Libéré par la chambre d’accusation de la Cour d’Appel le 21 avril dernier, Mahamadou CAMARA va-t-il longtemps rester à la maison ? Une question qui mérite d’être posée. Le Procureur anti-corruption Mamoudou KASSOGUE ne veut pas lâcher cette affaire. Il compte le poursuivre au niveau de la Cour Suprême. L’information a été donnée le jeudi 23 avril 2020 par le Procureur lui-même dans un communiqué.
Le 27 mars dernier, l’ancien Directeur de cabinet du président de la République avec rang de ministre, Mahamadou CAMARA, a été inculpé par le Pôle économique et financier pour « complicité de favoritisme » dans l’affaire des équipements militaires. Les dossiers des autres personnalités, c’est-à-dire d’anciens ministres impliqués, sont transmis à la Cour Suprême pour saisine de la Haute Cour de Justice.
Une semaine après l’arrestation de M. CAMARA, ses conseillers introduisent une requête demandant une liberté provisoire. Sans autre forme de procès, la demande de liberté provisoire leur a été refusée.
Autrement dit, l’ancien ministre de la Communication reste en prison en tout cas jusqu’à ce que la Cour Suprême saisie pour la même requête se prononce ou du moins s’il venait que son nom figure parmi les bénéficiaires de la grâce présidentielle.
En fait, dans un communiqué publié le jeudi 23 avril 2020, le Procureur KASSOGUE, après avoir rappelé « l’annulation des poursuites et inculpations posées » contre Mahamadou CAMARA » et sa libération par la chambre d’accusation de la Cour d’Appel, a déclaré : «Sur la base de cette décision, le parquet de céans transmettra le dossier concernant l’intéressé au Procureur général de la Cour Suprême ».
Le communiqué précise d’ailleurs qu’avec l’intervention de cette décision de la cour d’Appel, le dossier de l’avion présidentiel et des équipements militaires sera décomposé. Certaines personnalités épinglées seront poursuivies au niveau du Pôle économique de Bamako.
« Une procédure concernant les nommés Sidi Mohamed KAGNASSI, Amadou KOUMA, Nouhoum KOUMA, Soumaila DIABY et Marc GAFFAJOLI devant le cabinet d’instruction spécialisé saisi du Pool Économique et Financier de Bamako, conformément aux dispositions des articles 609 et 610 du code de procédure pénale », lit-on dans le communiqué qui précise qu’il y a : « Des éléments d’enquêtes transmis au Procureur Général de la Cour Suprême pour saisine de l’Assemblée Nationale, conformément aux dispositions pertinentes des articles 613 du Code de procédure pénale et 15 de la Loi portant composition, organisation et fonctionnement de la Haute Cour de Justice, concernant les anciens Soumeylou Boubèye MAÏGA, Mme Bouaré Fily SISSOKO et Moustapha Ben BARKA».
Concernant l’accusé libéré Mahamadou CAMARA, KASSOGUE précise que des éléments d’enquêtes seront transmis au Procureur général de la Cour Suprême conformément à la décision de la Chambre d’Accusation de la Cour d’appel. KASSOGUE a enfin indiqué que le principe d’innocence sera respecté tout au long de la procédure.
Par ailleurs, si au sein de l’opinion, l’on ne comprend pas les réels motifs qui ont prévalu à l’arrestation de Mahamadou CAMARA, puisque jouissant d’une « protection législative», au niveau de l’exécutif, c’est la consternation si on en croit le Procureur du Pool économique, Mahamadou KASSOGUE, qui a lâché « la détention de Mahamadou CAMARA a fortement déplu au haut sommet de L’Etat ».
Pour les proches du président, le Pôle économique a outrepassé ses prérogatives par rapport au cas Mahamadou CAMARA. Ils pensent que M. CAMARA était directeur de Cabinet de la présidence de la république avec rang de ministre. Même son de cloche chez certains juristes qui en ont fait leur chou-gras avec des interprétations en faveur ou en défaveur.
Retenons que cette libération n’est pas simple, car après l’annulation des poursuites et inculpations posées contre Mahamadou CAMARA, l’homme est sur haute protection. Selon des sources, M.CAMARA serait accompagné par deux gardes de corps avec une voiture blindées et un chauffeur militaire. Selon les mêmes sources, toute cette forme de protection serait venue de Koulouba.
Pour l’heure on attend voir la suite de cette affaire que dirige le procureur KASSOGUE.
ALY COULIBALY
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