Ce serait une lapalissade que dire, l’avènement de la pandémie du CORONAVIRUS, sous nos cieux, a eu un impact très néfaste sur la vie des ménages maliens. S’il est vrai, de par sa situation d’enclavement et aussi de la faiblesse de son taux d’industrialisation, que le Mali est confronté à tant de difficultés économiques, il n’en demeure pas moins vrai cependant que la pandémie du COVID-19 est venue rendre délétère une situation naguère précaire. Le Chef de l’Etat et le gouvernement se sont rendus à cette évidence et en conséquence, ont décidé de prendre certaines mesures sociales en guise de riposte à l’impact économique défavorable de la pandémie du COVID-19. A cet effet, le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta, s’est adressé à la Nation, le vendredi 10 avril 2020, en annonçant certaines mesures sociales et sanitaires susceptibles de contribuer à amoindrir les effets négatifs de cette pandémie.
Au nombre de ces mesures sociales, le Chef de l’Etat a annoncé :
«… Au niveau national, tout sera mis en œuvre pour que les entreprises locales de textiles, grandes, moyennes ou petites y compris les tailleurs qualifiés puissent produire sur place des millions de masques au profit de la population. Il faut que cela se fasse, car impossible n’est pas malien.
A cet effet, dans le cadre du programme ‘’Un Malien, un masque’’ que j’ai le plaisir d’annoncer qu’une commande spéciale de 20 millions de masques lavables sera livrée à Bamako dans le courant de la semaine prochaine. Le masque est une barrière efficace pour tous. Il a fait sa preuve ailleurs. A défaut d’observer les mesures de distanciation requises, il constitue un irremplaçable moyen de protection… ».
A vrai dire, si les populations maliennes se sont réjouies de ces déclarations du Chef de l’Etat, il n’en demeure pas moins que cet enthousiasme est en passe de devenir mi-figue, mi-raisin et les citoyens n’en finissent pas de se demander, plus d’une douzaine de jours après cette sortie du Président IBK, quid du programme ‘’un Malien, un masque’’ ? Ce questionnement a bien sa part de pertinence dans la mesure où, il faut le dire tout net et sans faux-fuyant, nos autorités publiques, notamment celles politiques, ne bénéficient pas d’une trop grande confiance auprès des populations. Les raisons de ce manque de confiance : les magouilles et autres actes de corruption par lesquels n’en finissent pas de s’illustrer ceux auxquels on confie une parcelle de responsabilité.
Pour l’opinion publique malienne, le Président de la République peut bien initier des mesures pour le bien-être des citoyens, mais c’est au niveau de leur application que des failles apparaissent toujours, sans que l’initiateur (le Président de la République) en soit véritablement informé. C’est eu égard à ce comportement, au demeurant malsain, de nos autorités administratives et politiques que les masses laborieuses émettent des doutes quant à la capacité réelle de nos pouvoirs publics à mener à bien, de façon honnête et désintéressée, le programme présidentiel ‘’Un Malien, un masque’’. Il est d’ailleurs très fort probable, dans les jours ou semaines à venir, que l’on rende obligatoire le port du masque, dans le cadre des actions de riposte au COVID-19. Et pour cela, il faudrait bien que chaque Malienne et chaque Malien soit détenteur de masque et c’est l’Etat qui est chargé de lui en procurer et cela conformément à l’annonce faite par le Président IBK. Il nous est revenu qu’au moment où l’opération ‘’Un Malien, un masque’’ n’est qu’à ses débuts, déjà des magouilles se font jour autour de l’attribution des marchés pour la confection. Il conviendrait, pour plus de transparence dans l’opération de confection des masques, que l’Etat prenne ses responsabilités afin de se passer des services des intermédiaires qui ne sont mus que par la maximalisation de leur gain, surtout quand on sait que les coûts de cette opération nationale sont imputables au budget national.
A y voir plus clair, on concéderait volontiers que le Président de la République a été très bien inspiré en décidant
« Qu’ Au niveau national, tout sera mis en œuvre pour que les entreprises locales de textiles, grandes, moyennes ou petites y compris les tailleurs qualifiés puissent produire sur place des millions de masques au profit de la population… ».
C’est là un marché qui est ouvert à une certaine catégorie de citoyens, notamment les entrepreneurs dans le domaine du textile et aussi les tailleurs qualifiés, pour arrondir leurs pitances. Pour que ces derniers puissent pleinement bénéficier de cette offre de l’Etat, il faut absolument traiter directement avec eux, en se passant des services des intermédiaires. Pour la distribution des masques, lorsque ceux-ci seront prêts, on pourra peut-être cibler des lieux spécifiques, tels que les lieux de culte, les mairies, les marchés, les écoles etc… En ce qui concerne les agents et fonctionnaires de l’Etat ou des collectivités, les masques pourront être stockés au niveau des départements ministériels qui, à leur tour, se chargeront de les distribuer au niveau de leurs services rattachés. En tout cas, tant au niveau de la confection qu’à celui de la distribution, l’Etat doit veiller au grain pour s’assurer de la bonne marche des opérations.
El Hadj Mamadou GABA
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