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CRISE SOCIOPOLITIQUE AU MALI: LA TENSION A CERTES BAISSE MAIS IBK N’EST TOUJOURS PAS AU BOUT DE SES PEINES

Au regard des péripéties de la crise sociopolitique que traverse le Mali depuis plus de trois semaines, on pourrait affirmer que la tension a baissé d’un cran. En fait, à bien analyser le cheminement des choses, on se rendrait aisément compte que les deux guides religieux, Mahmoud DICKO et le Chérif de Nioro, semblent revenus à de meilleurs sentiments quant à leurs prises de positions contre le régime en place.

S’il est vrai que jusque-là, les radicaux du ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) ne démordent pas de leur exigence de la démission du Président de la République, il faut aussi reconnaitre que Mahmoud DICKO, le parrain dudit mouvement, n’a non seulement jamais cautionné, en tout cas publiquement, cette exigence mais aussi a toujours appelé à des manifestations pacifiques. On se souvient qu’à l’occasion de la manifestation populaire du 19 juin 2020, lorsque DICKO avait appelé au calme et avait demandé aux manifestants de rentrer tranquillement et sagement chez eux, la déception se lisait sur les visages : la majorité d’entre eux s’étaient joints à la foule ce jour-là avec la ferme volonté de faire tomber le régime en place. D’aucuns parmi les radicaux sont allés jusqu’à qualifier de trahison cette attitude pacifiste du parrain du M5-RFP. De son côté, le Chérif de Nioro aussi semble opter pour d’autres alternatives de sortie de crise, en lieu et place de la démission du Président IBK. C’est ainsi que, le 26 juin 2020, lors de son sermon à l’occasion de la prière hebdomadaire de vendredi, cet imam ‘’hamaliste’’ a fait des propositions de sortie de crise, tout en se gardant de piper mot sur la démission du Président de la République.

L’on peut voir, à travers la modération des positions de la part de ces deux guides religieux, figures emblématiques du mouvement de protestation, une baisse de la tension socio-politique qui ébranle le pays.

Toutefois, cela ne voudrait nullement signifier que le Président IBK est au bout de ses peines. Loin s’en faut d’ailleurs. Les péripéties de la crise que traverse le pays en ce moment-ci pourraient bien amener le Chef de l’Etat à essuyer une autre fronde émanant, cette fois-ci, de son propre camp. Nous savons que l’actuelle crise sociopolitique, qui ébranle tant le sérail du pouvoir d’Etat, a essentiellement eu pour foyer les contestations consécutives à la proclamation des résultats des dernières législatives par la Cour Constitutionnelle. Là où le bât blesse le plus est que ladite crise a eu aussi un impact très négatif sur la cohésion au sein de la majorité présidentielle qui est censée défendre les positions du Chef de l’Etat. Il est de notoriété publique que suite à la proclamation des résultats définitifs des dernières législatives et surtout suite à l’interférence du Chef de l’Etat pour ‘’désigner’’ Moussa TIMBINE comme président de l’Assemblée nationale, un climat des plus délétères s’est installé au sein de la plateforme ‘’ Ensemble Pour le Mali’’ (EMP) avec pour conséquence une nette scission entre les deux courants constitutifs de la coalition.

D’un côté on retrouve le groupe majoritaire, ‘’EPM’’, avec Bocari TRETA en tête et de l’autre côté, le groupe minoritaire mais très proche du Président de la République et dont les rênes sont tenues par Moussa TIMBINE.

Les partisans du groupe ‘’TRETA’’ sont plutôt favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale pour la double raisons que, non seulement ils contestent en partie les résultats des dernières législatives mais aussi ils ne s’accommodent pas de ‘’l’imposition’’ de TIMBINE au perchoir par le Président IBK. Il est donc évident que le clan ‘’TRETA’’ souscrit à toute action pouvant conduire à faire descendre TIMBINE du piédestal que lui a offert injustement le Président IBK. Toute chose qui explique d‘ailleurs la fustigation par laquelle se sont illustrés les partisans de TRETA face aux actions que comptait mener le regroupement ‘’Convergence des Forces républicaines’’ (CFR) pour soutenir les institutions de la République. Ils estiment tout simplement que ledit regroupement n’est rien d’autre qu’une structure mise en place par TIMBINE pour défendre sa propre position au sein de l’Assemblée nationale. En vue de trouver une issue favorable à la crise qui mine le pays en ce moment-ci, la mouvance ‘’TRETA’’ opte plutôt pour un dialogue avec le camp des contestataires du régime en place.

Par contre le courant piloté par Moussa TIMBINE, avec la CFR comme puissance motrice, fustige toute idée de négocier quoi que ce soit avec le M5-RFP qui, à son entendement, ne représente en rien le peuple comme il le prétend.

La CFR se targue d’être un bouclier pour le Président IBK.

Le moins que l’on puisse dire est que cette guerre larvée au sein de la majorité présidentielle expose, à coup sûr, le Chef de l’Etat à d’éventuelles frondes émanant cette fois-ci de son propre camp. En effet, si IBK cède à la pression qui s’exerce sur lui par le trio constitué de la CEDEAO, de la mouvance ‘’TRETA’’ au sein de l’EPM et de la branche modérée du M5-RFP, en acceptant de dissoudre l’Assemblée nationale, il jetterait alors en pâture son protégé Moussa TIMBINE et les siens. Ceux-ci pourraient en conséquence se dresser contre lui en ouvrant une fronde. Par contre s’il opte pour le maintien de l’Assemblée nationale, il pourrait essuyer une fronde plus large menée par ses détracteurs du M5-RFP et auxquels pourra se joindre la mouvance majoritaire de l’EPM. Comme le dit l’adage « entre deux maux, il faut choisir le moindre », il revient donc à IBK de faire son choix.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-07-01T17:53:40+02:00juin 30th, 2020|A LA UNE, ACTUALITE, ANALYSE, POLITIQUE|0 Comments

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