Ce serait une lapalissade que dire, l’enlèvement de Soumaïla CISSE par des hommes armés non encore identifiés dans le cercle de Niafounké est venu en rajouter à une situation naguère délétère dans le microcosme politique malien. En vérité, bien avant ce malencontreux rapt, les différents protagonistes de l’arène politique malienne ne se vouaient pas une grande sympathie réciproquement. Compte tenu de cette espèce d’inimitié par laquelle s’illustre notre classe politique, on comprendrait alors aisément la réaction du ‘’Front pour la Sauvegarde de la Démocratie’’ (FSD), suite à l’enlèvement de son leader Soumaïla CISSE. On se souvient que suite à ce rapt, le FSD s’était fendu d’un communiqué, le jeudi 26 mars 2020, dans lequel il n’est pas passé par quatre chemins pour déclarer qu’il tient le gouvernement pour seul et unique responsable de ce drame et en conséquence a exigé que ce dernier mette tout en œuvre pour ramener Soumaïla sain et sauf.
Quoi qu’il en soit et bien que l’état d’âme du FSD puisse être jugé de bonne guerre, il y a tout de même lieu de reconnaitre que la résolution du problème de rapt du Chef de file de l’opposition politique malienne requiert que les choses soient considérées avec plus de discernement. D’ailleurs il est de notoriété publique que certaines actions ont été envisagées dans ce sens. En effet, sur initiative du Président de la République, le gouvernement a été instruit de mettre sur pied une cellule de crise pour œuvrer à la libération de Soumaïla CISSE et à cet effet le pouvoir exécutif national avait donné l’assurance que tout sera mis en œuvre pour parvenir à ladite libération. Aussi, indépendamment de la cellule de crise instruite par le Président de la République et placée sous l’autorité du gouvernement, le FSD, lui aussi, s’est mis en posture d’entreprendre des démarches pour la même raison, à savoir obtenir la libération du président de l’URD. A cet effet, ce regroupement politique de l’opposition a, lui-aussi, mis en place sa propre cellule de crise. Pour s’assurer une meilleure conduite de ses démarches, le FSD avait même sollicité de l’Imam Mahmoud DICKO, son implication dans d’éventuels pourparlers auprès des ravisseurs. On voit donc clairement que le gouvernement et le FSD visent le même objectif, à savoir la libération du célèbre otage.
Mais malheureusement, serait-on tenté de dire, depuis la mise en place de ces deux cellules de crise, les choses semblent stagner tant du côté gouvernemental que de celui du FSD.
Ce semblant de léthargie tiendrait-il d’une obligation de discrétion en pareille circonstance ? En tout cas le moins que l’on puisse dire, vu le grand silence qui entoure cette affaire de rapt, est que le peuple malien est vraiment dans l’expectative. Depuis l’annonce de la mise en place de ces deux cellules de crise, aussi bien les autorités publiques que les dirigeants du FSD ont fait le black-out total sur la situation de l’honorable Soumaïla CISSE. Il a fallu que le Président IBK donne l’assurance que les ravisseurs sont connus et que des discussions sont en cours avec eux, pour que l’URD et le FSD reprennent de grands tapages médiatiques autour de la situation de leur président en captivité. Encore lors de son adresse à la nation du 11 juillet 2020, le Président IBK a démenti les informations selon lesquelles l’honorable Soumaïla serait mort et avait rassuré que ce dernier sera de retour bientôt. Etant donné qu’en moins d’un mois, le Chef de l’Etat a donné à deux reprises des assurances sur Soumaïla, les responsables du FSD et singulièrement ceux de l’URD trouvent que l’attente devient trop longue.
A cet effet et comme pour intensifier sa pression sur le Président IBK, la famille politique du célèbre otage s’est fendu d’un communiqué dans lequel on peut lire : « S’agissant de la libération de l’honorable Soumaïla CISSE, l’URD invite Ibrahim Boubacar Keïta à passer des discours incantatoires dépourvus d’espoir aux actions concrètes. L’honorable Soumaïla CISSE doit être immédiatement libéré ! ».
Ne devrait-on pas voir à travers cette espèce d’injonction de l’URD à l’endroit du Président IBK, une inconvenance pure et simple ?
Ce n’est pas parce que le Chef de l’Etat a donné des assurances sur Soumaïla qu’il faille nécessairement le harceler. Si tant est que la résolution du problème de rapt de l’honorable CISSE était aussi simple, on devrait alors se demander quid des activités de la cellule de crise du FSD ? Qu’est-ce que cette cellule en question a pu faire de bon depuis sa mise en place ? La cellule de crise du FSD a-t-elle pu avoir, ne serait-ce, de simples informations sur l’identité des ravisseurs ou sur le lieu de captivité de l’otage ?
Alors sachons raison garder devant l’adversité. On sait que la cellule de crise du FSD avait voulu jeter l’anathème sur le régime IBK en faisant appel au service de l’Imam Mahmoud DICKO pour conduire les négociations en vue de la libération de l’otage. Ce recours à l’Imam DICKO s’est-il avéré infructueux pour que l’URD en revienne à tenter d’exercer une pression sur le Président IBK ? En tout cas, au lieu de s’encombrer de tapages inutiles en tentant d’accuser le Président IBK et son régime de tous les péchés d’Israël, l’URD et le FSD gagneraient plutôt à œuvrer pour une très étroite collaboration entre leur cellule de crise et celle gouvernementale.
El Hadj Mamadou GABA
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