///ENTÊTEMENT DU M5-RFP : ATTENTION AU REVERS DE LA MEDAILLE

ENTÊTEMENT DU M5-RFP : ATTENTION AU REVERS DE LA MEDAILLE

Depuis plus de six semaines, le Mali vit dans une impasse totale du fait d’une crise socio-politique qui a résulté de la contestation, portée par le ‘’Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP), contre le régime IBK. Pour tenter d’apporter des solutions qui siéraient à toutes les parties protagonistes, des missions de bons offices ont fusé de partout, tant sur l’échiquier national qu’au niveau sous régional et international.

Mais il est vraiment regrettable de constater, malgré toutes ces interventions, que le mouvement contestataire, à savoir le M5-RFP, fait preuve d’un entêtement qui, au demeurant, commence à exaspérer les Maliennes et Maliens qui sont épris de paix et de quiétude. Il est évident que pour parvenir à résoudre une crise de cette envergure, des concessions doivent être réciproques de la part des protagonistes. S’il est vrai que l’opinion nationale malienne, dans sa majorité écrasante, s’est accordée à dénoncer la mauvaise gouvernance qui caractérise le régime IBK, il n’en demeure pas moins vrai cependant que face à la contestation populaire, le Président IBK a, pour sa part, donné des signes de sa bonne volonté à œuvrer pour un apaisement de la crise socio-politique en cours. C’est justement en vue de trouver une issue favorable à cette crise, que le chef de l’Etat ne s’est nullement lassé de multiplier des rencontres avec les différents acteurs de la scène socio-politique malienne.

On se souvient qu’après avoir reçu successivement en audience, le samedi 4 juillet 2020, les représentants de la majorité présidentielle et l’imam Mahmoud DICKO, le Président de la République a reçu, le dimanche 5 juillet 2020, les dirigeants du M5-RFP. C’était la première, et d’ailleurs la seule fois où les dirigeants du mouvement contestataire, le M5-RFP, ont accepté d’honorer de leur présence effective une rencontre avec le chef de l’Etat. Et ce fut-là, la seule et unique concession que le M5-RFP a faite.

Indépendamment des tractations menées à l’interne pour sortir le pays de cette impasse, la ‘’Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest’’ (CEDEAO) a, elle aussi, tenté de jouer sa partition.

A cet effet, l’organisation sous régionale a dépêché à Bamako une première mission, les 18 et 19 juin 2020. La mise en œuvre des propositions ainsi faites par la CEDEAO ayant rencontré des écueils, à un certain niveau, celle-ci a alors envoyé à Bamako une équipe d’experts pour expliquer un schéma de mise en application de ses précédentes propositions. Arrivée à Bamako le mercredi 15 juillet 2020, cette délégation sous régionale qui était censée mener sa mission au bout de 72 heures, a été contrainte de prolonger celle-ci de 24 heures. Dans son plan qui tient en quatre points, la mission de la CEDEAO a proposé :

1)- Le maintien du président IBK en place ;

2)- La formation d’un gouvernement d’union nationale dont la moitié de l’effectif devrait être nommée par le président IBK. Cette nouvelle équipe gouvernementale sera chargée de mener ensuite des enquêtes sur les violences et tueries commises lors des manifestations du 10 juillet et jours suivants ;

3)- La mise en service d’une nouvelle Cour constitutionnelle dont les membres seront désignés comme suit : trois membres désignés par le Conseil Supérieur de la Magistrature ; trois membres que le Président IBK choisira parmi sept personnes que lui proposeront les forces vives de la Nation. Cette nouvelle Cour constitutionnelle, limitée pour le moment à six membres, statuera sur les modalités juridiques à suivre pour trancher le problème de l’Assemblée Nationale. A savoir l’organisation de législatives partielles ou alors la reprise des législatives sur toute l’étendue du territoire national ;

4)- Le Président de la nouvelle Assemblée qui sera ainsi constituée désignera à son tour les membres de la Cour Constitutionnelle pour ainsi atteindre l’effectif fixé par la Constitution de la République.

A écouter la vox populi au Mali, on se rendrait aisément compte que ce schéma de sortie de crise a majoritairement rencontré l’assentiment des citoyens. Mais du côté des dirigeants du M5-RFP, c’est plutôt le contraire. Ces derniers les ont tout simplement rejetées au simple motif, nul n’en est dupe, que la mission de la CEDEAO recommande le maintien du Président IBK à son poste.

A y voir plus clair, on pourrait affirmer que les dirigeants du M5-RFP pourraient bien essuyer le revers de la médaille en pâtissant de l’entêtement dont ils font preuve, eu égard à la position de force qui est la leur aujourd’hui.

Comme le dit l’adage “Tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise’’, le camp des radicaux du M5-RFP pourrait bien pâtir de son obstination en s’exposant à une espèce de ressentiment de la part des masses laborieuses qui, au demeurant, sont plutôt éprises de paix et de quiétude. D’ailleurs les signes précurseurs de ce ressentiment sont déjà perceptibles en bien d’endroits et nombreux sont les citoyens qui trouvent que le M5-RFP exagère dans ses prises de positions. Ce qui est encore à redouter pour la suite des péripéties de cette crise est que, vu l’intransigeance des contestataires, il ne se trouvera finalement plus personne, ni à l’interne ni à l’extérieur, qui se donnera la peine de servir de médiateur pour amener les uns et les autres à faire de réelles concessions pouvant déboucher sur une sortie de crise pérenne.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-07-20T17:10:15+02:00juillet 20th, 2020|ANALYSE, LES INFOS DU SOIR DE BAMAKO|0 Comments

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