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CONDUITE DE LA TRANSITION AU MALI: LA CLASSE POLITIQUE RÉDUITE A SA PLUS SIMPLE EXPRESSION

Depuis l’avènement de la junte au pouvoir suite au coup d’Etat perpétré le 18 août 2020 contre le régime IBK, la classe politique malienne devient de plus en plus aphone et presque inexistante. Et pourtant, durant des semaines consécutives, cette composante de la société malienne s’est fortement illustrée à travers les péripéties d’une crise sociopolitique qui avait tout l’air d’enfoncer le pays dans une situation sans issue ; autrement dit, dans une espèce de labyrinthe. Au fil des épisodes de cette crise, la coalition hétéroclite ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) apparaissait non seulement comme l’acteur principal du feuilleton mais aussi comme élément incontournable dont la présence sur le terrain éclipse celle des autres composantes de la société malienne. Le Mali, notamment Bamako, était pratiquement devenu la chasse gardée du M5-RFP. Comme pour mieux conforter ce mouvement dans ses ‘’illusions’’, les autres composantes de la classe politique malienne ont préféré s’illustrer par une espèce de léthargie humiliante caractérisée par un silence coupable.

C’est cette hideuse configuration qui nous a été donné de voir pendant la récente crise sociopolitique que nous avons vécue. L’apanage des actions politiques revenait au seul M5-RFP et les autres courants qui ne conjuguaient pas avec lui étaient relégués en arrière-plan. A la chute du régime IBK, suite au coup d’Etat d’août dernier, le M5-RFP avait vite fait de crier à la victoire et les premiers pas esquissés par la junte en sa direction l’auguraient bien. Mais apparence n’est pas forcement réalité ! Plus le temps passe, plus les nuages se sont amoncelés sur les relations entre les deux principaux ‘’Tombeurs’’ d’IBK, à savoir la Junte et le M5-RFP. Dès les prémices de la période transitoire, des observateurs avertis du jeu politique malien avaient senti et prévenu des velléités de la junte de s’approprier, exclusivement, les arcanes de la transition.

Au demeurant, cela surprend le moins dans la mesure où il est de notoriété publique qu’entre les militaires et les hommes politiques la confiance n’a jamais régné

Il serait superfétatoire que dire, depuis le déclenchement de la crise sociopolitique qui a abouti au renversement du régime IBK, la classe politique ne se résume qu’au seul M5-RFP, tant ses autres composantes sont quasiment invisibles et inaudibles. Donc de cause à effet, si la junte décide de mettre le M5-RFP à la touche dans l’acheminement de la transition, c’est dire alors, toute la classe politique est réduite à sa plus simple expression. En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que, lentement mais sûrement, le processus de la transition suit son petit bonhomme de chemin sans la classe politique en général et en particulier le M5-RFP. Une des preuves évidentes de cette mise à l’écart de la classe politique réside dans le fait que pour la formation du gouvernement de transition, les nouvelles autorités maliennes ont complètement ignoré la classe politique.

Or c’est cette nouvelle équipe gouvernementale qui aura la charge de mettre en œuvre la feuille de route de la transition

Le premier constat que l’opinion nationale a eu à faire suite à la formation du gouvernement, est surtout le fait que les militaires se soient attribué les postes régaliens de cet organe de la transition. Ce qui a semblé encore incongru, face à la formation de ce gouvernement de transition, c’est surtout le fait qu’il n’y ait eu la moindre protestation de la part de l’élite politique. Et pourtant, il est de notoriété publique que sans l’accompagnement de la composante politique, le gouvernement de transition ne pourrait être voué qu’à l’échec. On ne devrait donc pas être surpris si la mise à l’écart de la classe politique venait à avoir des impacts négatifs sur les résultats attendus du gouvernement de transition. Les nouvelles autorités maliennes sont, elles-mêmes, persuadées que sans le versant politique de la société, la gouvernance se trouverait hypothéquée.

N’est-ce pas par crainte de cette mise sous hypothèque de la gouvernance que le Premier ministre de la transition, Moctar OUANE, s’évertue à vouloir garder les liens entre l’organe Exécutif dont il tient les rênes et la classe politique ?

En tout cas il semble s’inscrire dans cette logique et c’est pour cette raison justement qu’il s’est entretenu, le week-end dernier, avec les forces vives de la nation constituées en majorité de responsables politiques, toutes tendances confondues. L’objectif fondamental de cette rencontre était d’inciter la classe politique à l’accompagnement du gouvernement durant la transition. La classe politique qui a été réduite à sa plus simple expression répondra-t-elle favorablement à cet appel du Premier ministre de la Transition ? Attendons pour voir.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-10-14T15:02:03+02:00octobre 14th, 2020|A LA UNE, ACTUALITE, ANALYSE, POLITIQUE|0 Comments

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