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MISE EN ŒUVRE DE L’ACCORD D’ALGER: QUAND LA MEDIATION INTERNATIONALE FAIT PREUVE D‘HYPOCRISIE

Ne serait-il pas superfétatoire que dire la Médiation Internationale est un maillon extrêmement important de la chaîne du processus de mise en œuvre de l’Accord d’Alger ? En ses articles 52 et 53, l’Accord d’Alger stipule « La Médiation Internationale, sous l’égide de l’Algérie en tant que chef de file, est le garant politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les parties… Elle joue le rôle de dernier recours au double plan politique et moral en cas de graves difficultés de nature à compromettre les objectifs et but du présent Accord. La Médiation contribue activement au plaidoyer international pour l’application optimale de l’Accord et la mobilisation du soutien nécessaire en faveur du Mali ».

Il est malheureux de constater que depuis près de cinq (5) ans que l’Accord en question a été définitivement signé par toutes les parties prenantes, sa mise en œuvre peine jusqu’à présent à trouver ses marques, au grand désarroi des Maliens. Et cela est de notoriété publique. Pourtant, les origines et les raisons de cette léthargie sont connues de tous et souvent dénoncées du bout des lèvres par la communauté internationale. Mais le plus aberrant, c’est quand la Médiation fait preuve d’hypocrisie en se félicitant des progrès réalisés dans le processus de mise en œuvre de l’Accord. En effet, en amont à la 40ème session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), la Médiation Internationale s’est réunie le jeudi 28 mai 2020 pour examiner l’évolution de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. A l’issue de cette réunion, elle s’est fendue d’un communiqué qui souligne que « Passant en revue l’état du processus de retour plein et effectif de l’Etat (Ndlr : malien) sur toutes les parties du territoire national, la Médiation Internationale a salué l’attachement continu des parties signataires du processus de paix et les appelle à redoubler d’effort en vue d’accélérer la mise en œuvre des engagements de l’Accord, non encore parachevés… ».

Le citoyen ‘’lambda’’ malien tomberait simplement des nues en prenant connaissance de ce communiqué qui est à l’antipode de la réalité sur le terrain. Depuis cinq ans que l’Accord est signé, Kidal reste toujours en dehors de la République et la connivence entre les ex-rebelles touareg et les groupes terroristes n’est un secret pour personne, bien que les articles 1eret 29 de l’Accord disposent : « Les parties, dans l’esprit de la feuille de route, réitèrent leur attachement au respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc… les parties réitèrent leur engagement à combattre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue, y compris à travers les stratégies et mécanismes régionaux existants ».

On serait alors en droit de demander à la Médiation internationale de pointer du doigt un quelconque progrès qu’elle a constaté dans le processus de mise en œuvre des dispositions de l’Accord. L’intégrité territoriale du Mali reste toujours hypothéquée et la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour, tant dans le nord que dans le centre du pays. En vérité, si le processus de mise en œuvre de l’Accord a mis tant de temps pour trouver ses marques, c’est bien à cause des tergiversations et autres faux-fuyants par lesquels n’en finit pas de s’illustrer la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et cela, la Médiation internationale en est bien consciente. Pourquoi alors s’encombrer d’hypocrisie en tentant de faire croire à une quelconque avancée dans le processus, alors qu’en réalité il n’en est absolument rien. Tant que la communauté internationale continuera à caresser les ex-rebelles touareg dans le sens du poil, ces derniers traineront toujours le pas dans l’application des dispositions de l’Accord. Il n’est un secret pour personne que le processus de mise en œuvre de l’Accord s’apparente à une vache laitière pour les dirigeants de la CMA, de par les retombées financières qu’ils y récoltent. Pour cette raison ils s’évertueront toujours à faire en sorte que le processus de mise en œuvre de l’Accord traine le plus longtemps possible. Bien sûr que la Médiation internationale n’est pas dupe de cette prédisposition d’esprit chez les dirigeants de la CMA, mais elle tente néanmoins de faire croire à une avancée qui n’a jamais existé. C’est tout simplement hypocrite.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-03T09:53:39+02:00juin 3rd, 2020|ACTUALITE, SÉCURITÉ|0 Comments

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