Depuis l’apparition d’un groupe djihadiste emmené par le prédicateur Amadou KOUFFA en 2015, le centre du Mali est le théâtre de nombreuses violences.Les attaques, souvent suivies de représailles, se sont multipliées. Elles ont pris un tournant intercommunautaire entre les Peuls, les ethnies bambara et dogon. Le vendredi 05 juin 2020, vingt-neuf personnes ont été tuées dans une attaque contre le village de Binedama dans la région de Mopti.
Les Peuls sont souvent accusés d’être proches de groupes ayant des liens avec Al-Qaïda et Daech. Cette perception a conduit à des massacres entre eux et d’autres groupes ethniques, y compris les chasseurs Dogon. Les habitants du village pris pour cibles appartiennent principalement à la communauté peule. Pour l’instant, les autorités n’ont pas pu infirmer ni confirmer le rôle l’armée comme l’évoquent des populations civiles. Cependant, elles promettent de dépêcher une équipe sur le terrain dès le lundi pour constater les faits et faire la lumière sur le drame.
Cette attaque de Binedama survient le jour où l’on a annoncé la mort du leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’Algérien Abdelmalek Droukdal, tué dans le nord du Mali, au cours d’une opération française.
Dans un communiqué signé par le président Abou SOW le 06 juin 2020, l’association Tabital Pulaku a informé le peuple du Mali et la communauté internationale que « les forces armées du Mali (FAMA) se livrent depuis quelques jours à des massacres systématiques des populations civiles peules le long de la frontière avec le Burkina Faso, dans le cercles de Koro et de Douentza». Selon lui, en seulement 72 heures, plus de 40 personnes ont été froidement abattues par les éléments de la FAMA dont deux chefs de village égorgés. Les victimes sont toutes de paisibles populations civiles trouvées et tuées dans leurs villages, sur les marchés ou dans les foires des civils qui n’ont commis pour tout crime que celui d’appartenir à l’ethnie peul. Il est indiqué dans ce communiqué que le vendredi 05 juin 2020, un détachement de l’armée malienne composé de plus de 40 pick-ups lourdement armés s’est rendu dans le village peul de Binédama (Commune de Madougou, cercle de Koro). Après avoir encerclé et investi le village, les militaires ont froidement abattu 29 personnes dont deux femmes (de 70 et de 63 ans) et une fille de 9 ans. Les militaires ont ensuite volontairement incendié toutes les habitations réduisant en cendre quasiment tout le village. Du fait de l’existence de moyens de communication modernes, l’opération militaire a été suivie en quasi direct au Mali et ailleurs.
« Deux jours plus tôt, soit mercredi 3 juin 2020, une autre équipe des FAMa avait pris d’assaut la foire du village de Niangassadiou dans la Commune de Mondoro. Usant d’une stratégie devenue routinière, les militaires ont trié sur la base du faciès 14 forains qui se sont révélés être 8 peuls et 6 Touaregs noirs qu’ils avaient tués» a déclaré le président de Tabitalu Pulaku. Des preuves matérielles de ces forfaits sont disponibles.
Le dimanche 31 mai 2020, une opération similaire avait été tentée contre le quartier peul du village de Diankabou dans le cercle de Koro. Elle a échoué grâce à de nombreuses interventions. Si rien n’est fait, la spirale infernale de la violence continuera.
« A nouveau, Tabital Pulaku Mali prend à témoin l’opinion publique et internationale ainsi que les organisations de la presse que ces deux massacres sont survenus quelques jours seulement après le dernier point de presse que l’association avait tenu le 02 juin 2020 sur les exactions commises par les FAMA contre les populations civiles peules du centre. Malgré les dénégations peu crédibles destinées à sauver la face, voici la suite qui en dit sur les objectifs visés et les moyens utilisés» a-t-il affirmé. Abou SOW a aussi déclaré que « Tabital Pulaku Mali demande qu’une enquête internationale indépendante soit diligentée par les organisations de défense des droits de l’homme et des Nation Unies aux fins d’établir la véracité des faits ».
YOUSSOUF KONATE
Leave A Comment