Pour trouver une solution à la crise sociopolitique qui s’est installée au Mali, une mission de bons offices de la CEDEAO a séjourné dans le pays sur instructions du Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, le Président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou. La délégation ministérielle est restée à Bamako du 18 au 20 juin 2020. La mission s’inscrivait dans le cadre des dispositions du Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance.
Au terme de son séjour, la mission a rendu public un communiqué de presse dans lequel elle recommande l’organisation d’élections partielles dans les circonscriptions ayant fait l’objet de révision par l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle. La Mission ministérielle était conduite par Kalla ANKOURAO, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur de la République du Niger, Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO. Elle comprenait aussi Aly COULIBALY, Ministre des Affaires Etrangères de la République de Côte d’Ivoire et Geoffrey ONYEAMA, Ministre des Affaires Etrangères de la République Fédérale du Nigeria. Jean Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO et le Commissaire des Affaires Politiques, Paix et Sécurité, Francis BEHANZIN, ont également faisaient partie de cette délégation. Au cours de son séjour, la délégation ministérielle a été reçue en audience par le Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar KEITA et le Premier Ministre, Dr Boubou CISSE. Elle a aussi rencontré les représentants des organisations suivantes : le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces patriotiques ; l’Imam Mahmoud DICKO et sa délégation ; la Majorité présidentielle au Parlement (EPM) ; le Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile ; le Réseau des Femmes parlementaires ; la Convergence des Forces Républicaines.
Dans un communiqué de presse rendu public le 19 juin 2020, la Mission a invité toutes les parties prenantes à privilégier le dialogue et la concertation comme mode de règlement des différends. « La Mission note que l’Arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle dans le cadre du contentieux des dernières élections législatives est à la base de la crispation sociopolitique actuelle. Elle invite donc le Gouvernement de la République du Mali à reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ayant fait l’objet de révision par l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle. De nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais », précise le chef de la Mission Kalla ANKOURAO.
En outre, la Mission insiste spécifiquement sur la nécessité :
- d’œuvrer pour le rétablissement d’un climat de confiance renouvelée entre les parties maliennes ;
- d’éviter la violence comme moyen de règlement de crise et privilégier le dialogue ;
- de préserver les Institutions de la République afin de maintenir la stabilité du pays et d’éviter le chaos institutionnel aux conséquences imprévisibles et désastreuses pour la paix et la stabilité du Mali et de la sous-région ;
- de mettre en place un Gouvernement consensuel d’union nationale tenant compte des recommandations du Dialogue National Inclusif ;
- d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ;
- de poursuivre résolument la mise en œuvre des conclusions du Dialogue National Inclusif ;
- de mettre en œuvre les reformes prévues concernant la Constitution et le Code électoral ; et
- d’envisager une relecture des textes régissant la Cour Constitutionnelle.
Cette mission n’a pas empêché la fronde à organiser son rassemblement prévu le vendredi 19 juin. Face au dialogue de sourds, l’Union Européenne, à travers son haut représentant, a exprimé sa préoccupation et salué la démarche de la CEDEAO tout en invitant les protagonistes de cette crise à privilégier la voie du dialogue : un avis que partage la France. A ce propos, la porte-parole du Quai d’Orsay a rendu un communiqué dont voici la teneur :
« La France partage la préoccupation exprimée par le haut représentant de l’Union Européenne sur la crise sociopolitique que traverse actuellement le Mali. L’Union Européenne, l’Union Africaine, les Nations Unies et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont salué le caractère pacifique des manifestations et appelé l’ensemble des acteurs au dialogue et à la retenue. La France soutient les efforts entrepris par la CEDEAO qui ont permis de faire émerger des recommandations pour une sortie de crise. Elle encourage les autorités maliennes à rapidement mettre en œuvre les mesures visant à apaiser le climat politique. Il faut rappeler qu’au terme de la mission conduite au Mali, la CEDEAO recommande l’organisation d’élections partielles là où la Cour Constitutionnelle a invalidé des résultats. » Cette dernière recommandation a été rejetée par le M5-RFP. La majorité non plus ne semble pas épouser l’idée. Alors, à quand le bout du tunnel ?
LAYA DIARRA
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