hôtel, Macky SALL, Alassane OUATTARA, Nana Akufo ADDO et ISSOUFOU Mamadou seront d’abord briefés par le médiateur de la CEDEAO, l’ancien président nigérian, Goodluck JONATHAN. Après ils seront reçus par leur hôte, le président Ibrahim Boubacar Keïta. Après le déjeuner, il est prévu une rencontre des chefs d’Etat avec l’imam Mahmoud DICKO et le comité stratégique du M5-RFP. Les travaux qui auront lieu à l’hôtel Sheraton, seront sanctionnés par un communiqué final. Les visiteurs du jour s’envoleront dans la soirée.
Boubacar DIARRA
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