C’est un secret de polichinelle que dire, malgré le ressentiment qu’éprouvent les Maliens dans leur majorité écrasante à l’endroit des groupes djihadistes qui sévissent au Mali, les relations de bonne entente et de respect mutuel entre l’ex-Président du HCIM, l’Imam Mahmoud DICKO, et certaines têtes couronnées de la nébuleuse djihadiste, ne se sont pour autant pas rompues. Bien au contraire, au regard de certains faits récents, tout permet de se faire à l’idée que les chefs djihadistes, notamment Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Koufa, vouent un très grand respect à la personne de l’Imam DICKO. En effet, on se souvient que le samedi 29 février 2020, lors d’un meeting qu’il a animé, l’Imam DICKO s’était adressé aux chefs djihadistes en ces termes : «…Je sais qu’ils m’entendent, le pays a trop souffert, les Maliens ont trop souffert, il y a eu trop de morts, trop de sang versé, je lance un appel à Iyad ag Ghali et Hamadoun Koufa. Ils prétendent se battre au nom du prophète.
Si cela est vrai, je leur demande d’arrêter» comme pour inviter ces derniers à une table de négociation. Le moins que l’on puisse dire est que cet appel avait été entendu par les chefs djihadistes qui n’avaient pas tardé à y donner une suite favorable. En effet, seulement deux semaines après cet appel lancé par l’Imam DICKO, plus précisément le lundi 16 mars 2020, la coalition djihadiste ‘’Al Qaïda au Maghreb Islamique’’ (AQMI) s’était fendue d’un communiqué pour signifier son acceptation de trêve, conformément à la demande faite par l’imam Mahmoud DICKO lors du meeting organisé par la CMAS le 29 février 2020. Dès lors, il avait été constaté sur le terrain, une diminution significative des attaques terroristes dans les localités du centre et ceux du septentrion du Mali. D’ailleurs, c’est dans ce contexte d’accalmie, au demeurant fragile, qu’est intervenu le rapt de Soumaïla CISSE et de ces compagnons, dans la région de Tombouctou entre Saréféré et Coumaïra, deux localités de la circonscription électorale de Niafounké.
Si depuis le rapt du chef de file de l’opposition malienne, les supputations ne font qu’aller bon train quant à l’identité de ses ravisseurs et aussi sur son lieu de captivité, le Président IBK a pourtant donné certaines assurances à ce propos.
En effet, lors de sa rencontre avec les forces vives de la nation le 16 juin 2020 au CICB, le chef de l’Etat a déclaré à propos de Soumaïla CISSE : « Il est en vie et nous avons des preuves de sa vie. Des efforts sont en cours pour obtenir sa libération dans les plus brefs délais. Nous savons qui sont ses ravisseurs et les contacts sont établis avec eux». Rappelons que sur instructions du Président de la République, le gouvernement avait mis en place une cellule de crise pour rechercher les voies et moyens susceptibles de conduire à une libération rapide de l’otage. Et parallèlement à cette structure gouvernementale, l’URD aussi avait mis en orbite sa propre cellule de crise. Mais malheureusement, serait-on tenté de dire, toutes ces deux structures semblent patauger alors que l’opinion nationale trépigne d’impatience pour la libération effective du Président de l’URD. Face à ce semblant de léthargie des deux cellules de crise, nombreux sont les citoyens qui focalisent leurs esprits sur l’imam Mahmoud DICKO en se convainquant que si ce dernier s’impliquait personnellement pour la libération de Soumaïla CISSE, il pourrait vraiment aboutir à des résultats satisfaisants. Cette conviction des citoyens n’est pas fortuite, loin s’en faut. C’est compte tenu du grand respect que les chefs djihadistes vouent en la personne de l’imam DICKO.
Ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute, est que l’intervention de l’Imam Mahmoud DICKO apporterait, à coup sûr, des résultats positifs car il est impensable que des chefs djihadistes comme Iyad et Koufa puissent refuser de satisfaire à une demande faite par l’imam DICKO.
Pourquoi alors les autorités publiques ne mettraient-elles pas à la disposition de l’imam DICKO, les moyens nécessaires pour lui permettre de s’investir personnellement dans les négociations avec les ravisseurs de Soumaïla ? Les pouvoirs publics maliens devraient vraiment envisager une telle option en mettant l’Imam DICKO en mission officielle pour négocier la libération du chef de file de l’opposition. Surtout que le chef de l’Etat ne se lasse pas de dire que la libération de Soumaïla CISSE est une de ses priorités et en plus il a donné l’assurance que l’identité des ravisseurs de Soumaïla est connue. Et puis après tout, l’imam DICKO a déjà fait ses preuves dans les négociations en vue d’obtenir la libération de soldats maliens qui étaient en otages aux mains des djihadistes. Toute chose qui plaide en sa faveur et qui devrait motiver les autorités du pays à lui confier, de façon officielle, les rênes d’une mission de négociation auprès des ravisseurs de l’honorable député de Niafounké.
El Hadj Mamadou GABA
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