Il est de notoriété publique que sous nos cieux, le microcosme politique est tout simplement devenu un terreau très fertile pour l’opportunisme. A telle enseigne que de nos jours, sous nos cieux, les actions dans le champ politique ne sont plus posées ou menées suivant des convictions idéologiques ou des raisons politiques. Si la logique républicaine voudrait que l’arène politique soit le lieu des débats et des confrontations d’idées, chez nous l’arène politique s’apparente plutôt à une jungle à l’intérieur de laquelle il faut tout faire pour vilipender l’adversaire.
Naturellement, pour avoir le dessus dans cette jungle, les protagonistes n’aspirent à s’imposer que par l’effectif de leurs partisans. Toutes les mouvances politiques au Mali s’inscrivent dans cette logique qui consiste à enregistrer dans leurs rangs le maximum de partisans, peu importe que ce soit des militants engagés ou pas. Les différentes associations et autres organisations de la société civile qui s’agitent autour de la galaxie politique malienne, quant à elles, n’en demandent pas mieux dans la mesure où elles peuvent toujours tirer profit de leurs ralliements respectifs à un quelconque des bords politiques. C’est ce qui fait qu’il n’est pas rare de voir des associations et organisations de la société civile mouiller la maillot lors de manifestations organisées par une quelconque mouvance politique, mais cela ne les empêche nullement de louer leurs services à un autre courant qui soit diamétralement opposé à la mouvance pour laquelle elles avaient mouillé le maillot auparavant. Pourvu que leur nouveau solliciteur s’accommode de mettre en jeu une forte rétribution en espèce.
En tout cas c’est cette image négative qui colle à nos associations et organisations de la société civile face à l’action politique.
C’est justement fort de cette réalité incontestable que nombreux sont les observateurs de la scène politique qui se demandent, face à la mise en orbite d’une nouvelle plateforme dénommée ‘’Convergence des Forces Républicaines’’ (CFR), s’il s’agit en réalité d’une sincère volonté de défendre la République ou plutôt d’un simple opportunisme, comme nous avons coutume de le voir dans le champ politique de notre pays ? En tout cas, face à un mouvement de contestation parrainé par l’imam Mahmoud DICKO et qui réclame la démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, la plateforme CFR a annoncé au cours d’une rencontre, le dimanche 21 juin 2020, sa volonté de soutenir les institutions de la République. Une façon de s’opposer aux revendications du ‘’Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces Patriotiques’’ (M5-RFP) qui en appellent essentiellement à la démission de la première institution du pays qu’est le Président de la République. La plateforme CFR, plutôt proche de la majorité présidentielle, reconnaît tout de même qu’une crise politique s’est installée et que pour la résoudre, il siérait absolument de passer par le dialogue.
A cet effet, Fatoumata Sako dite ‘’Djina’’ coordinatrice adjoint de la plateforme CFR a déclaré sur les ondes de Rfi :« Nous nous battons pour les principes républicains, nous défendons donc les institutions de la République dont la première est le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a été élu démocratiquement et cela sans aucune ambiguïté. La seule voie possible pour sortir de la crise actuelle est celle du dialogue. Nous n’avons d’autre choix que de dialoguer ». Si d’aucuns parmi les observateurs ont jugé de bonne guerre la mise en orbite de la plateforme ‘’Convergence des Forces Républicaines’’ (CFR) pour défendre les institutions de la République, d’autres par contre restent très sceptiques quant à la volonté réelle et sincère de ses acteurs à œuvrer pour cette cause, pourtant noble.
Le scepticisme de ces observateurs tient surtout du fait que l’opportunisme a tellement pignon sur rue dans notre arène politique, que finalement on n’arrive plus à séparer le bon grain de l’ivraie.
Et puis après tout, il ne faut surtout pas se leurrer, en pensant que la plateforme CFR pourrait faire tâche d’huile en tentant de contrecarrer, de quelque manière que ce soit, la contestation en cours et dont la principale exigence est la démission du Président de la République. Mais comme l’a si bien dit Fatoumata Sako dite ‘’Djina’’, ” La seule voie possible pour sortir de la crise actuelle est celle du dialogue. Nous n’avons d’autre choix que de dialoguer’’, faudrait-il alors se demander si la plateforme CFR réussira à convaincre le M5-RFP d’accepter de dialoguer pour une issue favorable de cette crise. Le doute est permis à ce niveau étant donné que ce front de contestation pourrait bien se targuer de sa position de force dans la crise, pour fermer la porte à toute négociation. Mais attendons pour voir”.
El Hadj Mamadou GABA
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