Le régime du président Ibrahim Boubacar Kéita rencontre actuellement des zones de turbulences. Depuis le vendredi 10 juillet, le régime IBK se voit isolé tous les jours, mêmes chez certains de ses alliés qui s’indignent aujourd’hui et protestent… Du PARENA de Tiébilé Dramé à la CODEM de HousseiniAmion Guindo, en passant par l’ASMA-CFP de l’ancien Premier ministre SoumeylouBoubèye Maiga, ou encore de l’ARP de Tiéman Hubert Coulibaly, tous semblent se démarquer du régime du Président IBK !
Le PARENA exige la libération des leaders arrêtés…
Enfin, Tiébilé Dramé, à travers son parti, le PARENA, est sorti de son silence, non pas pour se constituer en avocat du régime IBK ou pour lui jeter des fleurs, mais pour énergiquement déplorer et condamner les récents événements survenus dans notre pays suite à la crise politique née des revendications du M5-RFP et dont la principale est la démission de son employeur, disons de son ex-employeur IBK ! En effet, dans une déclaration rendue publique dimanche, le parti du Bélier blanc a exprimé sa vive inquiétude sur la dégradation de la situation politique dans notre pays, avec son corolaire de violences qui ont entrainé des pertes en vies humaines, et appelle le régime à ses responsabilités ! Le parti condamne l’usage excessif de la force et les tirs à balles réelles contre des manifestants, présente ses condoléances émues aux familles endeuillées,et souhaite prompt rétablissement aux blessés.
Le PARENA déplore en outre « le détournement des missions de la Force Spéciale anti-terroriste (FORSAT) », tout en regrettant les débordements de la manifestation du 10 juillet ayant conduit à l’occupation de la cour des studios de la radio et de la télévision publiques, ainsi que le saccage des bureaux de l’Assemblée Nationale qu’il condamne. Attaché au respect de l’ordre constitutionnel, le PARENA déclare avoir très tôt perçu les risques déstabilisateurs des résultats de la Cour Constitutionnelle et prôné le rétablissement des résultats proclamés par le Ministère de l’Administration Territoriale. Partisan de la résolution de la crise née des dernières législatives par le dialogue dans le respect des libertés démocratiques fondamentales, et inquiet de la tournure prise par les événements, « le PARENA recommande :
1-La libération des leaders de la contestation interpellés les 10 et 11 juillet ;
2-L’ouverture immédiate d’un dialogue avec le M5-RFP pour négocier une sortie de crise en vue du retour à la stabilité et de la conduite, dans le consensus, des réformes politiques et institutionnelles;
3-Le retrait immédiat de la FORSAT du dispositif de maintien de l’ordre ; 4-L’ouverture d’une enquête indépendante pour situer la responsabilité des morts et des violences des 10 et 11 juillet ;
5-Suite à la dissolution de la Cour Constitutionnelle, la nomination de neuf nouveaux juges par le Président de la République en s’appuyant sur les pouvoirs que lui confère la constitution ;
6-Le respect du cadre démocratique, républicain et constitutionnel ».
Enfin, le parti lance un vibrant appel aux forces politiques et sociales, à la société civile du Mali à inscrire toutes leurs actions dans le cadre de la constitution et à tout faire pour éviter que le pays ne sombre à nouveau dans le chaos (comme en 2012) que les ennemis ne manqueraient pas d’exploiter !
Comme on le voit, sans porter de gans et en dehors de tout calcul politicien dont font montre nombre de thuriféraires du clan IBK, le PARENA de Tiébilé Dramé dit ses quatre vérités au régime, comme il a l’accoutumée de le faire.
Le PARENA ne souhaite donc pas voir le Président tourner en rond quant au sort de la nouvelle Cour Constitutionnelle. IBK doit prendre ses responsabilités et user des pouvoirs que lui confère la constitution pour désigner les 9 juges de la nouvelle cour. En d’autres termes, le PARENA ne souhaite pas voir un Moussa Timbiné, qui manque de toute légitimité, désigner un quelconque juge pour siéger dans la nouvelle Cour Constitutionnelle ! Autres vérités crues du PARENA : le détournement des missions de la FORSAT à des fins politiques sur fond d’usage excessif de la force, le retrait immédiat de cette force du dispositif de maintien de l’ordre et la contradiction apportée au Président IBK, qui se voit ainsi sommé de dialoguer avec les acteurs du M5-RFP, qu’il a pourtant qualifié de « casseurs» et de « démolisseurs » de la chose publique…!
La CODEM exige le limogeage du Premier ministre Boubou Cissé, la dissolution de l’Assemblée Nationale et la formation d’un gouvernement de consensus…
« La Convergence pour le Développement du Mali «CODEM» est profondément préoccupée, par la situation socio politique que notre pays traverse en ce moment », note-t-on dans une déclaration publiée dimanche par ce parti qui a toujours été un partenaire du régime. La CODEM de Housseini AmionGuindo regrette le fait que ces évènements aient occasionnés plusieurs morts, des blessées et des dégâts matériels importants, et présente, en cette douloureuse circonstance, ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes tout en souhaitant prompt rétablissement aux blessés. Le parti condamne les atteintes aux biens publics et privés ainsi que l’usage disproportionné de la force ». Le parti dénonce : « Considérant l’adresse à la nation du Président de la République en date des 09 et 11 juillet 2020 dans laquelle il s’est engagé d’user de tous ses pouvoirs pour apaiser le climat sociopolitique, nous rappelons que parmi l’un de ses pouvoirs figure la dissolution de l’Assemblée Nationale et non une partie de l’Assemblée Nationale par quelques manèges que ce soit. CODEM demande la libération des personnes arrêtées et la démission du premier ministre Dr Boubou Cissé pour donner tout son sens et sa chance au consensus. CODEM rappelle qu’elle ne participera pas à un gouvernement non consensuel en l’état ».
Soumeylou appelle IBK à aller beaucoup plus loin en crevant l’abcès né des élections législatives…
En réaction au discours du 11 juillet du Président IBK, l’ancien Premier ministre, qui fut également Secrétaire Général de la Présidence de la République, écrit : « Suite aux événements de ces derniers jours, j’aimerai présenter mes sincères condoléances, exprimer ma solidarité avec les familles des victimes et souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés. Dommage qu’il ait fallu plus d’un mois, des morts, des blessés, des destructions de biens publics et privés pour prendre une décision qui s’imposait d’elle-même, mais qu’on prétendait juridiquement impossible. Il faudrait aller beaucoup plus loin en crevant l’abcès né des élections législatives qui est au cœur de la crise ». No comment !
Maimouna Doumbia
Leave A Comment