Depuis près de trois semaines, le Mali est confronté à une série de manifestations populaires ayant abouti à une crise sociopolitique qui met à mal le régime en place. Le Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA semble vraiment esseulé dans la gestion de cette crise. Signalons que ces mouvements de contestation ont plutôt été initiés par un regroupement politico-religieux composé de la CMAS, du FSD et de l’EMK, devenu aujourd’hui ‘’M5-RFP’’ (Mouvement du 5 juin pour le Rassemblement des Forces Patriotiques).
Actuellement sous nos cieux, ce mouvement contestataire défraie tellement la chronique qu’on a finalement l’impression que la majorité présidentielle est pratiquement inexistante. Elle s’est murée dans un silence incompréhensible face à la levée de boucliers contre le Président IBK. Face à cette attitude, que l’on peut qualifier de ‘’grande torpeur’’, moult observateurs et autres analystes politiques s’accordent à se faire l’idée que le Président de la République n’est certainement pas en odeur de sainteté auprès de ceux-là mêmes qui doivent le défendre. En effet à y mieux voir, on concéderait volontiers que cette assertion a bien sa part de crédibilité dans la mesure où il n’est un secret pour personne que, de tout temps, les proches collaborateurs du Président IBK n’en finissent jamais de se plaindre de l’attitude de mépris dont ils sont régulièrement victimes de sa part. L’orgueil aidant, ceux-ci ne semblent plus très motivés à se débattre pour défendre la cause de leur mentor qui a toujours fait preuve de défiance à leur endroit. Quoi qu’il en soit, vu l’adversité à laquelle est confronté le Président de la République en ce moment-ci, du fait de la persistance des mouvements de contestation, la majorité présidentielle s’accommode alors de faire bon cœur contre mauvaise fortune, en acceptant de sortir de sa torpeur et de tenter de jouer sa partition pour une issue favorable à la crise.
C’est ainsi que le mardi 23 juin 2020, des représentants de la majorité présidentielle ont rencontré les leaders du M5-RFP, le mouvement contestataire qui réclame la démission du Président IBK. Il faut dire que c’est là une première depuis le début de la crise, il y a bientôt trois semaines. Bien qu’à ce stade, aucune proposition concrète ne soit encore sur la table, il conviendrait tout de même de reconnaitre que l’idée a eu au moins le mérite d’instaurer un cadre de dialogue entre les potentiels protagonistes de cette crise. Quoique la rencontre n’ait duré qu’un peu plus d’une heure, elle a mobilisé de nombreux leaders politiques du pays, tant de la majorité présidentielle que duM5-RFP. Du côté de la majorité présidentielle, tous les ténors ont fait le déplacement, soit une trentaine. Il faut aussi dire que cette rencontre s’est déroulée en l’absence de l’imam DICKO, qui avait déjà rencontré les membres de la majorité présidentielle le dimanche 21 juin 2020. De certaines sources ayant pris part à la rencontre, les débats ont été francs et empreints de respect mutuel. A vrai dire, la satisfaction qu’il faut tirer de cette première rencontre, quoiqu’aucun schéma de sortie de crise n’y ait été proposé, est qu’au moins un canal de discussion et d’échange a été ouvert. Et il faut espérer qu’il soit utilisé à bon escient.
Au sortir de la rencontre, les deux parties ont promis de se revoir sous peu de temps, mais aucune date n’en a été arrêtée. Nous savons qu’à l’issue de la mission qu’elle a effectuée à Bamako les 18 et 19 juin 2020, la délégation de la CEDEAO avait préconisé :
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La formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale ;
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Une probable dissolution de l’Assemblée nationale ou alors l’organisation d’élections législatives partielles là où il y a eu un contentieux postélectoral.
Doit-on espérer que ces préconisations de la CEDEAO seront prises en compte par les différents protagonistes de la crise et qu’elles constitueront des sujets de débat pour la prochaine rencontre entre la majorité présidentielle et leM5-RFP ? Cela est fort possible mais attendons pour voir.
El Hadj Mamadou GABA
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