Le moins que l’on puisse dire, en prêtant une oreille attentive à l’opinion publique malienne, est que l’enlèvement, le 25 mars dernier, de Soumaïla CISSE et de la délégation qui l’accompagnait dans le cercle de Niafounké pour des besoins d’une campagne électorale, n’a laissé personne indifférent. Tant au niveau des organisations de la société civile, de la classe politique, qu’à celui des pouvoirs publics, des initiatives ont fusé de partout avec pour objectif focal, la libération des otages en question.
Ainsi à la suite immédiate de ce rapt, outre les initiatives privées qui ont été prises par certains leaders d’opinion en présence sur le terrain, la famille politique à laquelle appartiennent les ‘’infortunés’’, autrement dit le parti ‘’Union pour la République et la Démocratie’’ (URD) a, elle-aussi, mis en place une cellule de crise en assignant à celle-ci, le rôle de trouver les voies et moyens pouvant conduire, le plus rapidement possible, à la libération des otages. A cet effet d’ailleurs, nous devons une fière chandelle au maire de Koumaïra, Amadou Kalossi et son 2ème adjoint qui n’ont ménagé aucun effort pour obtenir des ravisseurs, dans la nuit du 02 au 03 avril 2020, la libération de cinq (5) des otages, avant que s’en suive l’élargissement à 03 autres, portant ainsi à huit (8), l’effectif total des otages libérés.
Signalons qu’au cours de l’opération de rapt, le garde du corps du leader de l’URD a essuyé un tir à bout portant et il en est décédé. Deux autres membres de la délégation ont été grièvement blessés et les ravisseurs ont autorisé leur évacuation dans un centre de santé. Tout compte fait, on retiendra que sur les douze personnes qui constituaient la délégation, seule Soumaïla CISSE est resté en captivité auprès de ses ravisseurs. Fort des informations données par les membres de la délégation, après leur libération par les ravisseurs, on s’était vraiment convaincu que la libération de Soumaïla aussi serait imminente.
En tout cas, des signes prémonitoires l’auguraient bien. Mais malheureusement certains faits sont venus compromettre le processus de négociation tel qu’il avait été entamé par les négociateurs. Dans la nuit du lundi 13 avril au mardi 14 avril dernier, des combattants de l’organisation État islamique au Grand Sahara (EIGS), conduits par le chef Djihadiste nigérien, Moussa Moumouni ont attaqué une position des combattants du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM). Or il se trouve malheureusement que Soumaïla est en captivité auprès de ce groupe Djihadiste qui, toutes affaires cessantes, doit faire face en toute priorité à cette attaque. C’est essentiellement pour cette raison majeure que les ravisseurs de Soumaïla ont décidé de suspendre toute négociation de libération.
A bien analyser la question, on concéderait volontiers que le GSIM à des raisons valables pour suspendre les négociations, dans ce moment très préoccupant pour lui. Bien que les hommes d’Iyad aient réussi à repousser cette attaque perpétrée par l’EIGS, il n’en demeure pas moins qu’il y a eu beaucoup de morts dans les deux camps. Certaines sources ont affirmé que les combattants de l’EIGS, dans leur retraite, s’en sont pris aux populations civiles en tuant sans discernement de nombreuses personnes. Après cette dure épreuve, on devrait se demander si le calme est suffisamment revenu dans le cœur des Djihadistes du GISM pour leur permettre de s’accommoder de la reprise des négociations pour la libération de Soumaïla ?
Ce questionnement n’est pas fortuit dans la mesure où l’Ex-Président du HCIM, Mahmoud DICKO a été aperçu à Tombouctou ces derniers jours-ci. Ne serait-il pas dans le but express de reprendre le dialogue avec les ravisseurs de Soumaïla ? En tout cas nombreux sont les observateurs qui le pensent. On se souvient que le mercredi 1er avril courant, une délégation du‘’Font pour la Sauvegarde de la Démocratie’’ (FSD) conduite par monsieur Choguel Kokalla MAIGA, s’était rendu chez l’imam DICKO pour solliciter l’implication de ce dernier dans les négociations. En réponse à cette sollicitation, le très respecté et éclairé Imam DICKO avait exprimé sa disponibilité pleine et entière à s’associer à toutes actions allant dans ce sens. En tout cas, si la récente visite de l’Imam DICKO à Tombouctou s’inscrit dans le cadre de la reprise des négociations avec les ravisseurs, c’est toute la nation malienne qui lui souhaite un plein succès dans cette œuvre.
El Hadj Mamadou GABA
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