/, POLITIQUE/COALITION POUR LE MALI (CPM): UNE NOUVELLE PLATEFORME POLITIQUE AUX OBJECTIFS INAVOUÉS

COALITION POUR LE MALI (CPM): UNE NOUVELLE PLATEFORME POLITIQUE AUX OBJECTIFS INAVOUÉS

Au regard des péripéties de la crise sociopolitique que traverse le Mali depuis bientôt sept semaines, on pourrait affirmer que le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, est loin d’être au bout de ses peines. En effet, indépendamment du mouvement de contestation mené par le M5-RFP, le Chef de l’Etat pourrait, très probablement, être amené à essuyer une autre fronde émanant, cette fois-ci, de son propre camp, à savoir la Majorité Présidentielle.  Nous savons que l’actuelle crise sociopolitique, qui ébranle tant le sérail du pouvoir d’Etat, a essentiellement eu pour foyer les contestations consécutives à la proclamation des résultats des dernières législatives par la Cour constitutionnelle. Là où le bât blesse le plus est que ladite crise a eu aussi un impact très négatif sur la cohésion au sein de la mouvance présidentielle.

C’est essentiellement suite à la proclamation des résultats définitifs des dernières législatives et surtout à l’interférence du Chef de l’Etat pour ‘’désigner’’ Moussa TIMBINE comme Président de l’Assemblée nationale, qu’un climat des plus délétères s’est installé au sein de la plateforme ‘’ Ensemble Pour le Mali’’ (EMP) avec pour conséquence une nette scission au sein de cette coalition politique. D’un côté on retrouve le groupe majoritaire, ‘’EPM’’, avec Bocari TRETA en tête et de l’autre côté, le groupe minoritaire mais très proche du Président de la République et dont les rênes sont tenues par Moussa TIMBINE. Les partisans du groupe ‘’TRETA’’ sont plutôt favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale tandis que du côté ‘’clan TIMBINE’’, on n’accepte ni la dissolution ni la tenue de législatives partielles. Cette prise de position du clan TIMBINE peut être jugée de bonne guerre dans la mesure où il ne se fait pas doute qu’aucune de ces deux alternatives, à savoir la dissolution ou la tenue de législatives partielles, ne lui est favorable et cela le plonge dans une très grande impasse, pour deux raisons essentielles.D’abord si on venait à dissoudre l’Assemblée nationale, Moussa TIMBINE perdrait sa place de Président. Et il est très improbable qu’il puisse la retrouver même en cas de nouvelles élections générales. Les manœuvres illégales qui ont prévalu à son accession au perchoir sont connues de tous et il n’est vraiment pas évident qu’il puisse avoir une seconde chance pour y accéder, même au cas où il parvenait à se faire réélire.

Ensuite la commune V de Bamako, où Moussa TIMBINE a été déclaré élu par la Cour constitutionnelle, fait partie des circonscriptions où les résultats sont contestés. Si on optait pour la reprise des élections dans les circonscriptions en butte à des contestations, il est plus que probable que Moussa TIMBINE perdrait car, il est déjà voué aux gémonies par la majorité écrasante des électeurs de la commune V de Bamako. On voit bien que dans tous les cas de figure, l’actuel Président de l’Assemblée nationale est mal loti et il en est parfaitement conscient. C’est pourquoi, depuis le début de la crise, il ne ménage aucun effort pour tenter de s’opposer non seulement à la dissolution de l’Assemblée nationale mais aussi à la tenue de législatives partielles. Sa dernière trouvaille, pour parvenir à ses fins, a été de conclure un deal avec Tiémoko SANGARE le Président de l’ADEMA-PASJ, la deuxième force parlementaire après le RPM. Pour les termes de ce deal, l’occupant du perchoir aurait proposé au président de l’ADEMA, Tiémoko SANGARE, de prendre ses distances avec la plateforme ‘’Ensemble Pour le Mali’’ (EPM) dans sa formule actuelle et de proposer un nouveau regroupement politique qui œuvrera essentiellement à défendre les institutions de la République. Nul n’est dupe qu’il s’agira essentiellement de maintenir l’Assemblée nationale dans sa configuration actuelle. Autrement dit, Tiémoko SANGARE sera chargé de porter sur les fonts baptismaux, une nouvelle plateforme politique qui, en réalité, est conçue pour se dresser contre toute velléité de dissolution du parlement ou de la tenue de législatives partielles.

Pour réussir sa mission, Tiémoko SANGARE fait feu de tout bois en se rabattant essentiellement sur les formations politiques de moindre popularité. C’est ainsi, il y a environ une vingtaine de jours, qu’une plateforme politique fut portée sur les fonts baptismaux sous l’appellation de ‘’Coalition Pour le Mali’’ (CPM). Selon Tiémoko SANGARE, le ‘’maître d’œuvre’’ de cette nouvelle plateforme politique, la création de la CMP répond à la nécessité absolue d’élargir la base de la majorité présidentielle aux partis politiques qui se sont inscrits dans l’accord politique de gouvernance demandé par le Premier ministre Boubou CISSE en avril-mai 2019.A en croire son fondateur, la plateforme ‘’Coalition Pour le Mali’’ (CPM) est créée pour formaliser l’adhésion des partis ayant signé l’APG ainsi que les associations et organisations de la société civile qui ont consenti àse battre afin de préserver la République et ses institutions. De son avis, et par ce fait politique, il est plus efficace de créer une jonction entre les partis politiques de la majorité et l’ensemble des associations et organisations de la société civile qui soutiennent les institutions.« La Coalition Pour le Mali est née et ce sera l’outil de combat que nous sommes décidés à mener pour préserver la République, sortir notre pays des difficultés auxquelles il est confronté et permettre à la nation de prendre son envol vers des rivages, où chaque Malien sera heureux de vivre sur la terre de ses ancêtres » a déclaré Tiémoko SANGARE lors de la cérémonie de lancement de sa nouvelle plateforme.

Si tels sont les objectifs assignés à la CPM et révélés publiquement par son fondateur, il faut dire que dans le microcosme politique malien, cette nouvelle plateforme est plutôt perçue comme une entité à objectifs inavoués. Cette prédisposition d’esprit chez nos acteurs politiques se justifie bien dans la mesure où il est plutôt incongru, en prétendant œuvrer pour la défense des institutions de la République, que l’on veuille créer une force différente de celle déjà existante. Ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute est que le deal convenu entre Tiémoko et Moussa TIMBINE dans leur projet de création d’une nouvelle majorité présidentielle éprouvera beaucoup de peine pour prospérer, même si certains hommes politiques de renom, à l’image de Yaya SANGARE, y ont adhéré.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-07-22T11:17:38+02:00juillet 22nd, 2020|ACTUALITE, POLITIQUE|0 Comments

About the Author:

Leave A Comment

Aller à la barre d’outils