La désobéissance civile, déclenchée depuis le vendredi 10 juillet 2020 a abouti à des tueries, des interpellations, des pillages et saccages des lieux publics et privés. Elle a fait tanguer aujourd’hui le pouvoir du président Ibrahim Boubacar KEITA. Puisqu’on connaît bien les raisons de cette crise sociopolitique, alors, les remèdes sont aussi connus. Le climat pourrait être détendu si les uns et les autres le souhaitaient. En ce moment, Moussa TIMBINE, président de l’Assemblée Nationale, détient l’une des clés de la solution. Mais est-il prêt à se sacrifier pour son “père spirituel » ?
Pour rappel, l’honorable Karim KEITA, élu pour une deuxième fois dans la circonscription en Commune II a pris une décision responsable avant-hier. C’était dans la perspective de contribuer à l’apaisement du climat sociopolitique que l’on sait très tendu ces derniers jours. L’un des fils du président IBK a rendu sa démission. Il était Président de la Commission Défense nationale, Sécurité et Protection civile. Par ce geste, qui signe du sacrifice, Karim KEITA veut-il sauver le pouvoir de son père ? Quel esprit l’a motivé à prendre une telle décision ? A-t-il peur de se rapprocher désormais des militaires sur le terrain ? Quittant la présidence de cette Commission, Karim KEITA vient-il de dévirginiser la voie à son frère Moussa TIMBINE pour, ensemble, sauver le pouvoir du “Papa Commun”, Ibrahim Boubacar KEITA ?
Telles sont quelques-unes des interrogations qui pleuvent depuis que la nouvelle est tombée. Mais l’Honorable a tenté de justifier sa décision en ces termes : “Notre pays traverse des heures difficiles. Alors que des groupes armés continuent de faire parler les armes et d’endeuiller nos populations, certains – à Bamako pour l’essentiel – ont choisi de se préoccuper non pas de l’intérêt supérieur de la Nation, des préoccupations partagées par l’ensemble de nos populations, mais plutôt de satisfaire des ambitions et des intérêts personnels. Au lieu d’alimenter le débat public par des propositions constructives, une critique de l’action gouvernementale étayée par des faits établis et indiscutables, au lieu de chercher à renforcer l’union des Maliennes et des Maliens durement éprouvés par les exactions terroristes et par la crise sanitaire liée à l’apparition de la COVID-19, c’est à une avalanche de discours simplistes, de slogans populistes, d’accusations infondées que nous assistons. Dans cette ambiance délétère, certains ont fait de ma modeste personne un fonds de commerce politique, d’autres un déversoir de leurs ambitions inassouvies.
Rien ne m’aura été épargné. En décidant d’entrer dans la vie publique, je savais que mon action serait scrutée, analysée, commentée.
Mais je n’imaginais pas que l’injure, la calomnie, le mensonge seraient à ce point convoqués pour dénaturer et dissimuler mon action au service des Maliennes et des Maliens. Certes, j’ai commis des erreurs. Qui n’en commet pas ? Mais qui, mieux que les électeurs de la circonscription électorale de la Commune II du district de Bamako, qui m’ont donné mandat de les représenter à l’Assemblée nationale en 2013, sont les mieux placés pour juger mon action publique ? Qui, mieux que les électeurs de ma circonscription électorale peuvent juger mon bilan de député ? En 2020, ce juge de paix a tranché : les électeurs m’ont renouvelé leur confiance à travers un nouveau mandat pour les représenter à l’Assemblée nationale”, a-t-il dit.
Pour continuer : “Pourtant, comme s’il existait un délit de patronyme, certains continuent à concentrer leurs attaques sur moi. Je ne suis pas dupe, l’objectif final de ce matraquage se trouve ailleurs. Pour ma part, je mets le Mali au-dessus de tout. Aucun sacrifice n’est trop grand pour le Mali. Je ne souhaite plus être un argument pour des personnes en mal de programme, ni être un frein au dialogue entre Maliens pour aboutir à un apaisement de la situation sociopolitique de notre pays. C’est pourquoi, j’ai décidé, en toute responsabilité, de me retirer à compter de ce jour de la Présidence de la Commission Défense nationale, Sécurité et Protection civile de l’Assemblée nationale. En tant que simple député, démocrate convaincu et républicain déterminé, je continuerai de consacrer mon énergie au service des électrices et des électeurs de la Commune II de Bamako, et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des Maliennes et des Maliens”.
Karim KEITA invite-t-il d’autres frères à emboiter ses pas dont Moussa TIMBINE, si ce geste peut sauver le pouvoir de leur “Papa Commun”.
Pourtant, Karim KEITA et Moussa TIMBINE sont tous deux l’objet de contestations qui menacent même le régime d’IBK. En suivant l’exemple de Karim KEITA, M. TIMBINE ne mettrait-il pas fin à ces remous qui brinquebale le pouvoir. La démission de Moussa TIMBINE pourra fortement détendre la crise. Le président IBK a déjà résolu le blocage côté Cour constitutionnelle. Alors, Moussa TIMBINE doit s’armer de courage et rendre le tablier pour l’intérêt du Mali. Ainsi il rejoindrait son frère Karim qui a déclaré qu’aucun sacrifice n’est trop grand pour le Mali. Il est clair qu’avec du sacrifice, ces deux hommes pourront sauver IBK et son pouvoir. Moussa TIMBINE est-il assez courageux pour arriver à une telle résolution ? Va-t-il accepter prendre sur soi d’autres morts ? Wait and see!
Boubacar DIARRA
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