Conformément au chronogramme établi et publié par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, se rapportant à l’élection des députés à l’Assemblée Nationale du Mali du 29 mars 2020, la période de dépôt des candidatures a été close depuis le 13 février 2020 sur toute l’étendue du territoire national. Au regard des candidatures enregistrées, on ne peut que rester coi en découvrant certaines alliances, tant les éléments constitutifs desdites alliances sont, en temps et dans les conditions normales, à l’antipode les uns des autres. Des formations politiques qui ont passé tout le temps à se dénigrer, à se vilipender mutuellement, sont subitement devenues des alliées politiques quitte à transgresser l’éthique au plan du civisme et de l’idéologie qui sont les fondements même de tout parti politique digne de ce nom.
Au nombre de ces alliances, on ne peut plus disparates, il y a surtout celles unissant le RPM, l’ADEMA et l’URD et que l’on rencontre dans bon nombre de circonscriptions électorales à l’occasion des prochaines législatives dont le top départ est annoncé pour le 29 mars 2020. Très nombreux sont les citoyens qui rient sous cape en voyant la constitution de certaines alliances que d’aucuns d’ailleurs qualifient de ‘’contre nature’’, tellement leurs compositions transpirent l’antagonisme idéologique ou politique.
Et pourtant, à bien y disserter, on ne devrait pas tant en vouloir à nos formations politiques pour les liens qu’elles tissent entre elles, spécifiquement à l’occasion des prochaines élections législatives. Les alliances RPM-ADEMA-URD, que l’on retrouve un peu partout dans le cadre des législatives de mars-avril 2020, répondent à un besoin d’accompagnement pour faciliter la mise en œuvre, non seulement du programme présidentiel mais aussi et surtout des résolutions issues du ‘’Dialogue National Inclusif’’. Il est indéniable qu’aujourd’hui les alliances RPM-ADEMA-URD focalisent tant les esprits, du fait que les deux premiers sont de la majorité présidentielle et le troisième est de l’obédience de l’opposition, mais à bien réfléchir sur les raisons de cette union tripartite, on comprendrait aisément que l’objectif visé est plutôt noble surtout quand on se fait une idée des crises latentes qui menacent le microcosme politique malien. C’est à juste raison, lors d’un conclave du RPM tenu les 19 et 20 janvier 2020 à l’Hôtel Maeva de Bamako, que le secrétaire général dudit parti avait édifié l’assistance sur les raisons profondes qui motivent sa famille politique à tisser des alliances avec les autres partis. Pour Me Baber GANO, les alliances que le RPM noue dans toutes les circonscriptions électorales avec d’autres partis politiques ou associations, selon leur ancrage dans la circonscription, sont axées exclusivement sur les critères d’acceptation et d’accompagnement du Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar KEITA, dans la mise en œuvre de son Programme présidentiel et des résolutions du DNI pour un apaisement social, politique et sécuritaire de notre pays.
Si l’on s’en tient aux explications de Me GANO, on serait porté à admettre que toutes les forces politiques ou sociales, même au nombre de celles qui ont boycotté les différentes phases du DNI mais qui adhèrent aux résolutions qui en sont sorties et qui souscrivent à l’accompagnement de la mise en œuvre desdites résolutions, peuvent être des potentiels alliés du RPM pour les législatives du 29 mars 2020.
« Le périmètre de nos alliances n’est ni hermétique ni intangible. Il s’étend à tous les partis politiques, toutes les associations nationales, locales, ou toute autorité traditionnelle, religieuse ou coutumière se soumettant aux résolutions du DNI et qui se l’impose comme feuille de route pour sa mise en œuvre en vue d’accompagner le Président de la République dans la recherche de la paix, de la stabilité et de la cohésion sociale pour le Mali », avait expliqué le secrétaire général du RPM. Si le ministre malien de l’Intégration Africaine et non moins secrétaire général du RPM, Baber Gano, donne pour raisons de l’alliance de sa famille politique avec d’autres partis, le souci d’accompagnement du Président de la République dans sa politique de mise en œuvre des résolutions du DNI, il y a tout de même lieu de se demander, avec de tels arguments, s’il a vraiment réussi à convaincre les citoyens. Pas si sûr, au regard de certaines réactions concernant l’alliance RPM-ADEMA-URD. S’exprimant à propos de cette alliance, Me Mohamed Aly Bathily s’en est allé avec une langue de bois pour dénoncer : « Ces alliances ont pour but de mieux protéger les délinquants financiers de la République. Le comportement de ces partis politiques est un comportement mafieux qui n’a d’autre ambition que de garder le pouvoir de façon pérenne pour continuer à piller les maigres ressources de l’Etat. Quand l’ADEMA, le RPM et l’URD décident d’aller sur la même liste dans la plupart des circonscriptions électorales, cela s’interprète par un vol organisé sur le dos du Peuple. Ils sont tous des fossoyeurs de la République. Ce sont les guéguerres qui ont poussé certains d’entre eux à créer leur propre parti politique. Ce sont des oiseaux de même plumage. Quand leur intérêt est en jeu, ils se mettent ensemble pour le défendre. Sinon comment comprendre qu’un parti politique de l’opposition puisse signer une alliance avec les principaux partis de la majorité. Ces genres de coalitions politiques, que l’on rencontre partout dans le pays, ne sont que des manœuvres politiciennes pour mieux exploiter les Maliens durant les cinq prochaines années ». En tout cas par ces propos, Me Bathily n’a fait que dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
El Hadj Mamadou GABA
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