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PRÉVENTIONS CONTRE LE COVID-19 : LE DESENGORGEMENT DES PRISONS EST AUSSI UNE MESURE QUI S’IMPOSE

Il est de notoriété publique que depuis plusieurs décennies, le système pénitentiaire au Mali est confronté à de nombreuses difficultés et au nombre desquelles la surpopulation carcérale qui constitue, au demeurant, une violation des droits des personnes se trouvant dans les liens de la justice. Il faut dire que cette surpopulation carcérale s’explique par plusieurs facteurs, à telle enseigne qu’elle constitue de nos jours une préoccupation majeure pour nos autorités en charge de la justice en général et de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée en particulier. Bien sûr que les dysfonctionnements du système de détention, avec à la clé des violations récurrentes des droits des détenus, ont fait et continuent de faire l’objet de critiques régulières de la part des défenseurs des droits de l’homme, car ils ternissent l’image et la crédibilité de notre système judiciaire malgré les nombreux efforts du gouvernement et de ses partenaires.

Mais les spécialistes et autres observateurs avertis de l’administration pénitentiaire sont unanimes à reconnaitre que cette surpopulation carcérale tient surtout du fait que, dans nos prisons et autres centres de privation de liberté, il y a beaucoup plus de détenus en attente de jugement, autrement dit des prévenus, que ceux jugés. Ces observations sont d’ailleurs corroborées par le Ministre de la justice et Garde des Sceaux lorsqu’il indiquait, le 25 mai 2019, à l’issue d’une visite à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) de Bamako, que le Mali comptait 6.800 détenus dont seulement 350 avaient été jugés et condamnés.

Ce qui représentait seulement 5,14% de cette population carcérale, à l’époque concernée. Toute chose qui conduit inévitablement à accentuer, outre mesure, la densité de cette population carcérale. Nous savons que ces derniers temps-ci, c’est l’épidémie de coronavirus (CVID-19) qui sévit à travers le monde avec pour corollaire des contaminations à grande échelle. C’est justement pour prémunir les populations contre cette pandémie que le Conseil Supérieur de la Défense Nationale (CSDN) s’est réuni en session extraordinaire, le mardi 17 mars 2020 et a rendu public, à cet effet, un communiqué imposant des mesures restrictives importantes qui sont d’ailleurs entrées en vigueur depuis le jeudi 19 mars 2020.

Il est fait mention dans ledit communiqué de : « 1)- la suspension jusqu’à nouvel ordre, des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargos ; 2)- la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles (maternelles, primaires, secondaires et supérieures) y compris les medersas et ce, pendant trois (3) semaines; 3)- la suspension jusqu’à nouvel ordre,  de tous les regroupements publics y compris les ateliers, les colloques, les séminaires, les meetings populaires ; 4)- l’interdiction jusqu’à nouvel ordre, des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières. Il s’agit des mariages, des baptêmes, des funérailles ; 5)- La fermeture jusqu’à nouvel ordre des boites de nuit et bars dancings… ». Au regard du contenu de ce communiqué, on se rendrait compte que le problème de la surpopulation carcérale est superbement ignoré par le CSDN, comme si les détenus, vivant dans des conditions exécrables d’hygiène et de surpopulation, ne méritent pas d’être prémunis contre l’épidémie du COVID-19.

Face à cette espèce d’indifférence affichée par les autorités maliennes quant à l’extension au milieu carcéral, des mesures préventives contre cette pandémie, le citoyen ‘’lambda’’ reste tout simplement perplexe car, à son entendement, le désengorgement des prisons doit être sérieusement envisagé par nos autorités étant évident que c’en est aussi une mesure qui s’impose dans le cadre de la prévention contre le COVID-19.

C’est là une assertion qui mérite vraiment d’être prise en considération par les autorités maliennes, compte tenu des conditions d’hygiène lamentables dans lesquelles vivent les détenus, tant du côté des prévenus que de celui des condamnés. Signalons à titre indicatif, qu’à la date du 31 décembre 2019, la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako abritait 2.300 détenus pour une capacité de 400 places ; la maison d’arrêt de Ségou comptait 152 détenus pour une capacité de 100 places, celle de Fana hébergeait 68 détenus pour une capacité de 50 places. En tout cas, vu l’état de surpopulation dans nos prisons et autres centres de privation de liberté, on se trouverait devant une catastrophe nationale si jamais un seul cas d’infection au COVID-19 venait à être découvert, par exemple à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako qui est la plus grande prison du Mali par sa population carcérale. Bien sûr que nous touchons du bois pour cela, mais mieux vaut prévenir que guérir.

El Hadj Mamadou GABA

By |2020-04-03T06:57:29+02:00avril 3rd, 2020|A LA UNE, ACTUALITE, COVID 19|0 Comments

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