Reconduit sur son fauteuil du Premier ministre le jeudi dernier aussitôt qu’il avait remis sa démission et celle de son Gouvernement, Dr. Boubou CISSE a été chargé à nouveau de décrisper le climat social et politique qui est de plus en plus en ébullition depuis quelques semaines. Cela passerait certainement par la formation d’un Gouvernement d’union nationale avec l’entrée possible des leaders de contestations du M5-RFP, voire plusieurs autres responsables des mouvements et partis politiques qui en composent. C’est dans cette perspective que le Premier ministre, Dr. Boubou CISSE était à Nioro du Sahel pour prendre langue avec le Chérif de la localité et lui solliciter dans la recherche de solution pour l’apaisement du climat sociopolitique du pays.
Il y a seulement quelques jours, l’on avait lâché dans l’air une fausse alerte qui annonçait la présence du Premier ministre chez le Chérif de Nioro du Sahel. Cette visité était présumée la veille de la grande manifestation du 05 juin dernier, organisée par le mouvement troïka, composé de la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO (CMAS), du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et l’Espoir Mali Koura (EMK). C’est finalement hier mercredi 17 juin que Dr. Boubou CISSE a effectué le déplacement chez Cheick Mohamedoun Ould Cheick Hamahoula HAIDARA dit M’Bouillé. Tous les regards étaient donc braqués sur la capitale de la région du Nioro du Sahel. Cela semble de bonne guerre dans ce pays où le climat sociopolitique est très tendu. L’information a été confirmée dans la journée d’hier par la Cellule de Communication de la Primature. Elle a indiqué que le Premier ministre, Chef du Gouvernement, effectue une visite à Nioro du Sahel hier mercredi 17 juin 2020. L’objectif de la visite de Dr. Boubou CISSE était d’échanger avec le Chérif de Nioro du Sahel sur le marasme sociopolitique du Mali. Ce qui explique que cette visite s’inscrit dans le cadre des consultations et concertations entreprises par le Chef du Gouvernement auprès des forces vives de la nation pour une sortie de crise concertée, partagée par tous.
La question qui plane aujourd’hui est de savoir si le Chef du Gouvernement arrivera à convaincre le Chérif de Nioro et surtout d’obtenir de lui l’annulation de la Grande manifestation du vendredi 19 juin 2020. Aussi, Dr. Boubou CISSE serait-il prêt à prendre en compte les instructions de M’Bouillé dans la formation de la nouvelle équipe gouvernementale? Le président IBK aurait-il d’envoyer le Premier ministre pour dire au Chérif que toutes ses propositions de sortie de crise seront acceptées? A défaut de son départ de la Présidence de la République, IBK aurait accepté la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la Cour Constitutionnelle pour décrisper le climat sociopolitique?
Telles sont, entre autres, des questions qui reviennent dans les débats depuis l’annonce de la présence de Dr. Boubou CISSE à Nioro du Sahel. Pourtant, au regard de la menace qui pèse aujourd’hui, aucune concession ne sera de trop pour sauver le président IBK. Selon plusieurs observateurs de la scène politique nationale, aucun scénario, aucune décision ne surprendrait. Du coup, le Premier ministre aurait dans ses valises des propositions tout en étant prêt à accepter celles du Chérif, même si les propositions du leader religieux convergent avec celles du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Si on sait que le Premier ministre se rend à Nioro juste 24 heures après le refus des leaders du M5-RFP de répondre à l’invitation du Chef de l’Etat avant la seconde Grande manifestation du vendredi 19 juin, on peut d’ores et déjà imaginer ce que le Premier ministre y est allé chercher. Comme la dernière fois, malgré toutes les tractations, les initiateurs n’ont pas accepté céder. Et, c’est le même chemin qui se dessine. Un fait est certain : le régime a compris qu’aujourd’hui, seul M’Bouillé est capable de maitriser et de freiner l’Imam Mahmoud DICKO et ses alliés dans la quête de leur objectif. Maintenant, il faut aller vite. Il faut se ruer avant qu’il ne soit trop tard. Il faut sauver ce qui peut l’être encore. Sans concessions, l’on ne réussira jamais.
Boubacar DIARRA
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