Le taux de participation aux élections au Mali était toujours en baisse. Il a toujours été en deçà des attentes. Comme à l’accoutumée, le Premier Tour des élections législatives du 29 mars 2020 est loin de faire l’exception en la règle. D’ailleurs, c’est le scrutin qui risque de battre le record d’abstention lors d’une élection au Mali de l’avènement de la démocratie à nos jours. Cette situation laisse des interrogations sur la légitimité de nos futurs députés à l’Assemblée Nationale.
Faut-il mal élire des députés que de continuer à proroger le mandat des députés sortants dont leur vrai mandat a pris fin depuis 2018? Cette situation a été tranchée lors du Dialogue National Inclusif (DNI), il y a seulement quelques mois. Le peuple avait demandé aux autorités en place de renouveler le mandat des députés qui ont déjà bénéficié deux prorogations après qu’ils aient épuisé leur mandat de 05 ans. C’est conformément à cette volonté du peuple que le Gouvernement de la République ait fixé les dates des premier et second tours des élections législatives respectivement au 29 mars et 19 avril 2020.
A quelques jours de ce scrutin du 29 mars dernier, une nouvelle situation est venue se greffer à l’existante, un scrutin dans un contexte de forte d’insécurité. Aujourd’hui, on a tendance à oublier ce fléau d’insécurité n’eut été l’enlèvement du Chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé, lors de la campagne électorale dans la circonscription où il est candidat à sa propre succession.
Si les populations maliennes étaient connues d’habitude comme celles qui ne votent pas massivement depuis belle lurette, alors cette année, selon plusieurs observateurs, une nouvelle donne a fortement contribué à ce comportement qui fait chuter le taux de participation lors du scrutin du dimanche 29 mars 2020. Sans avoir officiellement le chiffre du taux de participation de la part de l’administration territoriale, l’affluence dans les bureaux de vote en dit déjà long.
C’était l’indicateur fondamental qui pousse les uns et les autres à croire aujourd’hui que ce premier tour des législatives 2020 risque de battre tous les records du faible taux de participation dans l’histoire des élections au Mali.
Ils sont nombreux à tenter d’expliquer cette situation qui égratignerait la légitimité des futurs députés à l’Assemblée Nationale. Si depuis belle lurette, certaines Associations de la société civile pensent qu’il ne faut jamais tenir une élection sans que le pays ne soit réunifié, donc, trouver d’abord des solutions idoines au problème d’insécurité et de stabiliser l’ensemble du territoire national, d’autres s’opposaient au maintien des dates desdites élections en raison de l’enlèvement du Chef de file de l’Opposition, Soumaïla Cissé.
En plus de ces raisons avancées, ils sont aussi nombreux à dire que le Gouvernement ne devrait pas maintenir les dates de ces élections après que quelques cas de malades de la pandémie de Coronavirus aient été enregistrés sur notre territoire.
Cette épidémie très mortelle risquerait de prendre sa vitesse de croisière au terme desdites élections. Car, selon ceux-ci les maliens respectent difficilement les consignes d’hygiène pour se protéger contre cette maladie dont la transmission est très rapide. C’est pourquoi d’ailleurs, la plupart des électeurs ont tout simplement décidé de ne pas s’y rendre dans leur bureau de vote pour accomplir leur devoir citoyen. Du coup, ils ont choisi de s’abstenir et de rester à la maison pour mieux se protéger contre cette pandémie qui fait aujourd’hui de centaines de morts à travers le monde.
Maintenant, beaucoup de Maliens pensent que le Gouvernement, en forçant de maintenir ce scrutin, doit s’attendre au plus faible taux record de participation aux élections au Mali. Ce qui n’honore pas notre pays et qui pourrait planer légitimité de nos futurs députés.
Mais entre deux maux, il fallait choisir un seul. Et les autorités ont finalement opté pour le mal et éviter le pire. Aujourd’hui, la question qui revient sur les lèvres des Maliens est de savoir si ce scrutin n’allait pas être un élément de forte propagation de la maladie au Mali.
Boubacar DIARRA
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