Depuis très bientôt un an que les rênes de la ‘’Primature’’ lui ont échu (le 22 avril 2019), le Premier ministre Dr. Boubou CISSE tient les Maliens en haleine en ce qui concerne la ‘’Déclaration de Politique Générale du Gouvernement’’. S’il est vrai que légalement un Chef de Gouvernement n’est tenu d’aucune contrainte de temps pour faire sa déclaration de Politique générale devant la chambre des députés, il n’en demeure pas moins vrai cependant que c’est par cet exercice démocratique que le Premier ministre engage, devant l’Assemblée Nationale, la responsabilité du gouvernement sur son programme de gouvernance.
C’est donc dire que la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG) est une étape très importante dans les rapports entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Le Pm Boubou CISSE perçoit-il les choses sous cet angle-là ? Pas si sûr dans la mesure où il n’a pas l’air d’être pressé de s’acquitter de cette tâche. Rappelons que la nomination de Dr. Boubou CISSE a obéi à une certaine contrainte dans l’agenda du Président de la République qui avait opté pour une large ouverture dans le microcosme politique malien.
À cette époque-là, avril-mai 2019, les formations politiques et autres organisations de la société civile nourrissaient des velléités d’un chamboulement sans précédent dans le pays et pour décanter cette situation qui était en surchauffe, le Chef de l’État devait trouver un homme ‘’apolitique’’ dont le choix fédérerait la grande majorité, surtout au sein des partis politiques et de la société civile. Et c’est sur Dr. Boubou CISSE que le Président de la République a jeté son dévolu et dès lors on pouvait bien se faire à l’idée que ce jeune Premier ministre, surtout ‘’apolitique’’, aura forcément besoin d’un temps d’observation pour ne pas se précipiter inutilement dans les abîmes.
Mais ce temps d’observation avait commencé à paraître long, sinon trop long, et des voix s’étaient élevées, bien que timidement, pour interpeller le Chef de l’Exécutif afin qu’il fasse sa ‘’Déclaration de Politique Générale’’ (DPG) devant les législateurs. Mais le moment d‘une telle interpellation était mal choisi étant donné que la priorité nationale se rapportait plutôt à l’organisation et à la tenue du Dialogue National Inclusif. En effet, comme un défi à relever, le chef du gouvernement attachait beaucoup de prix à la réussite de cette rencontre et ne voulait rien entreprendre dans le cadre de ses attributions et qui puisse interférer sur le programme du dialogue. Mais comme pour exhorter ces concitoyens à plus de patience pour le fait qu’il n’ait pas encore fait sa DPG, le Premier ministre avait allégué qu’il souhaitait attendre la fin du Dialogue National Inclusif et prendre en compte les résolutions qui y sortiraient.
Si cette raison peut être jugée valable et raisonnable, il faut aussi dire que le peuple attend toujours. Le Dialogue s’est tenu et ses résolutions et recommandations ont été publiées, mais la DPG du Premier ministre Boubou CISSE se fait toujours attendre. Et pourtant la Déclaration de Politique Générale du gouvernement est obligatoire étant donné qu’en son article 78, la Constitution de la République du Mali dispose :
« Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres engage devant l’Assemblée Nationale, la responsabilité du gouvernement sur son programme ou éventuellement sur une déclaration de politique générale ».
Ce serait une lapalissade que dire, sans Déclaration de Politique Général, le gouvernement ne fait que naviguer à vue dans la mesure où il n’a aucune onction du peuple, à travers ses représentants légitimes, les députés. Ceci étant, on serait porté à se demander ce qui empêche le Chef de l’Exécutif National de se présenter devant les élus du peuple ?
El Hadj Mamadou GABA
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