Si on se réjouissait d’une courte avancée dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale depuis quelques mois, aujourd’hui, avec l’assassinat du Chef du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C) de Gao, Col. Oumar Abba SOUMARE, pourrait instaurer un climat d’inquiétude sur le développement des différentes activités du processus. Pourtant, l’aboutissement du processus du Démobilisation, Désarmement et de Réinsertion (DDR) constitue l’un des éléments clés pour aller vers une paix définitive au Mali. Ainsi, si rien ne fait dans l’immédiat, l’assassinat d’un Chef militaire en charge du MOC de la 6ème région compromettrait presque tous les acquis de ce volet.
Peut-on croire maintenant que les acteurs du processus de mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale font un pas en avant et deux pas en arrière ? Depuis quelques années déjà, cette question reste d’actualité, puisque tous les acteurs ne disposent pas d’un même agenda. Car, lorsque les uns sont au four et au moulin pour ramener la paix et la quiétude au Mali, les autres auraient un agenda particulier caché. C’est pourquoi, au moment où nous croyons aller de l’avant dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger avec la démobilisation des centaines de ex-combattants, dont le 5ème anniversaire de sa signature a vu le jour le 15 mai dernier, il y a encore des acteurs qui font douter de la réussite des objectifs ; et cela à travers des actes malsains, voire ignobles. C’est le cas de l’assassinat du Colonel Oumar Abba SOUMARE, Chef du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C) de Gao en milieu de la semaine. C’est avec une grande tristesse que le peuple malien a appris l’assassinat sans raison valable du Chef du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C) de Gao. L’information a été confirmée par un communiqué gouvernemental en date du vendredi 15 mai 2020.
“Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion publique nationale et internationale que le Chef du Mécanisme Opérationnel de Coordination (M.O.C) de Gao, le Colonel Oumar ABBA SOUMARE, agressé par des inconnus à bord de son véhicule, ce jeudi 14 mai 2020, a finalement succombé à ses blessures. Le Gouvernement de la République du Mali condamne énergiquement cet acte barbare et crapuleux. Une enquête a été ouverte et les forces de sécurité de la région sont mobilisées pour rechercher les coupables et les traduire devant la justice”.
“Le Mali perd en Le Colonel SOUMARE l’un de ses dignes fils, un militaire patriote et engagé pour la paix. En la circonstance, le Gouvernement du Mali s’incline respectueusement devant la mémoire de l’illustre disparu et présente ses condoléances les plus attristées à sa famille. Le Gouvernement réaffirme son engagement indéfectible aux côtés des FAMa dans l’accomplissement de leur mission régalienne de sécurisation des citoyens maliens et de protection de l’intégrité du territoire national”.
En attendant les résultats des enquêtes sur cet assassinat et l’identification des auteurs du crime, c’est un climat de méfiance qui va s’installer entre les acteurs, entre les parties-prenantes de l’Accord. Cela prouve à suffisance que tous les acteurs n’ont ni les mêmes ambitions ni les mêmes objectifs. Ce genre de situation doit constituer une puce à mettre dans les oreilles des communautés internationales. Il faut signaler que, selon des sources locales, le Colonel Oumar Abba SOUMARE a trouvé la mort au cours du braquage de son véhicule, au quartier Aldjanbandja. Au cours de l’incident, son garde du corps a été également blessé par balle. Notons que cette tragédie est une énième fois que ce genre. Par exemple, le 09 septembre 2018, Salim Ould Nbekhi le commandant de l’unité de la CMA au sein du MOC de Tombouctou a été tué au volant de son véhicule.
Aujourd’hui, peut-on parler d’une coïncidence en ce moment même où un troisième bataillon des FAMa reconstituées avait été envoyé à Kidal avant qu’il ne soit contraint par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) de se replier sur Gao. Certains font même une liaison entre l’assassinat du Colonel SOUMARE et le 5ème anniversaire de la première signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, intervenue le 15 mai 2015. Signalons que l’officier a reçu ses derniers honneurs de la part du commandement de la 1ère Région Militaire le vendredi 15 mai 2020 à la place d’armes du camp Firhoune Ag Alinstar de la cité des Askia. Cette cérémonie funèbre pleine d’émotion et de sens était présidée par le Com-Théâtre Est, le général de Brigade Ouahoun KONE avec à ses côtés le commandant de Zone de Gao, le colonel Issa Mamadou COULIBALY, le représentant de la force Barkhane, et les autres commandants des différents secteurs.
Boubacar DIARRA
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