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IBK ET LE RPM: APRES LUI LE DELUGE ?

Si depuis l’accession du Président IBK à la magistrature suprême de l’Etat, en 2013, sa famille politique, le ‘’Rassemblement Pour le Mali’’ (RPM), n’a cessé d’être minée par des querelles intestines, il faut dire qu’avec les derniers développements que l’on constate dans l’arène politique et qui rendent précaire une situation naguère délétère, l’espoir d’un avenir meilleur s’amenuise de plus en plus et de jour en jour, pour le RPM. D’aucuns parmi les observateurs de la scène politique malienne trouvent plutôt paradoxal que le parti au pouvoir soit constamment soumis à des soubresauts, mais à bien y disserter, on serait porté à se faire à l’idée qu’un tel climat de conflit interne ne surprend guère dans la mesure où les ‘’têtes pensantes’’ du parti ne semblent pas viser les mêmes objectifs.

Un éminent politologue malien confiait, à propos de cette divergence de visions dans le sérail du RPM : « IBK s’est appuyé sur des gens qu’il jugeait capables de l’aider à créer le RPM et de ce fait, accéder à la fonction suprême de l’Etat. Donc avant qu’il n’accède au pouvoir, il reconnaissait en ses camarades une certaine valeur pouvant l’aider à briguer la magistrature suprême. Mais une fois qu’il a été élu en 2013, il a cessé de reconnaitre le mérite de ses camarades et s’est mis en tête que ce ne sont pas ceux-ci qui ont été les artisans de son élection. C’est ainsi que dès son premier mandat, il a commencé à sous-estimer ses camarades du RPM et c’est donc le plus naturellement du monde que ceux-ci ont éprouvé une grande frustration et depuis lors c’est une situation mi figue mi-raisin qui mine les relations entre eux… ».

Mais après analyse, on serait porté à reconnaitre que depuis l’accession d’IBK à la magistrature suprême de l’Etat en 2013, il revenait au RPM, en sa qualité de parti présidentiel, de mener à outrance, une politique non seulement de soutien au programme du Président de la République, mais aussi de défense et d’accompagnement de l’action gouvernementale. Mais malheureusement, pour des raisons d’une politique politicienne, le parti présidentiel n’a pu s’illustrer, dans le landerneau politique sous nos cieux, que par des conflits larvés, non seulement en son propre sein, mais aussi au sein de la majorité présidentielle avec comme corollaire la constitution de groupes antagonistes. Toute chose qui a fondé le Chef de l’Etat à extérioriser sa grande déception du fait d’un comportement inconvenant des dirigeants de sa famille politique.

D’aucuns s’étaient même convaincus, à un moment donné, qu’il y avait une espèce de rupture de ban entre IBK et sa famille politique.

Quoiqu’il en soit, le déficit de confiance entre le Chef de l’Etat et son parti était bien perceptible et c’est certainement la raison pour laquelle, au nombre des Premiers ministres qui se sont succédé à la tête du gouvernement depuis que IBK tient les rênes du pays, on ne compte qu’un seul qui soit issu des rangs du RPM. On se souvient aussi que, s’agissant de sa candidature à sa propre succession pour les élections présidentielles de 2018, IBK avait signifié sans ambages aux députés RPM qui lui avaient demandé de se porter candidat au nom de leur parti, que « C’est votre droit de me demander d’être votre porte-étendard. Mais sachez que, même si je devais me présenter, ce ne serait pas sous les couleurs du RPM ».

C’est dans ce contexte que le Président de la République a préféré jeter son dévolu sur Soumeylou Boubèye MAIGA pour lui confier les rênes du gouvernement. Bien sûr que les dirigeants du RPM n’ont pas agréé cette décision de leur mentor. Mais ils étaient obligés de faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Cette espèce de rancœur entre IBK et le RPM semble toujours d’actualité si l’on se réfère aux récentes prises de positions du Président de la République dans le microcosme politique. Et cela n’est qu’un secret de polichinelle.

En effet à l’issue des dernières législatives, le RPM qui s’est positionné comme parti majoritaire à l’Assemblée Nationale, avait jeté son dévolu sur l’honorable Mamadou DIARRASSOUBA pour lui confier ‘’le perchoir’’. Mais cela ne lui ayant pas agréé, le Président de la République, père fondateur du RPM, serait intervenu pour changer l’ordre des choses en ‘’imposant’’ Moussa TIMBINE qui, au demeurant, avait été déclaré perdant au second tour, au regard les résultats provisoires déclarés par le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.

Mais à la surprise générale et au grand désarroi des Maliens, la Cour Constitutionnelle dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun recours, a remis ce dernier en selle en le déclarant d’ailleurs élu à l’issue du second tour.

On se souvient que cette décision de l’institution judiciaire avait été très fortement contestée à travers le pays. Cette récente intervention du Président IBK dans le processus parlementaire, en ramant à contrecourant des dirigeants du RPM, a fini par vexer bon nombre d’entre eux qui n’écartent pas, d’ailleurs, l’idée de claquer la porte. Ils se disent fatigués des sautes d’humeur à répétition du Président de la République, dès lors qu’il s’agit du RPM.

En tout cas, au regard de la détérioration progressive du climat au sein de parti, nombreux sont les observateurs qui gagent d’une implosion du parti, sous peu de temps. Si cela arrivait, devrait-on alors se faire à l’idée que le Président IBK a tout simplement joué à la politique du ‘’Après lui le déluge’’ ?

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-10T15:27:49+02:00juin 9th, 2020|A LA UNE, LES INFOS DU SOIR DE BAMAKO, POLITIQUE|0 Comments

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