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DESTITUTION DE L’IMAM KOKE KALLE: LES CHOSES SE PRÉCISENT ET LE RECOTRAD EST A PIED D’ŒUVRE POUR UNE SOLUTION IDOINE

Dans l’après-midi du dimanche 7 juin 2020, la nouvelle de la destitution de l’imam ‘’ratib’’ de Bamako, Kokè KALLE, s’était répandue comme une trainée de poudre. Comme on pouvait s’y attendre, les réseaux sociaux s’en étaient fait l’écho, défrayant ainsi la chronique. S’agissant des causes et des circonstances qui ont prévalu à cette destitution, une première version publiée sur les réseaux évoquait ceci : « La raison de sa destitution n’est guère flatteuse puisque d’ordre sexuel… Avec circonstance aggravante. L’imam aurait été surpris dans son bureau à la grande mosquée avec une dame ».

Evidemment qu’en parlant de ‘’surprendre l’imam dans son bureau avec une dame…’’, tout le monde comprend ce que cela veut dire. Si cette version s’avérait, il serait donc normal que le guide religieux soit sanctionné pour cette faute extrêmement grave, devant Allah et aussi devant les hommes. Mais une semaine après, une autre version publiée sur réseaux sociaux mentionne que « les raisons de sa destitution (Ndlr : celle de l’imam Kokè KALLE) ne sont aucunement liées à une affaire de mœurs, d’adultère. Il y a bien eu un différend entre l’imam Kokè KALLE et la famille TOURE, lié à la reconnaissance d’un enfant dont il avait épousé la mère religieusement, il y a 5 ou 6 ans. Cependant, pour des raisons justement de meurs, il s’était séparé de la dame sans reconnaître l’enfant. Celle-ci demandait coûte que coûte qu’il accepte d’établir un acte de naissance à son enfant, afin qu’il puisse hériter de l’imam. Le refus de Koké KALLE au cours des réunions successives tenues au domicile du patriarche TOURE a déclenché la colère de ce dernier : il l’a suspendu dans un premier temps avant de le démettre ».

De l’avis des auteurs de cette version, les réseaux sociaux auraient tout simplement amplifié et dénaturé les faits. Toujours selon ces internautes, les auteurs de cette contrevérité seraient plutôt des gens désireux de se venger de Kokè KALLE, en l’occurrence la dame éconduite et aussi certaines personnes qui guettent le trône de l’imam de la Grande Mosquée de Bamako.

Quoi qu’il en soit, le mal est déjà fait, dans la mesure où l’image de l’imam destitué a été sérieusement ternie auprès de l’opinion nationale qui n’en finit pas de se demander où se situe la vérité entre ces deux versions.

Au-delà de toutes les péripéties qui entourent cette affaire et outre la sanction qui en a découlé, il faut tout simplement reconnaitre que cette situation constitue une infamie pour tout le leadership musulman et cela à double titre. La manière dont l’affaire a été médiatisée est de nature à discréditer nos dignitaires religieux musulmans et aussi nos autorités coutumières qui n’ont pas su faire preuve de discrétion. En portant sur la place publique cette affaire, nos dignitaires religieux et chefs coutumier ont tout simplement cherché à humilier le fautif. Cela est contraire non seulement aux préceptes de l’islam, mais aussi à l’éthique sociale et sociétale. Eu égard au principe selon lequel ‘’le linge sale se lave en famille’’, on pouvait prendre des sanctions à la hauteur de la faute, voire la destitution comme il en a été décidé, mais sans pour autant humilier l’accusé qui, après tout, est une des personnalités du pays.

Kalifa Dramé, un des fils de feu l’imam Ismaïla Dramé soutient ceci : « l’islam proscrit l’humiliation, le manquement à la vie privée et à la dignité humaine. Kokè KALLE ne méritait pas un tel traitement. Il y a un respect dû à l’institution qu’est la Grande Mosquée, à l’ensemble des responsables religieux du Mali ». Dans le cas d’espèce, il aurait été plus commode de traiter cette affaire en l’entourant de discrétion, plutôt que de l’étaler sur la place publique. En tout cas, en entourant cette affaire de tant de tapage médiatique, c’est tout le leadership musulman qui pourrait voir son image écornée auprès de l’opinion nationale. Eh bien, au regard de cette situation qui crée un véritable malaise dans la société malienne et dans l’exercice des attributions religieuses, le Réseau des Communicateurs Traditionnels (RECOTRAD) est à pied d’œuvre pour trouver une solution idoine à ce malaise.

Bien sûr que le RECOTRAD a déjà fait ses preuves dans la résolution de bon nombre de situations malencontreuses au plan sociétal.

Mais pour ce qui concerne la destitution de l’imam de la grande mosquée de Bamako, l’intervention du RECOTRAD pourra-t-elle rétablir les choses comme avant ? En tout cas, de nombreuses questions subsistent à cet effet. D’abord, les communicateurs traditionnels réussiront-ils à ramener le patriarche des TOURE qui a destitué l’imam Kokè KALLE à de meilleurs sentiments pour ensuite le convaincre de réhabiliter l’infortuné dans ses fonctions d’imam ? A supposer que cela soit, l’intéressé acceptera-t-il de reprendre lesdites fonctions vu l’humiliation qu’il a subie ? Même au cas où il les acceptait, les fidèles qui sont appelés à prier sous sa direction ne le dédaigneront-ils pas, compte tenu du déshonneur qu’il a essuyé ? En tout cas, autant de questions se posent. Attendons de voir la suite que donnera la médiation du RECOTRAD.

El Hadj Mamadou GABA

 

By |2020-06-15T16:46:04+02:00juin 15th, 2020|ACTUALITE, RELIGION|0 Comments

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