L’EMK VOUDRAIT-IL FAIRE CAVALIER SEUL ?
Ces derniers temps, nombreux sont les observateurs de la scène politique malienne qui s’accordent à constater que la cohésion au sein du ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP), est de plus en plus hypothéquée. Un tel constat tient essentiellement du fait que les principales têtes d’affiche de ce mouvement de contestation semblent avoir des approches différentes quant à la conduite à adopter pour la suite des actions.
D’un côté on retrouve ceux que l’on peut appeler ‘’les modérés’’ : ils ne font plus de la démission du Président de la République une exigence absolue ; et de l’autre côté les ‘’radicaux’’ qui persistent et signent en ne jurant que par le départ d’IBK. Pour ces derniers, il faut absolument tout mettre à plat et amorcer un nouveau départ pour le pays. Nous savons que depuis le déclenchement de la crise sociopolitique, sous nos cieux, nombreuses ont été les missions de bons offices, tant au niveau national que sous régional, qui se sont impliquées pour amener les différents protagonistes à faire des concessions mutuelles en vue d’une résolution de la crise. Force est de constater que lesdites missions ont largement contribué à faire baisser la tension du côté de la grande majorité des contestataires, même si une frange, au demeurant minoritaire, persiste dans la radicalité.
Il faut dire que du côté des ‘’modérés’’, au lieu d’une exigence absolue de la démission du Président de la République, on voudrait plutôt une transition politique mais avec à la tête de l’Etat, le Président IBK. Ce qui amènera un membre du M5-RFP à confier à un confrère de la place : « Aujourd’hui, nous avons voulu accepter le dialogue grâce à la médiation de certains partenaires. Mais ce dialogue se fera sur la base des propositions du M5-RFP. Je pense que l’exigence de la démission du Président IBK n’est plus à l’ordre du jour. Les positions sont en train d’évoluer et je fais partie de ceux qui estiment qu’il faut maintenir IBK au pouvoir, mais avec des conditions qui seront certainement déterminées après ». D’autre part, au regard des péripéties de la crise subséquente à la levée de boucliers contre le régime en place, il est aisé de constater que les deux figures emblématiques de la contestation, que sont les leaders religieux Mahmoud DICKO et le Chérif de Nioro, semblent revenus à de meilleurs sentiments quant à leurs prises de positions contre le pouvoir d’Etat. S’il est vrai que jusque-là, les radicaux du ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) ne démordent pas de leur exigence de la démission du Président de la République, il faut aussi reconnaitre que Mahmoud DICKO, le parrain dudit mouvement, n’a non seulement jamais cautionné, en tout cas publiquement, cette exigence mais aussi il a toujours appelé à des manifestations pacifiques.
De son côté, le Chérif de Nioro aussi semble opter pour d’autres alternatives de sortie de crise, en lieu et place de l’exigence de la démission du Président IBK.
C’est ainsi que, le 26 juin 2020, lors de son sermon à l’occasion de la prière hebdomadaire de vendredi, cet imam ‘’hamaliste’’ a fait des propositions, tout en se gardant de piper mot sur la démission du Président de la République. A l’opposée de ce courant des ‘’modérés’’ du M5-RFP, on retrouve celui des ‘’radicaux’’ dont le fer de lance semble être l’ ‘’Espoir Mali Koura’’ (EMK) de Cheick Oumar SISSOKO. Le dimanche 28 juin 2020, ce dernier a profité d’une émission radiodiffusée pour donner la position de son mouvement face à la crise que le Mali traverse en ce moment. A cette occasion, le président de l’EMK a soutenu que ceux qui trouvent qu’il serait judicieux de laisser IBK finir son quinquennat pour réclamer le changement n’ont toujours pas compris que le Mali est au bord du gouffre et continuera 03 ans de plus dans cette situation.
Et de déplorer les incohérences, non seulement dans la déclaration du M5-RFP et aussi dans le discours tenu par l’Imam Mahmoud DICKO, lors de la manifestation du 19 juin dernier.
Selon cet ancien ministre des Arts et de la Culture, il ne siérait nullement, après ses deux sorties plus ou moins ratées, que le M5-RFP baisse les bras à plus forte raison qu’il abandonne son principal objectif qu’est la démission pure et simple du Président IBK. D’autre part, s’agissant de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, le leader du l’EMK trouve que cela n’est que de la mascarade destinée à faire taire ceux qui se sont soulevés contre le régime pour sa mauvaise gouvernance. Comme pour enfoncer le clou, Cheik Oumar SISSOKO dira « le drame est que même si le président démissionnait aujourd’hui, le M5-RFP ne saurait pas comment conduire la transition. Aucun plan n’est prévu dans ce sens ». On se souvient par ailleurs que pour se désolidariser de la prise de position des ‘’modérés’’ du M5-RFP, le mouvement de Cheick Oumar SISSOKO avait projeté de battre le pavé. Mais aux dernières nouvelles cette manifestation a été annulée. On voit bien que la position de l’EMK jure avec celle des autres composantes du M5-RFP et c’est à juste raison que nombreux sont les citoyens qui se demandent si l’EMK n’est pas en posture de faire cavalier seul. Pour la réponse à ce questionnement, attendons de voir la suite des évènements.
El Hadj Mamadou GABA
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