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PRÉTENDUES EXACTIONS CONTRE LES CIVILS: LES ODDH DEVRAIENT FAIRE PREUVE DE PLUS DE DISCERNEMENT

Il est vraiment regrettable de constater que, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les forces de défense et de sécurité des pays qui se partagent la zone du Liptako Gourma n’en finissent pas d’être mises sur la sellette avec de récurrentes accusations d’exactions contre les civils. Mais malgré ces accusations répétées, la France, qui est pourtant la locomotive de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, a peut-être voulu faire preuve de prudence en observant un silence total face à la situation. Mais récemment, elle aussi a semblé s’inscrire résolument dans la logique des Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) et autres associations communautaires en menaçant les pays du Sahel quant aux accusations d’exactions portées contre leurs forces nationales. En effet, le 18 juin 2020, la Ministre française des Armées, Florence Parly, insistait devant les sénateurs de la commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées, sur la nécessité pour les pays sahéliens de faire respecter les droits humains dans leurs pays respectifs, après les accusations d’exactions portées contre leurs armées nationales.

« Je crois en tout cas que les responsables politiques des pays sahéliens sont parfaitement conscients de l’enjeu. Ils mesurent pleinement la distance qui se creuse chaque fois que des exactions sont commises entre les populations et puis les autorités du pays. Or précisément, tout l’enjeu de cette relance qui a eu lieu au sommet de Pau, c’est de recréer de la confiance. Et nous ne pourrons pas gagner les cœurs collectivement si des exactions telles que celles que l’on peut constater depuis plusieurs mois maintenant se développent et se perpétuent. Puis il y a aussi je crois, une claire conscience que le soutien international dont nous parlons et qui ne se dément pas pourrait à l’inverse être remis en cause si ce non-respect du droit international humanitaire devait se développer » avait déclaré Florence Parly devant les sénateurs français. Il faut dire que cette sortie de la Ministre française des Armées se situait juste au lendemain de la publication d’un rapport d’Amnesty International qui épingle, sans concession, les armées nationales du Mali, du Niger et du Burkina Faso. N’est-ce pas là une façon dénudée de toute ambiguïté de la part de la France de prendre fait et cause pour les ODDH sans pour autant que ces dernières ne puissent apporter des preuves irréfutables de réelles exactions perpétrées contre les civils par les forces armées incriminées ?

En tout cas des interrogations se posent et des éclaircissements doivent être apportés par les uns et par les autres.

C’est justement pour répondre à ce souci d’apporter des éclaircissements que des officiers de l’armée malienne ont animé une conférence de presse, le vendredi 26 juin 2020, à la Direction de l’Information et des Relations Publiques de l’Armée (DIRPA). A la lumière de leurs explications, les conférenciers ont donné de forts détails sur les opérations menées par les FAMA ces temps-ci et aussi sur les missions d’enquête envoyées sur le terrain après que des accusations aient été portées contre l’armée malienne. La conclusion desdites enquêtes révèle que« pour le moment, les missions n’ont pas révélé d’exactions, même si des manquements de consignes militaires ont été notés dans le secteur 5 ».

C’est à juste titre que le Colonel Major Diaran KONE, directeur de la DIRPA, a appelé l’opinion nationale et internationale à faire beaucoup attention aux actes de perfidies en zone de guerre. Cette remarque du Colonel Major est d’autant pertinente quand on sait que dans la zone du Lipako Gourma, épicentre des prétendues exactions contre les civils, on retrouve essentiellement trois principaux groupes protagonistes qui sont : les Forces Armées Nationales ; les milices d’autodéfense et les groupes djihadistes qui, en fait, sont des bandits de grand chemin. Ces derniers, traqués par les deux premiers, excellent dans la pratique d’une guerre asymétrique qui leur permet de se fondre facilement dans les populations locales au sein desquelles ils bénéficient de larges complicités. S’il est vrai que face à une telle stratégie des groupes djihadistes, les forces loyalistes déployées sur le terrain sont souvent amenées à faire des amalgames, il n’en demeure pas moins vrai aussi que les milices d’autodéfense constituées d’autochtones, quant à elles, savent parfaitement séparer le bon grain de l’ivraie.

A chaque fois que l’occasion leur est offerte, les milices d’autodéfense ne s’accommodent nullement de recourir à la légalité qui en appelle au respect du droit international humanitaire.

D’ailleurs elles ne savent pas ce que c’est que le droit de l’homme. Pour elles les bandits de grand chemin doivent être éliminés sans autre forme de procès, mais avec une discrétion totale. Ce sont tous ces faits que les ODDH n’hésitent pas à imputer aux forces nationales de défense sans pour autant disposer de preuves irréfutables.

En vérité, les représentants des ODDH et autres associations communautaires sont à mille et une lieues du théâtre des prétendues exactions et de ce fait, elles ne se basent que sur des supputations pour argumenter leurs rapports et autres déclarations sans pour autant mener des enquêtes impartiales et approfondies. Dans un tel cas de figure il siérait alors que les ODDH fassent preuve de plus de discernement. D’aucuns parmi les défenseurs des droits de l’homme estiment que c’est surtout au sortir du sommet entre le G5-Sahel et la France, tenu à Pau en janvier dernier, que les armées nationales des pays du Sahel ont commencé à subir une pression politique de la part de leurs dirigeants. De ce fait, les armées en question ont été mues par une propension à vouloir, coûte que coûte, prouver des résultats dans leur mission de lutte contre le terrorisme. Toute chose qui les a entrainées vers un relâchement de leur méthode opératoire, notamment en ce qui concerne le respect du droit humain et du droit international humanitaire, avec pour corollaire des exactions contre les civils. A vrai dire cet argumentaire ne convainc personne, même les plus crédules.                                                                                                                               

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-06-29T18:42:54+02:00juin 29th, 2020|ACTUALITE, SÉCURITÉ, SOCIÉTÉ|0 Comments

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