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GEL DE FINANCEMENT DES ÉTATS-UNIS : UN RISQUE DE FAIBLESSE FINANCIERE DE L’OMS

Les Etats-Unis ont gelé leur financement pour une période de 60 à 90 jours pour que l’OMS fasse une réévaluation de son action jugée par Washington trop favorable à Pékin. Or les Etats-Unis demeurent le principal bailleur de fonds de l’agence onusienne. Cette décision du Président américain risquera de mettre l’organisation mondiale  de santé dans des difficultés financières.

Pour 2020-2021, les États Unis  financent l’organisation à hauteur de 236,9 millions de dollars de contributions obligatoires et de 316,1 millions de contributions volontaires, soit au total 553 millions (11% du total). Quant à la Chine, deuxième puissance économique de la planète qui se profile comme le héraut du multilatéralisme à la suite du discours de Xi Jinping à Davos et à Genève en janvier 2017, sa contribution à l’organisation demeure modeste: 187,5 millions en tout.

En effet si ce gel devait se confirmer, il affaiblirait l’OMS, mais ouvrirait aussi l’espace à la Chine et à d’autres acteurs. La faiblesse financière de l’OMS est son talon d’Achille. Mais elle n’est pas nouvelle. A l’Assemblée mondiale de la santé à Genève, en 2015, Angela Merkel avait exhorté les Etats à accroître le financement obligatoire des 194 Etats membres. La chancelière allemande le déclarait de manière prémonitoire: «La santé d’une personne est la santé des autres. L’efficacité du système sanitaire d’un pays a un impact sur celui d’autres pays ainsi que sur la sécurité et la stabilité du monde ».

Selon l’organisation, 81% du budget est financé au 31 mars de cette année. Mais ce chiffre est trompeur. Si l’on considère les financements nécessaires au volet humanitaire de l’OMS dans le cadre de la pandémie, les fonds seront vite épuisés et ne permettront pas de mener tous les autres programmes à bien.

Pour les 90 prochains jours, aucun problème de cash-flow n’est à craindre. Semblant prouver que la décision de geler le financement ne découle pas de la manière dont l’OMS a géré la pandémie jusqu’ici, les Etats-Unis ont des arriérés de paiement se montant à 117 millions de dollars environ pour 2019 et à 203 millions pour 2020. Un fait relativement habituel sous l’administration Trump avec les Nations unies.

Depuis les années 1980, les contributions obligatoires n’ont quasiment pas augmenté. «Les chances que les Etats membre acceptent de les augmenter sont maigres. D’une certaine manière, les Etats ont choisi délibérément de maintenir l’OMS faible structurellement. Pour certains, ce qui est en revanche positif, c’est que l’OMS a diversifié ses sources de financement et ainsi réduit ses risques.

Aujourd’hui, l’OMS ne peut compter que sur 20% de revenus issus des premières et 80% issus des secondes. C’est très problématique car l’organisation ne peut compter sur un budget fixe et élaborer des programmes en conséquence. Elle est tributaire du caractère parfois aléatoire des contributions volontaires qui sont souvent dévolues à des programmes spécifiques. La Fondation Bill et Melinda Gates par exemple, troisième plus grand contributeur de l’OMS, finance beaucoup les programmes de vaccination du type polio. Les gros donateurs peuvent donc aussi exercer des menaces sur l’OMS.

Ben Chérif

 

By |2020-04-28T17:10:24+02:00avril 28th, 2020|COVID 19, INTERNATIONAL, SANTÉ|0 Comments

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