De constat général, il ressort que la désobéissance civile lancée par le M5-RFP depuis plus d’une dizaine de jours, est en train de prendre des tournures malheureuses. En effet, comme si les pertes en vies humaines et autres importants dégâts matériels constatés sur les différents théâtres de la contestation, le 10 juillet et jours suivants, ne suffisaient pas aux peines du peuple malien, les acteurs de cette désobéissance civile ont continué à faire des vagues à Bamako et même en certains autres endroits de l’intérieur du pays. Cela est d’autant regrettable quand on sait que finalement ce sont surtout des jeunes désœuvrés et autres groupuscules de délinquants qui se prévalent du mouvement de désobéissance civile pour perturber la quiétude des citoyens en bloquant les principales voies de la circulation routière avec pour objectif, le rançonnement les automobilistes et autres motocyclistes.
En quelque sorte, les objectifs de la désobéissance civile ont été plutôt travestis en violations des droits humains. C’est dans cette situation, à la limite cauchemardesque, que vivent les populations dans bon nombre de communes du district de Bamako. Et ce ne sont pas les dirigeants du M5-RFP qui diront le contraire. Eux qui ont poussé le peuple, notamment sa composante juvénile, à entreprendre une action civile dont ils n’ont aucune science des conséquences qui pourraient en découler.
Et pourtant, les observateurs avertis ont été unanimes à reconnaitre que les dérapages constatés au cours des manifestations étaient bel et bien prévisibles. Toute chose qui a fondé les citoyens maliens, dans leur très grande majorité, à dénoncer l’intransigeance par laquelle s’illustrent les têtes pensantes du mouvement de contestation dans le cadre de la résolution de la crise. Ce cri de cœur des citoyens aurait-il fait des échos auprès des dirigeants du M5-RFP ? En tout cas ce mouvement initiateur de la désobéissance civile au Mali vient d’annoncer, ce lundi 20 juillet 2020, qu’il observe une trêve jusqu’en fin de ce mois de juillet. En justification de cette trêve, le M5-RFP affirme vouloir laisser les populations préparer la fête de Tabaski qui devrait avoir lieu dans un peu plus d’une semaine. C’est une façon, pour les leaders de la contestation, de prendre en compte une mesure sociale très importante dans un pays à très fort taux de musulmans. A cette occasion Issa Kaou N’DJIM le coordonnateur de la CMAS, une composante du M5-RFP, dira : « Nous sommes à l’approche de la fête, il y a beaucoup de difficultés sociales et nous estimons aussi que cela (Ndlr : la trêve) est conforme à nos traditions. Alors je me félicite de cette décision très responsable et sage ».
Au-delà de l’espoir d’accalmie que pourrait apporter cette mesure de trêve, on devrait aussi mettre à profit le temps de cette mesure pour clarifier d’abord, la situation de ‘’non-droit’’ que certains groupuscules de jeunes désœuvrés et autres délinquants ont créée en érigeant des barrages sur les axes routiers et en dépouillant les automobilistes et motocyclistes. Ensuite on pourrait aussi profiter de la trêve pour tenter de faire avancer les négociations. A l’effet desdites négociations, le coordonnateur de la CMAS et non moins porte-parole de l’imam Mahmoud DICKO a laissé entendre : « Nous savons tous qu’il y a beaucoup de discussions dans les coulisses. C’est aussi faire montre de responsabilité ».
En effet il est fort à espérer que cette trêve, qui enchante les populations bamakoises surtout qu’elle intervient à seulement quelques encablures de la ‘’Grande Fête’’, puisse servir de période d’intensification des pourparlers pouvant aboutir à une issue heureuse de la crise. Cet espoir est d’autant permis quand on sait qu’une médiation de très haut niveau, constituée des Chefs d’Etat de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Niger et du Sénégal doit arriver à Bamako demain, jeudi 23 juillet 2020, pour tenter de concilier les positions afin de juguler la crise sociopolitique que notre pays traverse depuis bientôt sept semaines. D’aucun parmi les plus pessimistes se demandent si réellement cette délégation de haut niveau composée des quatre Chefs d’Etat pourra faire mieux que les deux missions de la CEDEAO dont les propositions de sortie de crise ont été rejetées par le mouvement contestataire. Ce questionnement est assez pertinent étant donné qu’il ne se fait aucun doute que cette mission de Chefs d’Etat ne s’accommodera jamais de cautionner la principale exigence du M5-RFP, à savoir la démission du Président IBK. En tout cas nombreux sont les observateurs de la scène politique malienne qui s’accordent à qualifier de ‘’dernière cartouche’’, cette mission de haut niveau.
El Hadj Mamadou GABA
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