Les autorités maliennes se trouvent aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. D’une part, elles doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour freiner la propagation du coronavirus dans notre pays et d’autre part, chercher des voies et moyens pour assouplir les souffrances des populations dans ce contexte extrêmement difficile. La conjugaison des deux positions difficilement conciliables, demande un effort considérable de la part de l’État. Faut-il relâcher au moment même où la pandémie connaît un pic atteignant la barre de 600 cas confirmés de COVID-19 ?
Depuis quelques jours, à différents endroits du district de Bamako et environs, des manifestations sont enregistrées pour diverses raisons entre autres : les résultats contestés des législatives, le couvre-feu, la paupérisation, la canicule, le délestage récurrent, les bavures policières, la peur de la contamination au Covid-19, l’indifférence des autorités au sort de la population, les ingrédients ne manquent pas à une explosion sociale.
En Commune IV, à Lafiabougou, devant le Lycée Prosper Kamara, des jeunes ont barricadé la route pour protester contre le couvre-feu. Dans la même commune, à Djikoroni-Para, des mouvements ont été enregistrés sur le Boulevard Mohamed V notamment au niveau du marché du quartier où des manifestants ont brûlé des pneus et coupé la voie. À Djikoroni-Para, des sources nous indiquent que les manifestants auraient des objectifs différents. Les uns protestaient contre les résultats définitifs proclamés par la Cour Constitutionnelle en défaveur de Zé, très apprécié dans cette partie de la Commune IV ; d’autres étaient sortis pour manifester contre le couvre-feu dont les conséquences sont énormes en cette période de Ramadan.
En plus, en cette veille de fête, les jeunes tailleurs sont privés de leurs activités génératrices de revenus. Selon certains témoins, beaucoup de ces jeunes travaillent la nuit pour gagner leur vie.
Aujourd’hui, ils sont nombreux des tailleurs qui cousent les habits des enfants et des femmes dans la perspective de passer une très belle fête de Ramadan. A ceux-ci s’ajoutent le délestage intempestif dans différents endroits de la capitale. Ce qui accentue fortement la colère des manifestants. Il est difficile de rester confiné alors que l’électricité n’y est pas. Ce serait le cas à N’Tomikorobougou en Commune III où des échauffourées auraient opposé les jeunes et les éléments des forces de l’ordre en patrouille pour le couvre-feu.
Contrairement à ces quartiers, à Sabalibougou en Commune V, à Djélibougou Doumanzana en Commune I, et en Commune VI, les manifestants protestaient contre la décision de la Cour Constitutionnelle. Depuis la proclamation des résultats définitifs, la tension monte dans certaines communes, notamment en Communes I, V et VI. Ces derniers jours, les autres communes emboîtent le pas, cette fois-ci contre le couvre-feu dont les conséquences sont énormes pour le panier de la ménagère. Le plus déplorable dans cette situation, c’est le sourd-muet du côté des autorités en charge de la résolution des griefs exprimés par les manifestants. Faut-il laisser les choses se dégénérer avant de réagir ? Quand même l’adage dit : “Mieux vaut prévenir que guérir!”
Boubacar DIARRA
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