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DEUXIEME TOUR DES LEGISLATIVES 2020 AU MALI: LE BAL DE L’ACHAT DE CONSCIENCES ET DE LA FRAUDE

Le dimanche dernier, les Maliens étaient appelés aux urnes pour élire leurs représentants à l’hémicycle. Comme lors de l’élection présidentielle de 2013 et celle de 2018 que des irrégularités de fraudes  ont fortement entaché le scrutin.  En effet, achat de consciences, bourrage d’urnes  et présence d’armes dans des bureaux de vote…. ce sont là, entre autres, des constats accablants qu’on a enregistrés presque partout dans le pays. Ces pratiques ont ouvert la voie à de la fraude massive.

Achats de consciences et mascarade à ciel ouvert, c’est le constat dans la plupart des centres de vote  partout au Mali. Ce phénomène est décrié par de nombreuses personnes. Pour ces dernières élections, les représentants de certaines listes montraient la corruption aux yeux des populations.

Les politiciens sont passés de 2 000 à 5 000 F. Aux environs de 17 h, la bourse est montée à 10 000 F Cfa dans les centres de vote. Selon les informations, les  principaux  acheteurs étaient  les sympathisants de la liste RPM-ADEMA.  Ceux-ci appelaient ouvertement les électeurs à venir avec leurs cartes contre le paiement de la somme de 10 000 F Cfa. Dans les communes du district, à Kolondieba et dans le cercle de Kati, Kalabankoro et dans la commune de  Moribabougou, les populations soutiennent avoir pris de l’argent pour voter en faveur de la liste sus-indiquée.

Au Mali, la valeur d’un candidat ne compte plus. Pour être élu lui faut soudoyer les électeurs. Selon des sources, c’est le pouvoir en place qui a développé cette dérive, car il est riche de tout l’argent du pays.

Dans le nord du pays, les choses sont plus graves. Certains votants viennent dans le bureau de vote avec des armes. Quoi de mieux pour influencer le président du bureau et ses accesseurs. A  Tonka dans le cercle Goudam en région de Tombouctou, selon des sources sûres, les urnes de plusieurs bureaux ont été enlevées par des individus en armes. Dans la localité Djiré, l’un des candidats Ibrahima Boubacar Yoro MAIGA dit avoir essuyé des tirs en provenance de la CMA. Il est évident que dans ces zones les résultats seront truqués. La fraude aura primé.

Jusqu’en 2016, au Mali, les candidats étaient libres de battre campagne en distribuant des t-shirts, des casquettes, du thé ou du sel dans des contrées. Pour mettre un terme à cette pratique corruptrice, notre pays a adopté une nouvelle loi électorale en 2016, modifiée en 2018. Cette loi avait suscité beaucoup d’espoir quant à la lutte contre l’achat de consciences. Son article 73 met en garde contre toute pratique visant à obtenir les voix à travers des moyens financiers. «Les pratiques publicitaires à caractère politique et commercial […], les dons et libéralités en argent ou en nature à des fins de propagandes pour influencer ou tenter d’influencer le vote durant la campagne électorale sont interdits dès la convocation du collège électorale». Les contrevenants sont condamnables d’une peine «d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 100 000 francs CFA à 1 000 000 francs CFA».

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est la structure publique habilitée à faire respecter cette disposition. Mais sur le terrain, le constat est amer. Si les candidats ne donnent plus de t-shirts, de thé ou de sel, ils ont une méthode bien huilée pour corrompre les électeurs qui se prêtent à leur jeu. Pour preuve, le dimanche dernier, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, une vidéo montrant une scène d’achat de conscience à fait réagir les internautes. Certains, notamment des journalistes, ont appelé la justice à ouvrir une enquête contre les auteurs de cette pratique clairement identifiables.

Voter pour un candidat en échange d’argent ou d’autres types de faveur remet en cause l’obligation des élus vis-à-vis de leurs mandants. Car le député tout comme le maire ou le Président de la République sont tenus de rendre compte à leurs populations.

Mais lorsqu’ils offrent de l’argent en échange de voix pour se faire élire, une fois aux affaires, ils sont plus préoccupés à servir leurs intérêts personnels que l’intérêt public. Le premier souci d’un candidat élu sur la base de la corruption, c’est d’abord de récupérer l’argent dépensé, « investi » lors de la campagne ou de s’enrichir avant de songer aux problèmes de développement.

Mais aussi, le candidat le plus riche n’est pas forcément celui qui a des meilleures idées de projet pour servir la nation. Voilà pourquoi les électeurs maliens doivent renoncer à l’argent et voter pour des candidats qui ont des projets pertinents pour leur quotidien. C’est à ce seul prix que nous pourrons nous développer.

 

ALY COULIBALY

By |2020-04-20T22:45:56+02:00avril 21st, 2020|A LA UNE, ACTUALITE, LES INFOS DU SOIR DE BAMAKO|0 Comments

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