//DESTITUTION DE L’IMAM KOKE KALLE: AU-DELA DE LA SANCTION, UNE INFAMIE POUR TOUT LE LEADERSHIP MUSULMAN

DESTITUTION DE L’IMAM KOKE KALLE: AU-DELA DE LA SANCTION, UNE INFAMIE POUR TOUT LE LEADERSHIP MUSULMAN

Dans l’après-midi du dimanche 7 juin 2020, la nouvelle de la destitution de l’Imam ‘’ratib’’ de Bamako, Kokè KALLE, a commencé à se répandre comme une trainée de poudre et tout naturellement, comme on pouvait s’y attendre, les réseaux sociaux s’en ont fait l’écho, défrayant ainsi la chronique. Pour l’instant, la vox populi n’est pas formellement édifiée sur les causes et les circonstances qui ont prévalu à cette destitution sauf que, parmi les internautes, d’aucuns ont évoqué que : « la raison de sa destitution n’est guère flatteuse puisque d’ordre sexuel… Avec circonstance aggravante. L’Imam aurait été surpris dans son bureau à la grande mosquée avec une dame ».

Evidemment qu’en parlant de ‘’surprendre l’Imam dans son bureau avec une dame…’’, tout le monde comprend ce que cela veut dire. Et c’est donc normal que le guide religieux soit sanctionné pour cette faute extrêmement grave, devant Allah et aussi devant les hommes. Mais au-delà d’une sanction, il faut aussi reconnaitre que cette situation constitue une infamie pour tout le leadership musulman et cela à double titre.

D’abord la manière dont l’affaire a été médiatisée est de nature à discréditer nos dignitaires religieux musulmans et aussi nos autorités coutumières qui n’ont pas su faire preuve de discrétion. En portant sur la place publique cette affaire, nos dignitaires religieuses et chefs coutumiers ont cherché à humilier le fautif. Cela est contraire non seulement aux préceptes de l’islam, mais aussi à l’éthique sociale et sociétale. Eu égard au principe selon lequel ‘’le linge sale se lave en famille’’, on pouvait prendre des sanctions à la hauteur de la faute, voir la destitution comme il en a été décidé, mais sans pour autant humilier le mis en cause qui, après tout, est une des personnalités distinguées du pays. Si Kokè KALLE, l’Imam ‘’ratib’’de la grande mosquée de Bamako a été reconnu coupable d’une faute aussi grave que l’adultère en islam et de surcroit dans l’enceinte du périmètre de la mosquée, il aurait été plus sage de prendre de très grandes sanctions contre lui sans pour autant étaler l’affaire sur la place publique. S’il est vrai et indéniable que l’adultère est un péché extrêmement grave (Kabaïr) en islam et que celui ou celle qui s’y rend coupable mérite d’être puni (e), il n’en demeure pas moins vrai que chercher à honnir un musulman est contraire aux préceptes de l’islam tels qu’enseignés par le Prophète Muhammad (Psl).

En tout cas, en entourant cette affaire de tant de tapage médiatique, c’est tout le leadership musulman qui pourrait voir son image écornée auprès des fidèles. D’autre part, il a été posté sur les réseaux sociaux que « le patriarche des Touré a destitué ce jour, dimanche 07 juin, l’Imam de la grande mosquée de Bamako, dont la gestion revient à la famille Touré. Il a été remplacé par son adjoint, un autre fils de feu Balla KALLE… ».

N’y aurait-il pas ici, une espèce de conflit d’autorité ? La question vaut son pesant d’or dans la mesure où l’on sait qu’à l’image des autres collectivités et organisations, la communauté musulmane elle-aussi est structurée avec des organes assumant des rôles spécifiques qui leur sont respectivement assignés. Ainsi, nous savons que pour la nomination ou la destitution d’un Imam, surtout ‘’ratib’’, dans une mosquée, c’est plutôt la Ligue Malienne des Imams et Erudits (LIMAMA) qui est la mieux indiquée. On devrait se demander alors pourquoi, en ce qui concerne la destitution de l’Imam Kokè KALLE, c’est le patriarche des Touré qui a décidé en lieu et place de la LIMAMA ? Même s’il est de notoriété publique que la gestion de la grande mosquée de Bamako revient à la famille Touré, en sa qualité de famille fondatrice de Bamako, il n’en demeure pas moins que, traditionnellement et coutumièrement, la désignation d’un Imam pour ladite mosquée incombe toujours à la famille ‘’KALLE’’ et les autres structures, que ce soit les familles fondatrices ou la LIMAMA ou encore le Haut Conseil Islamique, n’ont que des droits d’entérinement de la décision de nomination de l’Imam par la famille ‘’KALLE’’ et ses proches parents.

Le fait de destituer, pour péché grave (Kabaïr), l’Imam Kokè KALLE et le faire remplacer par un autre KALLE de la même famille est tout à fait normal, mais il n’était pas nécessaire d’exposer l’affaire sur la place publique, à moins que Kokè ait des ennemis tapis dans l’ombre et qui voulaient souiller sons honneur.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-09T11:17:17+02:00juin 9th, 2020|RELIGION|0 Comments

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