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LE RAPPORT D’AMNESTY INTERNATIONAL PUBLIE HIER: LES FORCES SAHÉLIENNES ACCUSÉES D’EXACTIONS SUR PRES DE 200 CIVILS

Dans un nouveau Rapport publié hier mercredi 10 juin 2020, le Mouvement d’Amnesty International accuse les Forces Nationales des trois pays frontaliers du Sahel d’exactions sur près 200 civils. Il s’agit du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois des cinq pays du G5 Sahel qui sont régulièrement attaqués par les groupes armés terroristes et djihadistes, opérant dans la zone des trois frontières “Liptako-Gourma”.  Maintenant la balle est dans le camp des forces accusées de démentir ou de confirmer les faits. 

Selon le Rapport d’Amnesty International rendu public hier 10 juin 2020, au Sahel central, près 200 civils au moins ont été victimes d’exactions commises par les forces de défense et de sécurité. Notons que le présent rapport est publié quelques jours seulement après que l’association Tabital Pulaaku a accusé l’armée malienne d’bus dans le centre du Mali. Ce qui n’est pas toujours confirmé par les autorités maliennes. Ledit Rapport précise que ce ne sont pas les premières exécutions ou disparitions forcées répertoriées au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Le Mouvement d’Amnesty International indique qu’au moins 199 personnes ont été victimes des forces de défense et de sécurité entre février et avril 2020. « Ces chiffres constituent une estimation à la baisse », précise Ousmane DIALLO, chercheur à Amnesty. Depuis le sommet de Pau, la réunion de janvier entre le G5 Sahel et la France, « il y a une volonté de prouver des résultats. Cela se manifeste souvent par des violations commises par les forces de défense et de sécurité », poursuit l’auteur du rapport.

Il y a certainement une pression politique auprès des armées de ces trois pays et cela se traduit naturellement par un relâchement de leur méthode opératoire notamment en ce qui concerne le respect du droit humain et le droit international humanitaire… Un nouveau document fait écho à un autre plus ancien rédigé en avril par la division des droits de l’homme de la Minusma. Ce document accusait les armées maliennes et nigériennes de violences contre les civils, a-t-il ajouté. Selon ses constats, les exactions dans le Sahel semblent donc augmenter.

Au Mali, vendredi, une association, Tabital Pulaaku, pointait du doigt l’armée malienne, l’accusant, selon des témoignages, d’avoir incendié un village du centre du Mali.

Les autorités reconnaissent un bilan de 29 villageois décédés. Mais selon un communiqué « les auteurs n’ont pas été clairement identifiés ». Le Mouvement International de Défense des droits de l’homme a signalé que certains des homicides commis s’apparentent à des exécutions extrajudiciaires, et des personnes déplacées internes font partie des victimes. Ainsi elle appelle les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger à mettre un terme à l’impunité concernant les violations régulièrement commises par leurs forces de sécurité contre des populations non armées, et à veiller à ce que les opérations militaires soient conformes aux droits humains et au droit international humanitaire. Au Mali et au Burkina Faso, où la situation est celle d’un conflit armé non international, les homicides délibérés de civils non armés par les forces de sécurité pourraient être constitutifs de crimes de guerre, a-t-il indiqué.

« L’insécurité règne au Sahel, où la population est piégée entre les attaques des groupes armés et les opérations militaires en cours. On sait que l’armée procède à chaque fois à des dizaines d’arrestations arbitraires, et que certaines des personnes arrêtées ne réapparaissent jamais. Mais on ignore l’ampleur réelle des violations commises par les forces de sécurité », a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale d’Amnesty International. Jusqu’à présent, l’engagement des gouvernements des trois pays pointés du doigt promettant de remédier à ces violations n’ont pas été suivis d’effets. Les autorités de ces pays doivent de toute urgence enquêter de manière rigoureuse sur ces violences, qui pourraient constituer des crimes de guerre pour la plupart. Elles doivent veiller à ce que la population soit protégée pendant les opérations militaires contre des groupes armés, a informé ledit Rapport. Et de dénoncer les violations commises dans le cadre de la réponse militaire à l’insécurité au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ces trois pays étant confrontés à la menace de groupes armés tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique au grand Sahara (EIGS).

Des villageois arrêtés et exécutés illégalement au Mali

Au Mali, l’armée a lancé des opérations de grande ampleur dans les communes de Diabaly et de Dogofry, dans la région de Ségou. Ces opérations ont donné lieu à diverses violations des droits humains à la suite d’attaques de groupes armés contre les forces de sécurité. Amnesty International a pu confirmer au moins 23 cas d’exécutions extrajudiciaires ou d’autres homicides illégaux et 27 arrestations arbitraires suivies de disparitions forcées aux mains de l’armée malienne dans les communes de Diabali et de Dogofry, entre le 03 février et le 11 mars 2020.

Exécutions extrajudiciaires au Burkina Faso

Amnesty International a aussi recueilli des informations faisant état de violations flagrantes des droits humains commises par les forces de sécurité du Burkina Faso entre mars et avril 2020. Dans au moins deux cas, les forces de sécurité ont soumis des personnes à des disparitions forcées dont des personnes déplacées internes, avant de les tuer. La structure internationale a signalé que 31 habitants de Djibo dont 10 personnes déplacées, ont été arrêtés et exécutées le 09 avril 2020 par le Groupement des forces antiterroristes (GFAT). Le 20 avril, le Gouvernement a reconnu que des exécutions extrajudiciaires avaient eu lieu.

Plus de 100 villageois victimes de disparitions forcées au Niger

Au Niger, 102 habitants de la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, ont été arrêtés et soumis à une disparition forcée par l’armée dans le cadre de l’opération Almahou entre le 27 mars et le 02 avril 2020. Des témoins ont dit à Amnesty International que, entre le 27 et le 29 mars, 48 personnes avaient été arrêtées par des soldats nigériens alors qu’elles se rendaient au marché à Ayorou ou qu’elles en revenaient. Les 54 autres ont été arrêtées par les forces de sécurité dans plusieurs villages le 02 avril. La répression militaire a contraint de nombreuses personnes à fuir vers les zones urbaines pour s’y mettre en sécurité, a-t-il dit. Selon le Mouvement Amnesty International, les autorités du Mali, du Niger et du Burkina Faso doivent mettre un terme aux homicides illégaux et aux disparitions forcées perpétrés par leurs forces de sécurité. Elles doivent faire libérer immédiatement toutes les personnes qui ont été arrêtées ou enlevées, à moins que celles-ci ne soient traduites devant un tribunal et inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi. Elles doivent enquêter sur ces violations et en poursuivre en justice les responsables présumés. L’impunité ne fait qu’engendrer de nouvelles violences et atteintes aux droits humains, a déclaré Samira Daoud. Il est important que les acteurs régionaux et les partenaires internationaux se prononcent fermement contre ces violations et appellent les autorités des trois pays à faire en sorte que toutes les mesures nécessaires soient prises avant, pendant et après les opérations militaires pour éviter de mettre la population civile en danger et empêcher que d’autres violations ne soient commises, a recommandé ledit Mouvement de défense des droits de l’homme.

Boubacar DIARRA  

By |2020-06-11T16:37:58+02:00juin 11th, 2020|INTERNATIONAL, SÉCURITÉ|0 Comments

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