La force française déployée dans le Sahel pour mener la lutte contre le terrorisme, Barkhane, a annoncé avoir tué au nord du Mali, dans la nuit du 03 au 04 juin 2020, Abdelmalek Droukdel. M. Droukdel est cet éminent responsable des groupes djihadistes qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne. L’information a été donnée par Florence Parly, la ministre française des armées, qui affirme qu’une opération militaire menée le mercredi 03 juin dans le nord du Mali, par les forces françaises avec le soutien de leurs partenaires, a permis la ‘’neutralisation’’ d’Abdelmalek Droukdel et plusieurs de ses proches collaborateurs. Mais selon les informations véhiculées par l’Agence France Presse (AFP), l’opération en question se serait déroulée au nord-ouest de Tessalit près de la frontière algérienne.

Signalons qu’Abdelmalek Droukdel, en tant que Chef d’AQMI dans la bande sahélo-saharienne, a largement contribué à mettre en place plusieurs groupes djihadistes au nombre desquels le GSIM d’Iyad Ag Ghaly. Pour se convaincre de la véracité de l’annonce de la mort d’une telle figure emblématique du djihad dans le Sahel, il siérait de faire preuve de beaucoup de prudence, même si ladite annonce est de plus en plus confirmée par des sources indépendantes. En effet, suite à l’information donnée par la France à propos de la mort de Droukdel, le Commandement américain en Afrique, AFRICOM, dit en avoir confirmation grâce à des renseignements obtenus indépendamment des français. Quant à ‘’France-24’’, elle cite également une source proche d’AQMI confirmant la mort de Droukdel.

Quoi qu’il en soit, il conviendrait de rester très prudent et conjuguer cette information au conditionnel dans la mesure où, en tout cas, jusqu’à la preuve du contraire, il n’y a eu aucune confirmation de l’identité d’Abdelmalek Droukdel, avec une analyse ADN par exemple.

On sait que le processus de confirmation, par test ADN, d’une identité prend beaucoup de temps alors que la mort de Droukdel n’a été révélée qu’il y a seulement quelques jours. On se souvient qu’en décembre 2018, c’étaient les mêmes troupes françaises qui avaient annoncé la mort probable de Hamadoun Koufa, le chef de la katiba Macina du GSIM, avant que ce dernier n’apparaisse plus tard sur une vidéo. A l’époque, c’était le même Droukdel aussi que l’on donnait pour ‘’neutralisé’’. Toutefois, un long communiqué parvenu à Alakhbar  déclare : «… l’annonce de la mort de Koufa par l’état-major des Armées françaises et ensuite par la ministre française des armées Florence Parly devant leur Assemblée nationale était une tentative d’attirer l’attention de la rue française sur les réalisations du gouvernement français et plus précisément dans le Sahel et au Sahara“. En annonçant la mort de Koufa, la France espérait créer une lueur d’espoir pour un peuple épuisé par une fiscalité qui continue à grimper et une armée qui s’enlise dans le désert brûlant sans objectif, excepté enrichir une élite corrompue… ».

Au-delà de cette prudence dont on doit faire preuve sur la mort de Droukdel, on se poserait aussi la question de savoir quel pourrait être l’impact de cette mort pour le réseau djihadiste AQMI et sa filiale du GSIM dans le Sahel ?

En réponse à cette interrogation, on peut se convaincre qu’il ne se fait l’ombre d’aucun doute que ce serait un coup extrêmement dur porté à AQMI dans le Sahel. En effet la cohésion au sein de la nébuleuse djihadiste pourrait bien pâtir de la mort de Droukdel, si celle-ci venait à se confirmer. Mais il ne faut cependant pas perdre de vue que les différentes filiales du groupe travaillent de façon très autonome et non de manière formelle. Il est vrai qu’au nom de ce principe de liberté d’actions, IyadAg Ghaly et son groupe, le GSIM, ont une autonomie qui leur permet d’agir sans forcément en référer à AQMI. Mais quoi qu’il arrive, la mort d’Abdelmakek Droukdel aura un impact réel sur le terrain, à court ou à moyen terme.

El Hadj Mamadou GABA