Pour amoindrir les répercussions désastreuses du Covid-19 sur le sort des élèves, les initiatives se multiplient dans maints États. Le Mali ne souhaite pas rester en marge. C’est dans ce cadre que le gouvernement, par la voie de son Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique le Professeur Mahamadou FAMANTA, a initié le projet intitulé ‘‘Formation à distance’’ (FAD) par le canal de la télévision et de la radio nationale. Cette option n’est pas du goût des populations. Ces cours ont démarré depuis le mardi dernier.
Un programme d’enseignement à distance via l’audiovisuel a été lancé officiellement le mardi dernier avec 14 cours. Certes, c’est une solution, mais pas efficace dans sa pratique. La télévision nationale ne couvre pas tout le pays. Pire, même à Bamako, toutes les familles n’en disposent pas. Il en est de même des autres villes urbaines et villages ruraux du Mali. Un projet déjà mort-né ?
Dans une analyse, un blogueur présente la décision gouvernementale de faire passer les cours à télé comme une initiative salvatrice. Lui-même reconnaît les insuffisances des cours à distance, mais nous invite à nous en accommoder à cause de la crise sanitaire qui prévaut. Selon lui, mieux vaut se contenter de peu que de rien. Mais, pourquoi se contenter de peu quand on peut faire plus ? Et pourquoi vouloir faire comme les autres étant donné que nous n’en avons pas les moyens ?
Il faut savoir que l’éducation est aussi importante au même titre que la santé pour être traitée comme une affaire simple. Dans la recherche des voies et moyens pour atténuer les dégâts du virus ‘‘Covid-19’’ dans le secteur de l’Éducation, le gouvernement, à l’instar de certains pays africains, expérimente des éventualités censées servir d’opportunités et entrainer l’adhésion des différentes couches sociales les plus fragilisées et dont l’avenir semble de plus en plus préoccupant. Les enfants ne vont plus à l’école. Mais, l’initiative n’est pas du goût des parents d’élèves. Pour la plupart des personnes, nous devons focaliser nos forces sur la lutte contre le Covid-19, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais devons-nous le faire au détriment de l’éducation en soutenant des décisions inefficaces, alors que la crise éducative, depuis des années, annihile tous nos efforts de construction sociale ? Une crise scolaire est animée de grèves des enseignants.
Les cours à la télé ne sont pas suffisants au regard du niveau de délitement de l’éducation scolaire au Mali. Ce sont les meilleurs élèves, ayant une base solide, qui sont capables de s’auto-former sans une grande assistance. Ce qui n’est pas le cas de tous les élèves. Il nous faut, par contre, des programmes qui permettent d’acquérir les bases et qui soient accessibles en toute liberté.
Les cours via la télé ne marchent pas parce qu’il n’y a pas d’interaction possible entre l’enseignant et les apprenants. Pourtant, cela est crucial pour faciliter la compréhension des élèves : ils doivent pouvoir communiquer avec l’enseignant. Ce qu’il nous faut, c’est une plateforme numérique éducative et ludique.
Les contenus des cours ne sont pas adaptés pour la télé. Aucun effort n’a été fait pour simplifier et rendre ludique. Les enseignants aussi présentent des carences en pédagogie et en communication. Ce qui fait que les cours ressemblent à des monologues longs et ennuyants. Ces cours à la télé et à la radio sont inutiles, selon des experts car ils ne tiennent pas compte du caractère inégal de la distribution de l’électricité dans notre pays et les interminables et fréquents délestages. Ils ne tiennent pas compte des disparités, en termes de développement, qui existent entre les villes et les villages, car nous avons aussi des élèves dans des villages qui n’ont ni électricité ni télé.
Les cours à la télé, sans le concours des parents, sont impossibles. Pourtant, ces derniers n’ont pas été formés ou informés sur l’utilité et les attitudes à adopter pour la bonne marche d’un tel programme. Déjà qu’à cause de l’entassement, il est quasiment impossible d’avoir le calme requis pour suivre les cours à la télé. L’option télé-enseignement ne serait-il donc pas à revoir pour le Mali ?
ALY COULIBALY
Leave A Comment