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LUTTE CONTRE LE TERRORISME DANS LE SAHEL: LE TCHAD RÉAFFIRME SA VOLONTÉ DE RETIRER SES TROUPES

QUELLES EN SONT LES VRAIES RAISONS ?

On se souvient que le 9 avril 2020, le président tchadien Idriss DEBY Itno déclarait qu’ «A compter d’aujourd’hui, aucun soldat tchadien ne participera à une opération militaire en dehors du Tchad ». Ce qui devait signifier en toute évidence que le Tchad, dont le contingent constitue le fer de lance de la Force Conjointe du G5-Sahel, remet en cause le déploiement de ses troupes dans la zone des ‘’Trois Frontières’’.

Le moins que l’on puisse dire est que cette annonce du Président tchadien constituerait un vrai sujet d’inquiétude pour cette Force sous régionale, quand on sait que le contingent tchadien, de par son engagement sans faille dans la lutte contre le terrorisme, constitue un maillon essentiel de la force du G5-Sahel. Il est de notoriété publique que l’armée tchadienne qui est considérée comme l’une des plus efficaces et des plus performantes dans la région, intervient sur différents fronts dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. En effet elle est déployée non seulement dans la zone du lac Tchad avec la Force Multinationale Mixte (FMM) constituée des contingents militaires de quatre pays riverains (Tchad, Nigeria, Cameroun et Niger) pour lutter contre BokoHaram, mais aussi dans le Sahel au sein de la Force Conjointe du G5 composée des armées du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et Tchad.

Au sein de cette force sous régionale, commise à la lutte contre le terrorisme dans le Sahel en général et particulièrement dans la zone dite des ‘’Trois frontières’’, le contingent tchadien joue un rôle de premier ordre.

En plus, il est un allié clé de l’opération française Barkhane. Si d’aucuns parmi les observateurs avaient vu en la décision du Président tchadien, de retirer ses troupes de tous les fronts extérieurs, plutôt une simple saute d’humeur, eh bien le N°1 tchadien a réaffirmé, lors du Sommet du G5-Sahel à Nouakchott (Mauritanie), la volonté pour son pays de retirer ses troupes de toutes les opérations militaires en dehors de ses frontières. Et pourtant au sortir du sommet du G5 à Pau (France), à la mi-janvier 2020, le Tchad avait bel et bien promis le déploiement d’un bataillon dans la zone des ‘’Trois Frontières’’. Effectivement au mois de mars dernier, un bataillon de 480 militaires tchadiens promis à ses partenaires du Sahel était en route pour la zone des « Trois Frontières ». Mais ces hommes ont finalement été rappelés pour l’opération « colère de Bohoma », en riposte à l’attaque de BokoHaram qui a fait une centaine de morts au sein de l’armée tchadienne le 23 mars 2020.

Pour justifier cette décision de retrait des contingents tchadiens de toutes les opérations extérieures, le chef de l’État affirme que la situation sécuritaire n’est pas assurée dans son pays. « La menace autour du lac Tchad demeure persistante avec la montée des eaux. Toute projection hors du territoire ne doit pas se faire au détriment de la sécurité du Tchad », a déclaré Idriss DEBY devant ses pairs lors du sommet de Nouakchott. Face à une telle décision, on devrait vraiment se demander quelles sont les vraies raisons qui ont motivé le retrait des troupes tchadiennes ? En réponse à ce questionnement, on ne serait pas en tort d’imaginer différentes hypothèses.

D’abord on devrait s’interroger sur la situation réelle qui prévaut dans le lac Tchad avec la menace persistante de BokoHaram.

Ensuiteon devrait se demander si le président tchadien n’est pas réellement désespéré par les tergiversations et autres fausses promesses qui plombent la bonne opérationnalisation de la Force Conjointe du G5-Sahel. En tout cas, nombreux sont les spécialistes de l’antiterrorisme dans le Sahel qui disent ne pas être trop surpris par l’annonce du retrait du contingent tchadien étant donné qu’il y a belle lurette, la Mauritanie et le Tchad dont les armées sont aguerries se permettaient souvent de reprocher au Mali, au Niger et au Burkina Faso d’avoir des armées beaucoup moins performantes. Dans la hiérarchie militaire en Mauritanie et au Tchad, on soutient qu’il n’est pas facile de combattre ensemble dans ces conditions-là.

On se souvient que lors du 31ème Sommet de l’Union Africaine (UA) qui s’est tenu les 1er et 2 juillet 2018 à Nouakchott, le Président français Emmanuel MACRON avait déjà tiré sur la sonnette d’alarme en ce qui concerne le manque de confiance qui était perceptible entre les différents contingents des armées nationales qui constituent la Force Conjointe du G5-Sahel. En tout cas, ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute est que, si effectivement le retrait des troupes tchadiennes venait à se concrétiser, la Force Conjointe du G5-Sahel se trouverait alors amputée de sa principale composante et cela pourrait avoir un impact négatif sur cette structure sous régionale de défense et de sécurité.

Une autre raison qui pourrait motiver le retrait des troupes tchadiennes est celle se rapportant à un hypothétique retour de mercenaires tchadiens ayant monnayé leurs services en Libye.

Il semblerait que quelques centaines de combattants seraient déjà revenus dans le Sud libyen, pas loin du territoire tchadien, après le reflux du camp Haftar. En plus il est fort probable que  d’autres mercenaires engagés dans le camp opposé, fassent aussi leur retour vers le Tchad pour raison de non perception de leurs salaires pendant plusieurs mois déjà. Le Président tchadien chercherait-il à se prémunir contre le syndrome malien de 2011/2012 ? Et que pour cela, il lui faudrait avoir présent sur son territoire, l’effectif complet de son armée.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-07-06T16:01:02+02:00juillet 6th, 2020|A LA UNE, ACTUALITE, SÉCURITÉ|0 Comments

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