C’est la principale information que l’on puisse retenir des interventions des représentants des trois Ministères en charge de la gestion de cette crise scolaire : le Ministère du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, le Ministère en charge de l’Education et celui en charge du Budget. C’était à la faveur d’un débat sur la radio Kledu lors de l’émission “AN KA BEEN”, animée par notre confrère Kassim Traoré. L’objectif de cette thématique était d’éclairer la lanterne des populations sur le blocage des négociations entre le Collectif des syndicats d’enseignants signataires du 15 octobre 2016 et le Gouvernement, puis, la menace qui plane sur l’année scolaire 2019-2020.
Pour débattre cette question de la crise scolaire, étaient invités sur le plateau de la Radio Klédu Mamadou Konta du Ministère de l’Education Nationale, Mamadou Konaté du Ministère du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, et Sékou Traoré, Chef de Cabinet du Ministère Délégué chargé du Budget avec comme modérateur, Kassim Traoré.
D’entrée de jeu, Mamadou Konaté a rappelé qu’avant le déclenchement de cette grève des enseignants, ils ont eu plusieurs rencontres à travers une commission. “Dès le départ, nous avons dit que le contexte ne nous permet pas de satisfaire cette doléance. C’est vrai que la revendication est légale et légitime, mais, elle n’est pas applicable en une seule fois comme demande le collectif des syndicats d’enseignants. Ainsi, nous avons fait 04 propositions mais toutes ont été rejetées par ledit Collectif. Parmi les propositions, on avait dit de ramener la grille salariale à 1100 à partir du 1er janvier 2020 et 1200 à partir de 2021. Malheureusement les syndicats ont rejeté toutes les propositions faites le Gouvernement”, a-t-il expliqué.
Mamadou Konta a souligné que le Ministère de l’Education a un grand rôle à jouer dans la gestion des enseignants notamment leur formation et leur encadrement. Avant de dire qu’ « il y a différents types d’enseignants, ceux de l’Etat et ceux des collectivités territoriales. Depuis des années, ce sont les collectivités qui recrutent les enseignants avant qu’ils ne soient utilisés par le Ministère de l’Education. Ainsi, le Département de l’Education met tout en œuvre pour instaurer le dialogue en mettant en place des commissions de conciliations. Donc, des réflexions ont été menées avant même le dépôt de préavis de grève, a-t-il indiqué. Et, il est important qu’on se dise aussi la vérité. Les collectivités ne jouent pas leur rôle dans cette crise. Alors que le problème de l’école n’est pas que du Ministère de l’Education », a-t-il déploré.
- Sékou Traoré du Ministère délégué chargé du Budget a laissé entendre que tout pays qui veut se développer doit s’appesantir sur son éducation. Il a affirmé que « les revendications des enseignants ont été satisfaites toute l’année dernière. Et, celle de cette année est une nouvelle revendication, l’application de l’article 39 de leur statut. Il a rappelé que celui-ci a été accordé à l’UNTM et son application se fait de façon progressive. Ce qui a été également demandé aux enseignants. Mais, ceux-ci veulent qu’on applique tout en même temps. Ils refusent des modalités de mise en œuvre comme cela a été fait avec l’UNTM, 1100 en 2019, et 1200 en 2021, donc, sur trois ans. Ce qui va coûter plus de 15 milliards 753 millions de FCFA au Gouvernement. Et la façon demandée par les syndicats d’enseignants s’élèvera à plus de 58 milliards de FCFA. Le Gouvernement n’a pas refusé, mais, le problème se trouve au niveau de la mise en œuvre, a-t-il expliqué. Avant de signaler que la dernière proposition du Gouvernement, c’est de le faire en deux ans au lieu de trois ans.»
Concernant les conséquences de l’application de l’article 39, M. Konaté a dit que « le problème de statut inquiète aujourd’hui. A chaque fois qu’on donne de statut, il y a augmentation de salaire qui s’en suivra. Le Gouvernement est buté maintenant par le problème budgétaire. L’argent disponible ne suffit pas pour satisfaire cette doléance des enseignants en un seul coup », a-t-il dit.
Avant de signaler que le même problème de statut se pose au niveau de l’enseignement supérieur. Mais, celui-ci avait fait un préavis pour une dizaine de points de revendications et plusieurs d’entre eux ont été satisfaits. C’est pourquoi, on a vu un sursis au point concernant l’article 66 de leur statut qui parle de la même chose que l’article 39.
S’agissant du recrutement des volontaires, M. Konta a rappelé que la planification qui a été faite pour le recrutement des enseignants chaque année indique 45 000 enseignants par an. Mais, cela n’a pas pu se faire pour raison budgétaire.
Pour éviter le scénario de l’année dernière, l’idée de recrutement des volontaires est venue. Cela n’a pas pour objectif de remplacer les enseignants grévistes mais, pour sauver l’école malienne. Et d’espérer que les enseignants grévistes et volontaires vont se mettre ensemble pour finir l’année scolaire.
Sékou Traoré, parlant de l’argent alloué au recrutement des volontaires, a précisé que « ce n’est pas le même budget. Le Gouvernement a toujours reconnu que la revendication des enseignants est légale et légitime mais que l’application de l’article 39 n’est pas satisfaisable en une seule fois au regard du contexte de guerre. «
Pour l’application des parents d’élèves et de l’AEEM dans la gestion de cette crise, M. Konta a dit que feu, le ministre Tioulenta, avait mis en place un cadre de concertations où les parents d’élèves sont bien représentés à travers la Fédération Nationale des Associations des Parents d’Elèves. Il a rassuré que la conjugaison des efforts nous permettra de sauver l’école malienne. Et de réitérer que « le Gouvernement ne peut pas supporter le coût avec la méthode réclamée par le collectif des syndicats d’enseignants. Si le Gouvernement satisfait tout de suite les enseignants, il va créer un autre problème notamment au niveau de l’UNTM et autres. Le Gouvernement ne veut pas promettre quelque chose alors qu’il ne peut pas le supporter », a-t-il ajouté.
Par rapport au train de vie de l’Etat, Sékou Traoré a laissé entendre que son Ministère en charge du Budget travaille aujourd’hui pour la rationalisation des dépenses de l’Etat : « Les voyages des ministres sont strictement analysés et bien ficelés et même le nombre de personnes dans leur délégation a été réduit. Maintenant, seules les personnes essentielles sont retenues pour lesdits voyages, a-t-il indiqué ».
Il faut noter que les intervenants, ont tour à tour signalé la main toujours tendue du Gouvernement et rassuré que la porte est toujours ouverte à la négociation. Et d’ajouter que le Gouvernement ne refuse pas mais qu’il n’est pas capable de satisfaire la doléance avec la méthode proposée par les enseignants.
Boubacar DIARRA
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