//COUR CONSTITUTIONNELLE DU MALI: MANASSA FAIT DE LA RESISTANCE

COUR CONSTITUTIONNELLE DU MALI: MANASSA FAIT DE LA RESISTANCE

C’EST A SES RISQUES ET PERILS

Si la crise que le Mali traverse en ces temps-ci a été qualifiée de crise sociopolitique, il faut dire qu’à l’origine c’est plutôt la Cour Constitutionnelle qui en a été le détonateur du fait des résultats contestés qu’elle a proclamés à l’issue des élections législatives de 2020. C’est donc de bonne guerre si cette institution judiciaire subit des pressions de la part des contestataires qui exigent sa démission pure et simple.

C’est ainsi qu’indépendamment des exigences du mouvement populaire M5-RFP, le Conseil National de la Société Civile malienne (CNSC) a, elle aussi, donné au cours d’un point de presse tenu le 22 juin 2020, sa proposition de sortie de crise en énumérant essentiellement cinq points au nombre desquels figure en bonne place, la démission de la Cour Constitutionnelle. Signalons que depuis la proclamation des résultats définitifs des législatives de 2020, des mouvements de contestations desdits résultats se sont signalés en plusieurs endroits du pays, notamment à Bamako, Kati, Ségou, Koro, Mopti, Sikasso et Bougouni. Le leitmotiv commun à tous ces mouvements de contestation était la réclamation de la démission de la Cour Constitutionnelle que l’on accuse de tripatouillage des résultats issus des urnes. Aussi, certaines composantes du M5-RFP ont-elles fait de cette réclamation leur cheval de bataille. De quoi accentuer la pression sur les membres de cette institution judiciaire.

Le moins que l’on puisse dire est que cette pression à différents niveaux a certainement fait tâche d’huile dans la mesure où, pratiquement, tous les membres de cette institution judiciaire ont démissionné de leur propre chef.

En effet, il nous est revenu que sur les neuf Conseillers, un est décédé. Les sept autres auraient démissionné, laissant seule dans la barque Mme le président, Manassa DANIOKO. Cette démission collective des conseillers pourrait faciliter la manœuvre au Président IBK dans la mesure où elle ouvrirait grandement la voie à une prise de décision allant dans le sens de la satisfaction d’une des exigences du peuple : la dissolution de la Cour Constitutionnelle, avec en filigrane, spécifiquement la mise à l’écart  de Manassa DANIOKO que l’opinion nationale voue aux gémonies. Malgré toutes les pressions, Manassa fait de la résistance. En s’accrochant désespérément à la barque, Manassa espère-t-elle encore réussir à forger une légitimité à une institution où elle est la seule et unique membre ? Nous savons qu’elle excelle dans la légalisation et la légitimation des tripatouillages, mais réussir à sauver du naufrage la Cour dans sa posture actuelle, serait tout simplement la quadrature du cercle.

Mais ce qui pourrait être vraiment dommageable dans cette situation, est que plus Manassa persiste, plus le peuple se sent défié et pourrait en conséquence décider de s’assumer face à ce défi.

C’est dire qu’en faisant de la résistance, Madame le président de la Cour le fait plutôt à ses risques et périls dans la mesure où, de par son comportement qui dénote un mépris à l’endroit du peuple, elle risque d’en provoquer le courroux. Et la suite pourrait lui être vraiment fâcheuse. Nous touchons du bois pour qu’on n’en arrive pas jusque-là. Il serait donc plus sage pour elle qu’elle entende raison et qu’elle rende le tablier à l’image de ses collègues qui, par leur démission, sont sortis par la grande porte. Et puis, après tout, à quoi peut-elle servir dans cette institution, étant la seule qui reste. Des explications données par un éminent constitutionnaliste malien, dans un tel cas de figure, «Le président de la Cour Constitutionnelle doit saisir sans délais les autorités respectives de désignation des conseillers démissionnaires afin qu’elles procèdent à leurs remplacements dans les 30 jours de la démission». Si c’est en vertu de cette disposition que Manassa reste encore dans la baraque, il faudrait qu’on en informe le peuple qui prendra acte. Autrement il serait en droit de considérer la non-démission de Manassa comme une résistance qui s’apparente plutôt à un défi.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-24T16:41:50+02:00juin 24th, 2020|POLITIQUE|0 Comments

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