RIEN QUE DES BALIVERNES
Pour restituer la manifestation du 19 juin 2020 sur la Place de l’Indépendance à Bamako, les responsables du ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) ont animé une conférence de presse. C’était le mardi 23 juin 2020 au siège de la CMAS à Magnambougou Faso Kanou. Ce point de presse était animé par certains responsables du M5-RFP au nombre desquels : Choguel Kokala MAIGA (FSD), Cheick Oumar SISSOKO (EMK), Issa Kaou N’DJIM (CMAS) et Mme SY Kadiatou SOW.
De prime abord, ce qui a surtout retenu l’attention de l’assistance, c’est la modération de langage dont ont fait preuve les différents intervenants, contrairement à leur habitude qui consistait plutôt à user d’une langue de bois, empreinte de violence, pour fustiger la gouvernance tout en faisant de sérieuses remontrances au Président de la République. Ce changement d’attitude de la part des responsables du M5-RFP n’étonne guère quand on sait que le parrain de ce mouvement de contestation, en l’occurrence l’imam Mahmoud DICKO, a toujours prôné la modération et la non-violence, tant dans les propos que dans les actes. Prenant la parole à tour de rôle, tous les conférenciers ont réitéré la détermination de leur mouvement à tenir le cap sur l’exigence de la démission du Président de la République. C’est dans ce cadre que, prenant la parole, Choguel Kokala MAIGA dira :
« Nous avons des exigences majeures. La première c’est la démission du président et la libération de l’honorable Soumaïla CISSE. Le changement demandé n’est pas cosmétique, mais de profondeur. Il faut un nouveau contrat social et de confiance ».
A bien disserter sur les tenants et les aboutissants de l’action politique au Mali, on serait porté à dire, de tels propos émanant d’un ‘’Choguel Kokala MAIGA’’ ne sont ni plus ni moins que des balivernes dans la mesure où, et cela est de notoriété publique, il est pleinement et entièrement comptable de la mauvaise gouvernance dont pâti le Mali aujourd’hui. Et cela en sa qualité d’acteur politique ayant bénéficié des délices du pouvoir d’Etat depuis des décennies et ayant défendu bec et ongle ce même régime IBK, alors qu’il occupait de hautes fonctions au sein de l’appareil d’Etat. Si aujourd’hui il s’évertue à dénigrer le régime en place, c’est tout simplement parce qu’il n’est plus aux affaires. Cette tare de la gouvernance qu’il se fait fort de dénoncer aujourd’hui, existe pourtant depuis longtemps et il ne peut se dérober d’avoir contribué à l’aggraver, pour avoir été un acteur très en vue dans la gestion des affaires publiques. C’est là l’incongruité absolue dans notre pays. Tant qu’on est dans le sérail du pouvoir d’Etat et que l’on se sert à volonté du ‘’Gâteau National’’, alors on trouve que tout est parfait.
Mais dès que la direction du vent change et qu’on est mis à la touche, alors là, on accuse le régime de tous les maux d’Israël.
C’est tout simplement ridicule. On devrait se demander pourquoi c’est seulement aujourd’hui que Choguel prône un ‘’changement non cosmétique mais plutôt de profondeur’’, alors que les dérives du régime IBK ont commencé il y a belle lurette quand bien même lui, Choguel, était au cœur du système. Oui ! Il est vrai qu’il ‘’faut pour le Mali un nouveau contrat social et de confiance’’ comme le préconise Monsieur le Président du MPR. Mais il faudrait aussi se demander si le peuple malien s’accommoderait d’un quelconque nouveau contrat social basé sur la confiance avec la classe politique vieillissante à laquelle appartient Choguel et sa génération. Ce questionnement vaut bien son pesant d’or dans la mesure où,et cela n’est un secret pour personne, la classe politique malienne n’inspire plus confiance au peuple qui n’en finit pas d’ailleurs de la vouer aux gémonies. Cela, nos leaders politiques en sont parfaitement conscients et ils le constatent bien dans leur perte de popularité auprès de l’opinion publique nationale. Toute chose qui les amène à se rabattre sur la classe religieuse pour espérer se refaire de la popularité. C’est justement cette prétention qui a conduit Choguel à rallier le mouvement du charismatique leader religieux espérant que cela lui permettrait de sortir de l’anonymat dans lequel était confiné depuis son éviction de l’appareil d’Etat. Nul n’est dupe du fait qu’en adhérant à la mouvance Mahmoud DICKO, le président du MPR est plus mû par une quête de popularité d’où il pourrait tirer quelques dividendes, plutôt que par une réelle volonté de mener une lutte contre la mauvaise gouvernance. Au Mali, on sait qui est qui.
El Hadj Mamadou GABA
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