- LE PROCUREUR DU TRIBUNAL DE LA COMMUNE III SAISI DU DOSSIER
La mort d’un vieillard à Badialan 3 fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la capitale malienne, secouée actuellement par des mouvements de manifestations enregistrés un peu partout dans les six communes du district de Bamako. En cette période de couvre-feu, couplée de délestage intempestif, couronnée de la grande chaleur, et réprimée par les forces de l’ordre, un vieillard a trouvé la mort à Badialan 3. Depuis, des accusations et de justifications vont bon train.
Depuis quelques jours maintenant, la ville des trois Caïmans est animée par des mouvements de manifestations des jeunes dans plusieurs endroits de la capitale. Certains protestaient contre les résultats définitifs des élections législatives 2020 et d’autres contre le couvre-feu qui ne fait pas bon ménage avec les coupures d’électricité intempestives. A tous ceci, il faut aussi ajouter des bavures policières dans différents endroits avec violations des droits humains. C’est dans ce cadre qu’un vieillard d’une soixantaine d’années résidant à Badialan 3 aurait trouvé la mort sous l’effet du gaz lacrymogène.
Selon le témoignage d’un ami de la victime, Fousseyni Diallo, au micro du groupe “KOJUGU KELEBAA”, “il n’y a ni homme, ni femme qui ait tué “Vieux ba”, appelé par les siens. “C’est la Police Nationale qui l’a tué ! C’était mon ami. J’ai étudié avec deux de ses sœurs. Aujourd’hui, les recrutements ne se font pas dans les règles de l’art. Les policiers sont mal formés. Je ne peux pas comprendre qu’un policier bien formé puisse violer le domicile de quelqu’un, entrant dans la cour d’une maison d’autrui sans mandat de perquisition, ni mandat d’arrêt. Il leur a été dit qu’il y avait un malade dans la cour. Malgré tout, ils sont venus utiliser le gaz lacrymogène et tuer mon ami”, a-t-il expliqué.
“Je demande à la Justice de bien trancher cette affaire. Quel que soit le verdict du jugement, nous sommes prêts à l’accepter mais qu’il soit bien jugé. Nous avons déjà saisi le Procureur de la Commune III. Donc, une plainte est aujourd’hui devant le Tribunal de la Commune III. Dès que le fait s’est produit, un huissier est également venu faire le constat”, a-t-il dit.
“Lorsque Vieux ba a été touché du gaz lacrymogène, sur le champ, il est tombé. C’est son jeune frère qui a tenté de le réanimer mais en vain. C’est ainsi qu’ils l’ont amené à l’Hôpital “Mère-Enfant de Luxembourg” où son décès a été constaté par les médecins à l’arrivée. Ceux-ci ont affirmé qu’il était déjà mort avant même qu’il ne soit arrivé à l’Hôpital. Je demande aux autorités de jouer pleinement leur rôle. Car, elles gèrent les humains. Sinon, si nous étions des animaux, elles n’allaient pas tenter de nous gérer “, a-t-il ajouté.
Dès que des accusations sont faites un peu partout contre la Police, alors, la hiérarchie n’est pas restée muette. Elle a tenté de s’expliquer et d’apporter un démenti à travers un communiqué.
“La Direction Générale de la Police Nationale a appris avec stupéfaction sur les réseaux sociaux, qu’un homme, âgé d’une soixantaine d’années, aurait trouvé la mort dans la nuit du 4 mai 2020, suite à des grenades lacrymogènes jetées dans son domicile, sis au Badialan 3. La Direction Générale de la Police Nationale tient à apporter un démenti formel à ces allégations dans la mesure où les forces de l’ordre défendaient plus la caserne du Groupement Mobile de Sécurité (GMS) et le poste de police de Samé, pris pour cible par un groupuscule de manifestants”, a précisé la hiérarchie policière sans aucune preuve apportée. Du coup, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, Gal. Salif TRAORE, est fortement interpellé pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Boubacar DIARRA
Leave A Comment