La libération de l’honorable Soumaïla CISSE en captivité depuis 80 jours maintenant a fait l’objet d’un débat hier dimanche sur RFI, animé par Alain Foka. Les invités du jour étaient M. Ousmane Issoufi MAIGA, ancien Premier ministre, Président de la cellule de crise chargé de négociation pour la libération de Soumaïla CISSE, Me Demba TRAORE, Secrétaire à la Communication de l’URD, M. Makan KONE journaliste, Directeur de Publication du Journal “La Nouvelle Libération” et M. Kabinè KOMARA, ancien Premier ministre de la République de Guinée.
Le débat radiophonique portait sur les points suivants :
- l’identité des ravisseurs,
- l’intérêt du rapt,
- le travail de la Cellule de crise pour sa libération.
Où est Soumaïla CISSE? A-t-on la preuve qu’il vit ? Qui sont ses ravisseurs? Que font le Gouvernement, la MINUSMA et les forces politiques pour libérer celui qui a été trois fois candidat malheureux aux élections présidentielles maliennes? Quelles sont les revendications de ses ravisseurs? A qui profite son absence de la scène politique du pays ? Ousmane Issoufi MAIGA a rappelé ceci : « Depuis l’enlèvement de Soumaïla CISSE le mercredi 25 mars 2020, nos pensés sont spécialement dirigées vers Mme CISSE, sa digne épouse, ses enfants, sa famille, ses collègues, ses amis, son parti et connaissances. M. Soumaïla CISSE est une grande personnalité du Mali, honnête et intègre. “Aujourd’hui, nous ne connaissons pas les auteurs de son rapt. D’ailleurs, nous sommes à la recherche de ses ravisseurs, à la recherche de ceux qui souhaitent nous dire pourquoi ils l’ont enlevé? Et en ce moment, nous sommes résolument engagés dans ce travail et c’est pourquoi le Gouvernement du Mali a mis en place une cellule de crise en vue de la libération de l’honorable Soumaïla CISSE, Chef de file de l’opposition politique.
“Depuis l’enlèvement de Soumaïla CISSE, cette cellule a été mise en place. Elle est composée des départements techniques ainsi que du premier vice-Président de l’URD. Nous avons sur le terrain plusieurs émissaires. Nous avons pris contact avec plusieurs supposés ravisseurs. Et, les informations qui nous parviennent nous prouvent que Soumaïla CISSE se porte bien et il est bien traité. Et nous sommes à la recherche des liens pour pouvoir asseoir une négociation avec eux. Connaissant son âge, nous savons qu’il a une santé fragile. Les informations prises ça et là, avec l’appui de nos partenaires ici et d’ailleurs qui nous aident, qui nous apportent leur appui avec l’ensemble de nos contacts, nous allons croire que Soumaïla CISSE sera bientôt avec nous. “Concernant le Maire de Koumaïra, nous savons que le lendemain de l’enlèvement de Soumaïla, il s’est lancé à sa recherche et il a été enlevé en cours de route. Ses compagnons ont été libérés le lendemain. Ils l’ont gardé pendant trois semaines, voire un mois, puis il est rentré. Nous l’avons fait venir à Bamako pour nous occuper de sa santé, ensuite, pour l’écouter. Il ne sait pas aussi où M. CISSE se trouve. Nous l’avons interrogé et il n’a pas pu avoir de contacts avec M. Soumaïla CISSE”. Me Demba TRAORE a rappelé que cela fait 80 jours que personne ne sait où se trouve Soumaïla CISSE. Cela est valable pour son parti, pour sa famille. “Nous avons créé une cellule de crise dès la soirée de son enlèvement. Nous avons pris de contacts à Niafounké, à travers nos responsables locaux. Le Maire de Koumaïra était parti à sa recherche. Il a été lui aussi enlevé, puis relâché. Il nous a rassurés que Soumaïla CISSE se porte bien mais qu’il ne l’a pas vu. Donc, nous supposons qu’ils ont été enlevés par le même groupe. Ce qui est important aujourd’hui à savoir, ce qu’on n’a aucune information sur l’identité de ce groupe. »
Pour les circonstances de son enlèvement, Me Demba TRAORE a laissé entendre : « Lorsque le Gouvernement a décidé d’organiser ces élections législatives, il y a eu plusieurs rencontres sur la sécurité des candidats mais aussi des électeurs. L’assurance a été donnée : « Il n’y aura aucun problème. », que les candidats pouvaient battre campagne en toute sécurité et que les électeurs pouvaient aller aussi aux urnes sans difficultés. Donc, conscient du rôle important de l’Assemblée Nationale dans l’équilibre du jeu démocratique, notre parti a décidé d’aller à cet important rendez-vous. “Soumaïla a été enlevé avec 16 personnes entre Saraféré et Koumaïra alors qu’il avait reçu toutes les assurances sur le plan de sécurité. Ces assurances ont été données publiquement par le Gouvernement de la République du Mali. C’est fort de tout cela que l’honorable CISSE qui était un habitué de la zone a été enlevé. La MINUSMA a renforcé les assurances données par le Gouvernement pour qu’on aille à ces élections. Si on n’avait pas ces assurances-là, notre parti n’irait pas, ne se serait pas engagé à ces élections”, a-t-il informé.
Par rapport à l’allégement de son dispositif sécuritaire, Me Demba TRAORE affirme qu’en réalité, Soumaïla CISSE était toujours accompagné de la même délégation pour sillonner son cercle.
Il a toujours fait ainsi. « Nous nous posons la question de savoir pourquoi spécifiquement on l’a enlevé violemment entre Saraféré et Koumaïra? Le silence autour de son lieu de détention, le silence autour de l’identité de ses ravisseurs nous basculent dans plusieurs imaginations. Mais ce qui est constant, nous restons dans les imaginations, nous n’avons pas la preuve qu’il ait été enlevé sur recommandation ou sur des directives de qui que ce soit, d’x ou de y. Mais ce n’est pas normal ; une personnalité de son rang, Chef de file de l’Opposition, ayant eu toutes les assurances, qu’il soit enlevé à un moment crucial de la vie de notre pays alors qu’il a un rôle important à jouer. Je ne peux pointer du doigt quelqu’un parce que je n’ai pas la preuve qu’il pourrait y avoir des hommes politiques qui auraient facilité son rapt ou être derrière. Aujourd’hui, personne ne peut dire clairement qui sont ses ravisseurs même si le Katiba du Macina avait été cité dès les premières heures de son rapt par des membres du Gouvernement”, a expliqué Me Demba TRAORE. Il avait ajouté que ce qui était important, c’était qu’il n’y avait pas de revendication officielle contrairement aux autres rapts que nous avions connus. « Dans cette affaire, il n’y a pas eu de revendications. C’est ce qui est curieux. » a-t-il déploré.
Pour Makan KONE, “On ne peut pas dire aujourd’hui, 80 jours après, qu’on n’a aucune piste. Je déplore la manière dont la commission de crise a été mise en place. On ne peut pas chercher Soumaïla CISSE à Bamako. C’est à Bamako qu’on est en train de le chercher. Le Maire de Koumaïra a rassuré qu’il allait à la recherche de Soumaïla et qu’il ne viendrait pas sans lui. Donc, Soumaïla n’a pas été enlevé. Lui, il doit nous dire l’identité de ces gens-là. Les propos du Maire ne sont pas cohérents”.
Ousmane Issoufi MAIGA, en rebondissant, a dit ceci : “Nous sommes sur des pistes. Soumaïla reviendra sain et sauf parmi nous. Ainsi, on ne peut pas dire que la recherche se passe à Bamako mais elle se passe sur le terrain. Et tout le monde est mobilisé, les plus hautes autorités du pays, les partenaires. Lorsqu’on m’a appelé pour diriger cette cellule de crise, je l’ai accepté sans hésitation parce que Soumaïla CISSE est un frère, un collaborateur pendant des années durant. C’est pour cela que, dans la cellule de crise j’ai souhaité et cela a été accepté que l’URD en soit membre. Le premier vice-président de l’URD en est membre. Il peut témoigner de toute notre énergie, de toute notre détermination et de tout ce que je fais vis-à-vis de plus hautes autorités du pays pour aider à retrouver Soumaïla. La mobilisation est totale, l’engagement, la détermination. La bonne foi ne se trouve pas sur le front des gens. Les services de renseignements qui sont partis sur le terrain, plus les personnalités qui sont sur le terrain que nous avions contactées ça et là, nous donnent l’espoir que nous sommes sur la bonne voie. En tout cas, nous faisons le point régulièrement et URD en est informée”, a ajouté M. MAIGA.
Boubacar DIARRA
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