Dans le cadre du respect des mesures de prévention et de riposte contre la propagation de Coronavirus au Mali, les autorités maliennes sont toujours dans la dynamique de garder les écoles fermées, puisque, après 03 semaines décrétées, elles ont encore prorogé jusqu’au 09 mai prochain.
Toutefois, elles ont décidé de diffuser des cours à travers les médias notamment sur les antennes de l’ORTM, radio national et les réseaux internet. Dans la perspective de démarrer complètement lesdits cours la semaine prochaine, c’était hier que le lancement officiel a été effectué.
C’était hier mardi 14 avril 2020 que le premier cours à distance s’est déroulé sur les antennes de l’ORTM1. L’initiative a débuté par la classe de 9ème année, une classe d’examen. Et le premier cours a porté sur “La Lettre Administrative” permettant aux élèves d’apprendre comment rédiger une lettre administrative avec comme exemple : “demande d’attestation du DEF ».
Nous pouvons dire que le télé-enseignement est depuis hier une réalité au Mali. Et le Directeur du Centre national des examens et concours de l’éducation avait réaffirmé que les cours proprement dits démarreront à partir de la semaine à venir.
Pourtant, nos autorités en charge de cette question ont d’énormes obstacles à franchir, parmi elles, les réalités du pays en se fiant sur les médias comme la télé, la radio et l’internet. Cette initiative est encore acceptable pour l’enseignement supérieur. Mais pour les ordres d’enseignement comme le fondamental et le secondaire, l’échec est d’ores et déjà garanti. Car, si l’espoir est jusque-là permis dans les grandes villes, la télé constitue encore un luxe et même la radio dans plusieurs localités du Mali. Lesdits médiums sur lesquels les autorités veulent s’appesantir pour garder l’espoir de finir l’année scolaire ne marcheront pas sans l’électricité. Plus, ce produit demeure un outil précieux hors de portée de plusieurs villageois. Aujourd’hui, dans un village, de combien de téléviseurs peut-on disposer ?
Il ne faut pas se leurrer, cette initiative reste une utopie actuellement. Si tous les éléments nécessaires restent disponibles pour sa mise en œuvre, les objectifs seront très difficiles à atteindre si l’on veut sauver l’année scolaire. Il est clair que dans l’application de cette décision, tous les enfants ne seront pas traités également. Puisqu’ils ne disposent pas les mêmes moyens pour apprendre ensemble et être au même niveau.
Rappelons que cette initiative a été annoncée depuis quelques jours lorsque le ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr Mahamadou FAMATAN avait adressé une lettre aux Directeurs d’Académie d’Enseignement (DAE) pour leur demander de continuer les activités pédagogiques en mettant en place un dispositif.
“Face à cette situation, il est apparu indispensable que les élèves et étudiants continuent d’apprendre. C’est pourquoi, le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique envisage d’assurer la continuité pédagogique à travers les médiums tels que la télévision, la radio et l’internet et autres réseaux sociaux. En vue d’assurer la réussite de cette opération, il apparait important et nécessaire que chacun d’entre vous s’investisse pour porter l’information auprès des parents d’élèves, des élèves, des élus et de toute la communauté éducation dans vos circonscriptions respectives. Toutes les administrations scolaires doivent se sentir concernées et accompagner le processus. Il vous sera incessamment demandé de mettre en place des comités pédagogiques qui s’attèleront à la production des ressources pédagogiques destinées à être diffusées sur la radio, la télévision, l’internet et autres réseaux sociaux”, avait informé ladite lettre du ministre.
Le Pr FAMANTA avait ajouté : “Cette démarche s’inscrit dans la volonté du Gouvernement de respecter le droit à l’éducation de tous les enfants pendant cette période difficile que traverse notre nation mais aussi à inscrire, à long terme, l’enseignement à distance dans nos pratiques éducatives ».
Malheureusement, Les élèves de la campagne sont presque automatiquement exclus de ce système. Aussi, dans les villes, que l’EDM maintienne le cap durant cette période de chaleur, les coupures d’électricité ne seront pas monnaie courante. L’État pourra-t-il empêcher ce phénomène de coupure d’électricité ?
Au regard du contexte actuel au Mali, et surtout que les élèves des écoles publiques n’ont même pas fait un bon trimestre, il serait extrêmement difficile que cette initiative marche. Car, les élèves du public et du privé ne sont pas au même niveau dans l’exécution du programme. En plus, dans un pays comme le nôtre, l’internet constitue toujours un luxe.
Sans nul doute, la majorité des élèves ne suivront pas les cours à la télévision tant qu’il y a des chaînes comme Novelas TV ou Nollywood TV pour diffuser des films de leur époque. Quant à la radio, très peu des élèves s’y intéressent. Aujourd’hui, l’internet appartient aux élèves qui résident plutôt dans les grandes villes. Dans les confins du pays, le réseau téléphonique n’existe pas à fortiori la connexion d’Internet.
L’année dernière encore, ce sont les enfants des pauvres qui avaient été les véritables victimes de trouble scolaire. Malgré le retard dans l’exécution du programme, ils ont été obligés de se soumettre aux évaluations de fin d’année, notamment des examens. Ils sont nombreux des maliens à croire que cette alternative de nos autorités ne satisfera pas. Elle compromettrait l’année scolaire 2019-2020. Déjà, avec une prorogation de la fermeture des classes, le spectre d’une année plane fortement au Mali.
Notons que le programme complet des cours sur l’ORTM1 se déroule ainsi : du lundi au jeudi : 11h 30/12h 00 ; 14h 00/14h30 ; 17h30/17h55 ; et sur l’ORTM2 : du lundi au jeudi : 10h15/11h45 ; et le vendredi : 11h/ 12h30.
Boubacar DIARRA
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