La semaine prochaine, les nouveaux députés prendront fonction pour donner corps à la sixième législature du pays. Cette législature débute à un moment particulièrement délicat. Le Mali reste toujours dans la bourbe de la crise du Nord avec un accord de paix difficilement applicable. La gangrène du terrorisme et des conflits intercommunautaires au Centre aussi sévit. L’unité nationale est gravement compromise. A quand la réconciliation entre les Maliens. Le pays subit les affres de la pandémie du COVID 19 aux conséquences socio-économiques incommensurables.
Les questions de gouvernance, de corruption, de la faiblesse des structures de l’Etat, les questions de l’éducation nationale, de la défiance grandissante entre citoyens et représentants contribuent à diriger le pays vers de l’abîme. Dans ce contexte, les 147 députés doivent avoir une conscience aiguë de leurs responsabilités et des possibilités qui leur sont offertes pour faire de l’Assemblée Nationale une institution forte. Ils devront être mus par l’esprit de la Constitution et défendre les intérêts des concitoyens.
La situation du pays est alarmante. Elle doit être singulièrement traitée. Les défis annoncés ci-dessus dépassent très largement le cadre classique d’une majorité gouvernante et d’une opposition critique. Ils imposent d’aborder la législature comme une occasion de rassembler les Maliens autour du Chef de l’Etat et de l’assister pour sortir le pays de l’ornière. Cette union sacrée doit venir de l’Assemblée, se poursuivre dans l’exécutif et fonctionner dans un cadre de contrôle parlementaire strict et indépendant. D’abord au niveau du Parlement, les déclarations politiques de chaque groupe parlementaire conformément à l’article 21 du règlement intérieur actuel, fixeront le tempo.
Au lieu de se proclamer « majorité » ou «opposition », chaque groupe devrait se situer dans le soutien au Mali et dans la sortie de crise. Chacun doit apporter son soutien à toutes politiques rigoureuses. Ils devront également marquer leur disponibilité à accompagner le Président de la République dans sa démarche de construction. Ils seront résolus à combattre toutes initiatives jurant avec ces perspectives. Les différentes déclarations politiques devront être communiquées au Chef de l’Etat ; elles lui serviront de support à l’action gouvernementale.
Le nouvel exécutif doit être composé sur des bases objectives, dans un esprit d’unité, mettant en avant des compétences réelles pour occuper des fonctions au sein du Gouvernement. Chaque groupe parlementaire pourrait proposer au Chef de l’Etat des personnalités compétentes parmi lesquelles lui et son Premier ministre choisiront les Ministres, en tenant compte des équilibres politiques. Cette équipe dotée de solides compétences et formée sur un socle d’unité nationale concevra sa déclaration de politique générale pour faire face aux priorités du pays en tenant compte des déclarations des groupes parlementaires. Les débats au Parlement sur cette politique seront ainsi menés en toute indépendance avec un vote qui sera d’autant plus conforme que les soucis de chacun auront été pris en compte. La conduite de la politique de la Nation se fera ainsi avec un Parlement qui jouera pleinement son rôle, en toute objectivité et en toute indépendance. Cela confèrera toute son originalité à cette nouvelle donne politique.
Les députés ne devront plus travailler en fonction de leur posture politique mais en prenant en compte prioritairement l’intérêt national, respectant les principes de leurs déclarations politiques. Ce consensus est possible eu égard aux alliances constituées. Les questions orales ou écrites, les interpellations éventuelles du Gouvernement ou encore les propositions de Loi des parlementaires doivent être engagées dans l’intérêt exclusif de leurs mandants et de la nation. L’Assemblée Nationale deviendra ainsi l’Institution de contrôle de l’exécutif par excellence ! Elle ne le suivra plus aveuglément, ne votera plus sans examen approfondi ni n’avalisera automatiquement les choix faits ailleurs. Cela se fera dans l’intérêt de tous, y compris celui du Gouvernement et du Président de la République.
La rigueur et la vigilance du Parlement améliorent la Gouvernance du pays et accroissent l’efficacité des politiques dont les premiers bénéficiaires sont ceux qui les mènent. La période 2020-2023 pourra ainsi être avantageusement mise à profit pour faire face aux chantiers majeurs du pays. Elle sera plus positive si elle accouchait de résultats positifs. Sans doute, elle impactera la confiance des Maliens en leurs institutions. Elle sera propre à renouveler la conduite des pouvoirs publics et l’évolution de la classe politique. Elle aidera le Chef de l’Etat à terminer au mieux son mandat. Celui-ci devra se convaincre de la nécessité et de la portée de ce contexte politique à dessiner et contribuer à le créer. Notre pays est à la croisée des chemins ; il est menacé dans son existence. Sachons nous élever au-dessus de ces menaces et étrangler les intérêts individuels pour que naisse le dessein collectif ! Réussir ce pari revient à donner des chances politiques et institutionnelles sérieuses au Mali de sortir enfin de la crise. De Moussa MARA
LAYA DIARRA
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