//MÉDIATIONS POUR UNE SORTIE DE CRISE AU MALI: TROIS CHEFS D’ETAT DE LA SOUS-REGION ENVISAGENT DE PRENDRE LE RELAIS, APRES LA MISSION DE LA CEDEAO

MÉDIATIONS POUR UNE SORTIE DE CRISE AU MALI: TROIS CHEFS D’ETAT DE LA SOUS-REGION ENVISAGENT DE PRENDRE LE RELAIS, APRES LA MISSION DE LA CEDEAO

Les jeudi 19 et vendredi 20 juin 2020, une mission de médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a séjourné à Bamako avec pour objectif, d’apporter sa contribution à la décrispation de la crise sociopolitique que traverse le Mali depuis plus de deux semaines maintenant. De certaines indiscrétions très proches de cette mission de bons offices, les médiateurs de l’organisation sous régionale auraient considéré que c’est plutôt la Cour Constitutionnelle qui serait le principal détonateur de la crise actuelle. A cet effet, ils auraient proposé aux membres de cette institution judiciaire d’ordonner la reprise des élections législatives dans des localités où les résultats font objet de contestations. Bien que ce soit là un des grands points d’achoppement, le ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotique’’ (M5-RFP) n’a pas semblé s’accommoder de cette proposition des médiateurs de la CEDEAO et a persisté dans son exigence de la démission, pure et simple, du Président Ibrahim Boubacar Keïta. « Nous avons salué, bien-sûr, cette mission de bons offices de la CEDEAO mais nous sommes au regret de constater quand même que la CEDEAO a occulté l’ensemble des maux qui lui ont pourtant été exposés » a déploré un des porte-parole du M5-RFP.

On devrait tout simplement comprendre par-là que, malgré la médiation de la CEDEAO, le ver est toujours dans le fruit en ce sens que les contestataires font toujours état de leur insatisfaction quant à leurs revendications concernant essentiellement la démission du Président de la République ou alors, dans une moindre mesure, la dissolution de l’Assemblée nationale et le réaménagement de la Cour Constitutionnelle. Mais concernant cette dernière exigence du M5-RFP, à savoir le réaménagement, ou plutôt la dissolution de la Cour Constitutionnelle, les choses semblent aller d’elles-mêmes, quand on sait que déjà tous les membres de cette institution judiciaire ont démissionné de leur propre chef à l’exception, dit-on, de son président Mme Manassa Danioko. Cette démission collective au sein de la Cour Constitutionnelle signifie-t-elle une autodissolution de cette institution judiciaire qui, au demeurant, est vouée aux gémonies depuis le tripatouillage des résultats des dernières élections législatives dont elle s’est rendue coupable. De l’avis d’un éminent constitutionaliste malien, malgré la démission collective des conseillers de cette cour, cette institution judiciaire existe toujours au plan juridique. Selon ce constitutionaliste, Madame le président de la Cour Constitutionnelle étant le seul membre à ne pas rendre sa démission, il lui incombe alors de saisir sans délai les autorités respectives de désignation des conseillers démissionnaires et leur demander de procéder à leurs remplacements dans les trente (30) jours qui suivent la démission. Manassa pourra-t-elle résister encore à la pression populaire pour espérer se livrer à cet exercice ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où il n’est un secret pour personne que c’est essentiellement elle, Manassa, qui est la cible principale de la levée de boucliers contre la Cour Constitutionnelle. Si de par la démission collective des conseillers de la Cour Constitutionnelle, le problème de la dissolution, ou plutôt du réaménagement, de cette institution judiciaire est en passe d’être résolu, il faut dire qu’en ce qui concerne la dissolution de l’Assemblée nationale, des écueils peuvent encore subsister, bien que certaines dispositions constitutionnelles autorisent le Président de la République à prendre des décisions allant dans ce sens. Il faut dire que la dissolution de l’Assemblée nationale est une mesure qui ne semble pas du tout enchanter le Président de la République pour certaines raisons qui, au fait, ne sont que secret de polichinelle. Toute chose qui contribue naturellement à en rajouter à la colère des protestataires et par ricochet, à les amener à raidir davantage leur position.

Le Président de la République, dans le souci de faire baisser la tension sociale, devrait vraiment s’accommoder de dissoudre cette institution parlementaire dont la légitimité est plus que jamais contestée. Apparemment la mission de la CEDEAO qui a séjourné au Mali les 18 et 19 juin 2020 n’a pas réussi à convaincre le Président de la République de s’accommoder de la dissolution de l’institution parlementaire. En tout cas il ne semble pas pressé de prendre une décision allant dans ce sens, bien que cela soit une condition sine qua non pour faire baisser la tension sociale. Si le Président IBK ne voit pas les choses sous cet angle, ses homologues de la sous-région, quant à eux, sont peut-être persuadés que c’est là un passage obligé pour résoudre la crise.

C’est à cet effet que trois d’entre eux envisagent de venir au Mali, dans les jours à venir, pour rencontrer les différents protagonistes de la crise malienne et tenter d’y trouver une issue favorable. En quelque sorte une mission de haut niveau qui prendrait le relais de celle qu’avait menée la CEDEAO en fin de semaine dernière. Des avis de bon nombre d’observateurs avertis de la scène politique malienne et internationale, ces trois Chefs d’Etat tenteront plutôt de convaincre le Président IBK à prendre, le plus tôt possible, la décision de dissoudre l’Assemblée nationale et cela en vue de calmer les ardeurs des uns et des autres du côté des protestataires. Une espèce de pression sur IBK, pourrait-on dire. Bien sûr qu’il faut s’attendre à ce que cette délégation des trois Chefs d’Etat rencontre aussi Mahmoud DICKO et les représentants du M5-RFP. A ceux-ci la délégation de haut niveau pourrait demander de mettre un bémol à leur exigence de la démission du Président de la République. En quelque sorte, les Chefs d’Etat en mission tenteront de couper la poire en deux, en sorte que chaque protagoniste de la crise y trouve son compte. Espérons tout simplement que cette mission des trois Chefs d’Etat de la sous-région puisse aboutir à une solution idoine à cette crise sociopolitique.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-23T09:56:43+02:00juin 23rd, 2020|POLITIQUE|0 Comments

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