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IBK VS M5-RFP : LE RAPPORT DES FORCES S’EQUILIBRE

Dans le contexte actuel de la crise sociopolitique que le Mali traverse depuis plus de quatre semaines et qui oppose le ‘’ Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) au pouvoir d’Etat et ses partisans, chaque camp s’évertue à rassembler le maximum de soutiens au sein de l’opinion nationale en vue d’une probable démonstration de force.

S’il est vrai qu’à son lancement, c’était plutôt le M5-RFP qui fédérait beaucoup plus de monde autour de ses objectifs, force est de constater qu’au fil des péripéties de cette crise, le rapport des forces entre les deux camps a notablement évolué en faveur du camp présidentiel. On sait que dans sa composition, le M5-RFP est constitué essentiellement de trois courants que sont, le courant religieux, le courant politique et le courant de la société civile. A vrai dire, si les rapports de force, deux semaines auparavant, ne devaient tenir qu’aux seules capacités de mobilisation des foules, nul n’aurait pu faire le poids devant le M5-RFP qui peut se targuer du soutien de l’Imam Mahmoud DICKO, dont la très grande popularité ne souffre d’aucune contestation. Et pendant ce temps, du côté du pouvoir d’Etat, le Président IBK était presque esseulé du fait que ceux qui étaient censés être ses partisans, à l’exception de certains groupuscules d’opportunistes, ne finissaient pas de se plaindre du mépris qu’il manifestait à leur égard.

Signalons à cet effet que l’actuelle crise sociopolitique a essentiellement eu pour foyer les contestations consécutives à la proclamation des résultats des dernières législatives par la Cour Constitutionnelle. Ce qui a été, ou plutôt a failli être regrettable est que ladite crise a eu aussi un impact très négatif sur la cohésion au sein de la majorité présidentielle qui a pour rôle, la défense des positions du Chef de l’Etat. Il est de notoriété publique que suite à la proclamation des résultats définitifs des dernières législatives et surtout suite à l’interférence du Chef de l’Etat pour ‘’imposer’’ Moussa TIMBINE comme Président de l’Assemblée nationale, un climat des plus délétères s’est installé au sein de la plateforme ‘’ Ensemble Pour le Mali’’ (EMP) avec pour conséquence une nette scission entre les deux courants constitutifs de la coalition politique. D’un côté on retrouvait le groupe majoritaire, ‘’EPM’’, avec Bocari TRETA en tête et de l’autre côté, le groupe minoritaire mais très proche du Président de la République et dont les rênes sont tenues par Moussa TIMBINE.

Les partisans du groupe ‘’TRETA’’ étaient plutôt favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale pour la double raison que, non seulement ils contestent en partie les résultats des dernières législatives mais aussi ils ne s’accommodent pas de l’imposition de TIMBINE au perchoir, par le Président IBK.

Il est donc évident que le clan ‘’TRETA’’ souscrit à toute action pouvant conduire à faire descendre TIMBINE du piédestal que lui a offert injustement le Président IBK. Toute chose qui explique d‘ailleurs la fustigation par laquelle s’étaient illustrés les partisans de TRETA face aux actions que comptait mener le regroupement ‘’Convergence des Forces républicaines’’ (CFR) pour soutenir les institutions de la République. Ils avaient estimé tout simplement que ledit regroupement n’était rien d’autre qu’une structure mise en place par TIMBINE pour défendre sa propre position au sein de l’Assemblée nationale. En vue de trouver une issue favorable à la crise qui mine le pays en ce moment-ci, la mouvance ‘’TRETA’’ avait opté plutôt pour un dialogue avec le camp des contestataires du régime en place. Par contre le courant piloté par Moussa TIMBINE, avec la CFR comme puissance motrice, fustigeait et continue d’ailleurs de fustiger toute idée de négocier quoi que ce soit avec le M5-RFP qui, à son entendement, ne représente en rien le peuple comme il le prétend. La CFR se targue d’être un bouclier pour le Président IBK.

Le moins que l’on puisse dire est que cette guerre larvée au sein de la majorité présidentielle était en passe d’exposer le Chef de l’Etat à d’éventuelles frondes émanant cette fois-ci de son propre camp.

Mais comme le dit l’adage «entre deux maux il faut choisir le moindre », le mémorandum que le M5-RFP a tenté d’imposer au Président IBK a servi de déclic aux partisans de ce dernier, qui ont finalement resserré les rangs autour lui. Leur combat est de s’opposer, par tous les moyens qui s’offrent à eux, audit mémorandum qu’ils qualifient de prémices d’un coup d’Etat constitutionnel. Cela est tout à fait de bonne guerre dans la mesure où l’on sait que les prétentions du M5-RFP, relatées dans ce mémorandum,  sont non seulement de nature à spolier le Président de la République de l’essentiel des prérogatives que lui confère la Constitution, mais aussi elles visent à faire de ce mouvement contestataire, le seul et unique tenant des rênes du pouvoir d’Etat. Toute chose qui jure avec les principes républicains et qui dépouillerait les actuels tenants du pouvoir d’Etat des privilèges dont ils jouissent. En tout cas bénéficiant d’un resserrement autour de lui, le Président IBK aussi peut se targuer d’avoir comme protection, un bloc assez consistant et composé des courants religieux, politique et de la société civile. Autant dire alors, dans le contexte actuel de la crise sociopolitique, le rapport des forces s’équilibre entre les deux camps antagonistes.

 EL HADJ MAMADOU GABA

 

By |2020-07-10T14:14:32+02:00juillet 10th, 2020|A LA UNE, ANALYSE, POLITIQUE|0 Comments

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